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Je suis un professeur d'histoire-géographie de 30 ans, enseignant dans un lycée d'Indre-et-Loire, non syndiqué et qui a fait grève pour la première fois de sa carrière cette année. Nous ne travaillons – comme vous le savez si bien maintenant chers lecteurs - " que " 18 heures par semaine devant les élèves, et ce, depuis 1950. Or ce temps fut conçu en prévoyant qu'un enseignant travaille 1,5 heure chez lui pour une heure devant les élèves afin de préparer ses cours, évaluer les élèves et actualiser ses connaissances dans sa discipline. Cela fait 18 fois 2,5 soit 45 heures hebdomadaires. Je suppose, qu'intérieurement, vous vous dites: " vous avez les vacances pour compenser ".
Sans aucune concertation préalable, sans même avoir laissé le temps aux différents UFR concernés par la préparation aux concours d’examiner cette offre de formation au point que l’immense majorité des enseignants-chercheurs en ignore jusqu’à l’existence, l’IUFM de Créteil prétend imposer aux Universités de l’Académie la création d’un « Master des métiers de l’enseignement et de l’éducation » qui ne tient aucun compte des contraintes contextuelles et politiques ni des souhaits - maintes fois exprimés par les responsables des différentes disciplines - de préserver la dimension scientifique de la formation des maîtres. Une offre de formation qui ne tient aucun compte, pour couronner le tout, des besoins et des intérêts des candidats et des étudiants.
C’est au terme de nombreuses luttes laïques et féministes menées depuis 1989 par des collectifs de personnels de l’Éducation nationale, des mouvements et des associations que fut construit un rapport de force permettant d’obtenir le vote de la loi du 15 mars 2004. Cette loi interdit « le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse ». Cette loi est devenue l’article L141-5-1 dans le Code de l’Éducation (C. E.) ; elle s’applique « dans les écoles, les collèges et les lycées publics ».
Depuis quelque temps déjà, le mot « autonomie » fait florès. On glorifiait hier l’autonomie de l’« apprenant », censé construire lui-même son propre savoir. On glorifie aujourd’hui l’autonomie dont jouissent les établissements scolaires censés définir leur « projet » et décider de leur organisation. Le remède que le gouvernement propose pour rendre l’université compétitive ? L’autonomie ! Tel est le maître-mot de la loi dite Pécresse, censée apporter aux universités une plus grande liberté en matière financière et en matière de gestion des ressources humaines.