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En juin dernier, lors d’un discours prononcé à l’Elysée devant les recteurs, les inspecteurs généraux et les présidents d’université, Nicolas Sarkozy annonçait que les nouveaux concours de recrutement des professeurs des écoles seraient mis en place dès la session 2010. Le Ministère de l’Education Nationale en a présenté dernièrement la mouture.
Lors de la campagne présidentielle, le candidat Sarkozy avait prononcé à Angers un excellent discours sur l’école. Judicieusement conseillé par celui qui jouait alors le rôle d’éminence grise, Henri Guaino, Nicolas Sarkozy avait su s’adresser à l’opinion qui, en France, reste très attachée au modèle républicain. Dénonçant « l’hypocrisie du bac qu’on brade peu à peu », « l’hypocrisie des grandes écoles qui accueillent moins d’enfants d’ouvriers et d’employés aujourd’hui que dans les années 50 », « l’hypocrisie de l’école à deux vitesses », Nicolas Sarkozy avait rappelé l’école à ses fondements républicains et à sa mission qui est de transmettre à chacun le savoir qui permet d’acquérir l’esprit critique et d’exercer, comme le soulignait Robespierre, toutes ses facultés.
En avril dernier, le Conseil Européen a adopté un rapport invitant les Etats membres à dépénaliser l’avortement - si ce n’était pas encore fait - et à en garantir les conditions d’accès. S’il s’agit là d’une grande victoire pour le camp féministe, plusieurs autres évènements en France et en Europe doivent néanmoins nous amener à rester vigilants. Cet hiver, la Cour de cassation a accepté que soit inscrit dans un registre d’Etat civil un fœtus et cela quelque soit son stade de développement. Cette nouvelle offensive de l’extrême droite catholique est un premier pas vers la reconnaissance de statut juridique de « personne » à l’embryon pouvant déboucher sur une remise en cause pure et simple du droit à l’avortement. En France, la nouvelle loi contre les discriminations rend désormais possible l’enseignement non mixte à l’école. Régression de taille puisque la non mixité, facteur contribuant à la méconnaissance des sexes, ne peut avoir pour conséquence que de faire perdurer les préjugés sexistes. Le récent jugement du tribunal de Lille qui a annulé un mariage pour cause de non virginité de l’épouse traduit bien le retour à cette mentalité rétrograde. La mariée avait menti. Mais, dans une telle situation, qui ne mentirait pas pour échapper au poids des traditions patriarcales ? Le jugement de Lille est donc catastrophique à plusieurs niveaux. D’abord parce qu’un tribunal républicain, censé garantir l’égalité républicaine et donc l’égalité des sexes, a décidé que la virginité d’une femme pouvait être une « qualité essentielle » du mariage. On peut se demander quel aurait été le jugement si c’était l’homme qui n’était plus vierge. Le mariage aurait-il été annulé ? Le ridicule de la situation aidant, on n’ose le croire. Au final, le jugement de Lille ne peut qu’accentuer la pression sur les femmes musulmanes afin qu’elles restent vierges jusqu’au mariage.