Le tweet d’un ancien grand maître du Grand Orient De France supposait qu’il faudrait déboulonner le Sacré-Cœur plutôt que de le classer monument historique. Il a enflammé le net. C’est le sujet de l’épisode 4 de Laïcidade, la voix laïque et sociale.
Plusieurs articles de presses, deux questions au gouvernement à l’Assemblée Nationale et au Sénat plus tard et un tombereau d’insultes antimaçonniques, antirépublicaines et antisocialistes déversé sur l’auteur du Tweet ne nous empêchent pas de nous interroger sur la symbolique du lieu de culte. 150 après son déclenchement, la Commune est-elle encore d’une telle actualité qu’il faudrait encore lui régler son compte ? La Commune de Paris est-elle vraiment morte ?
Dans ce nouvel épisode de Laïcidade, Philippe Foussier revient sur la nature de son tweet et des réflexions qu’il a générées. Il est accompagné de Charles Arambourou de l’UFAL dont l’association fut la première à réagir à la campagne lancée par le tweet. Participe aussi à cette émission Pascal Joseph, élu du XXe arrondissement de Paris et auteur du livre « Commune de Paris, et la franc-maçonnerie ou les rendez-vous du premier-mai » ainsi que Christian Gaudray, Président de l’UFAL, qui explique que son association poursuit les combats laïques et sociaux de la Commune de Paris.
3 commentaires
En premier lieu, au delà du fait que l’on apprécie ou pas cette architecture, vous devriez quand même vérifier vos informations de nature historique sur la construction du Sacré-Coeur. Comme le rappelle le ministère de la Culture dans ses explications, la commune n’a rien à y voir contrairement à ce que beaucoup se plaisent à colporter puisque le projet est antérieur à la Commune de Paris même s’il ne s’est concrétisé qu’ensuite.
En second lieu, le monument est désormais « Inscrit au titre des monuments historiques », la question de son « Classement au titre des monuments historiques » (protection et servitudes plus importantes pour le propriétaire) peut en être le prolongement normal au regard de son intérêt pour l’art et l’histoire en application de notre code du patrimoine.
En troisième lieu, je suis profondément attristé de vous voir ainsi rejoindre les racialistes qui veulent déboulonner tout ce quoi ne colle pas avec leur idéologie et notre histoire qu’ils veulent revisiter à leur sauce.
Comment allez vous faire pour les critiquer désormais ?
Bonjour François,
Manifestement vous nous avez mal compris ou vous n’avez pas complètement écouté l’émission ni lu notre article qui est ici (qui est la position de l’UFAL) : https://www.ufal.org/laicite/laicite-communiques-de-presse/le-sacre-coeur-classe-monument-historique-une-insulte-a-lhistoire-de-france-et-aux-morts-de-la-commune/
Nous avons réagi à l’avis positif de la Ville de Paris pour un classement au titre des monuments historiques.
Nous avons, par la suite, pris prétexte de la tempête qui a entouré un tweet provocateur de Philippe Foussier pour en faire le titre interrogatif d’une émission en baladodiffusion, émission dont la conclusion n’est absolument pas le déboulonnage…
Donc non, nous n’avons pas rejoint le camp des racialistes, par contre, surtout à la veille des 150 ans de la célébration de la Commune, nous avons profité de cette décision, qui nous a effectivement heurtés, pour revenir sur cet épisode historique important dans l’Histoire politique et républicaine de notre pays.
Salutations laïques,
Bonjour Nicolas
Je vous ai très bien lu et nous avons un désaccord notamment sur la chronologie des faits. Ce n’est pas grave mais les désaccords doivent être explicités.
Le projet étant antérieur à la Commune, je ne vois pas comment on peut prétendre qu’il a été édifié pour préserver la France du « cancer » rouge dont certains affublent la Commune de Paris (ce qui n’est pas mon cas). Prétendre cela, c’est de la fantasmagorie au regard des faits et de l’histoire, comme le rappelle le ministère de la culture.
Dès lors que l’on dit cela, ce monument mérite le même traitement que les autres au regard de l’application des lois de la République et en l’espèce du code du patrimoine sauf à le déboulonner de ses droits patrimoniaux ce que je me refuse à faire.
Et c’est bien ce qui peut conduire à classer ce monument et pas seulement de le laisser simplement inscrit au titre des monuments historiques, protection inférieure au classement d’ailleurs que ne justifie pas son succès populaire en termes de fréquentation. Même si ce n’est pas un critère essentiel pour prendre une décision de classement, ce degré de fréquentation montre l’importance du monument pour Paris et dans le monde, ce qu’a bien compris sa maire actuelle.
En réalité, la seule question à laquelle on doit répondre est de savoir si l’intérêt du monument au regard de l’art et de l’histoire justifie un classement. On sait que le patrimoine du XIX longtemps peu prisé est aujourd’hui reconnu comme celui des siècles précédents.
Ce sont bien ces questions auxquelles la CRPS au niveau régional, puis au plan national la commission nationale chargée des monuments historiques ont eu et auront à répondre. Ces instances sont composées de tous les experts et spécialistes du patrimoine et de l’architecture qu’il nous faut pour répondre à une question qui n’est pas une affaire d’opinion, ni même de « like », mais une question scientifique. Refuser, au demeurant sur des motifs fantasmagoriques, qu’on examine cette question pour le Sacré -Coeur avec les mêmes critères que pour les autres monuments non ostracisés, je suis désolé, mais c’est se comporter en « déboulonneur ».
Cordialement
François Braize, Inspecteur général honoraire des affaires culturelles et ancien Directeur-adjoint de l’architecture et du patrimoine au ministère de la culture