Dans ce 8e épisode de Laïcidade, la chaîne radio de l’Ufal, Nicolas et Franck reçoivent Didier qui a fait une grève de la faim pour dénoncer le cauchemar qu’il a vécu aux urgences du Centre Hospitalier de Blois.
Didier est membre de l’Ufal, c’est un citoyen engagé qui milite à plusieurs niveaux pour l’accès aux soins pour toutes et tous. Lorsque c’est lui qui est malade et qu’il se trouve obligé d’être admis aux urgences, ce qu’il vit dépasse le pire de ses cauchemars de militant.Il nous livre un témoignage poignant des nombreuses heures (3 jours et deux nuits) passées sur un brancard avec plus d’une centaine de compagnons d’infortune. Sa révolte devant tant de manque d’humanité de la part d’une direction administrative aux ordres des politiques comptables de gestion des hôpitaux a abouti à sa grève de la faim.L’extrême bienveillance et dévouement des personnels soignant qui réalisent leurs missions dans conditions terribles n’a cependant pas permis à Didier d’être hospitalisé dans un service. II a été mis dehors des urgences et de l’hôpital.
Laïcidade lui donne la parole et Olivier Nobile de l’Ufal analyse politiquement cette mise en situation.
Un commentaire
militant dans un comité de défense des hôpitaux publics (Dole 39) je vous propose quelques observations; Jusqu’à la réforme de Xavier Bertrand les Directeurs étaient formés par l’École nationale de la santé publique (ENSP) qui est devenue l’École des hautes études en santé publique (EHESP) essentiellement axée sur le management. Un directeur exerce en fait ses fonctions par une délégation hiérarchique lui imposant de tenir compte des orientations définies par l’Agence Régionale de Santé (ARS) qui réparti régionalement les crédits selon la politique de santé définie par le gouvernement ( ONDAM et LFSS). On comprend donc que l’autonomie de la gestion des hôpitaux est une illusion. La démocratie en matière de santé est virtuelle, les diverses instances régionales ou locales n’ayant qu’un rôle consultatif; Alors qu’un hôpital a une place essentielle dans l’attractivité d’un territoire les élus (et les usagers) n’ont aucun pouvoir.
Concernant le Ségur, un rattrapage des investissements rendus impossibles par les allocations budgétaires durant des décennies est bienvenu mais concernant les ressources humaines c’est un fiasco. Le recrutement des 15000 emplois prévus est seulement en discussion et il est fort probable que les candidatures seront insuffisantes s’il n’intervient pas des mesures relatives à l’amélioration des conditions de travail pour permettre une véritable remise en place des valeurs professionnelles des soignants.
Encore un mot sur le « virage ambulatoire » pour la chirurgie. Celle-ci est évidemment favorisée car préférée par le patient qui sort de l’hôpital dans la journée et moins coûteuse en réduisant la durée d’hospitalisation. Cependant elle ne peut concerner qu’entre 60 à 70% des interventions pour les patients qui ne nécessitent pas une surveillance post-opératoire prolongée en raison d’autres pathologies (cardiaques, respiratoires;;;ou vieillissement). Étant par nature programmées les urgences chirurgicales en sont exclues.Les patients sont alors dirigés vers des structures fonctionnant H24, le plus souvent le CHU régional.
Un enfant qui se fracture un membre à l’école ou qui fait une appendicite aiguë sera transféré et se retrouvera le plus souvent éloigné de ses proches. On imagine facilement les problèmes humains que cela cause autant au patient qu’à ses proches. Cela concerne aussi les personnes âgées ou socialement défavorisée. C’est le loi « Buzin, ma santé 2022) qui continue de s’appliquer malgré la pandémie avec quelques assouplissements ponctuels;
Révélatrice de la communication technocratique, elle promeut la labellisation « hôpital de proximité » pour a peu près les 2/3 des établissements actuels qui perdront leur services de chirurgie et leur maternité: ou est la proximité?
Il devrait sussister les CHU et peut-être 1 établissement par département disposant d’un « plateau technique (réanimation, imagerie, bloc opératoire, labo) capable d’accueillir les urgences médicales et chirurgicales, d’où perte de chance pour certains où le délai d’intervention est vital. En principe les ARS restent muettes sur le coût des transferts (hélico, ambulances) et sur les défaillances de ses moyens qui n’ont pas le don d’ubiquité.
Il est évident lorsque cela est possible que le public recourra à la clinique privée locale (avec souvent dépassements) plutôt qu’au transfert impliquant un éloignement.