Le Gouvernement d’Emmanuel Macron a annoncé son souhait de réformer durement notre système de retraite. La Première Ministre Élisabeth Borne a présenté les contours de cette réforme inique : le repoussement de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans et l’allongement de la durée de cotisation à 43 annuités (mesure déjà mise en œuvre par la réforme Touraine de 2014). Par ailleurs, le projet envisage d’en finir définitivement avec les régimes spéciaux qui ne couvrent pourtant que 3 % des salariés.
Le Président de la République Emmanuel Macron avait une première fois tenté de réformer en profondeur notre système de retraite. Sa réforme de 2019 visait ni plus ni moins à en finir avec les retraites du Régime général de Sécurité sociale à travers la création d’un régime universel par points. Il s’agissait dès lors de placer les travailleurs dans une incertitude généralisée en déconnectant le montant des retraites du niveau des salaires d’activité. Ce projet avait été abandonné en raison de la crise sanitaire, mais surtout, car la complexité d’une telle réforme, qui impliquait de fusionner plusieurs dizaines de régimes actuels, la rendait impossible techniquement et financièrement.
Non content de cet échec, le Président de la République entend remettre le couvert d’une réforme des retraites à la fois inique et inutile. Mais cette fois, le chef de l’exécutif renoue avec les vieilles méthodes « paramétriques » utilisées par ses prédécesseurs : allongement de la durée de cotisation et repoussement de l’âge légal. Emmanuel Macron démontre ainsi qu’il est le digne successeur de Nicolas Sarkozy qui avait proposé une réforme analogue en 2010. Rappelons que la réforme Macron est la cinquième réforme des retraites depuis 1994. Depuis cette date, notre système a déjà été réformé en 2003, en 2007, en 2010, en 2014. Toujours dans le même sens : allongement de la durée de cotisation, report de l’âge légal et diminution du montant des pensions. Le Président veut aller vite, très vite. Il s’agira de prendre les syndicats de court et d’user, si nécessaire de l’article 49-3 pour bâillonner l’opposition parlementaire. L’entourloupe qui consiste à utiliser la voie d’un projet de loi de finances rectificatif de la Sécurité sociale, qui va permettre au Gouvernement de limiter la durée des débats et de garder la possibilité d’user du 49-3 pour un autre texte législatif, est un pied de nez à la démocratie sociale et à la démocratie parlementaire.
C’est donc la sixième fois en vingt ans qu’un Gouvernement nous invite à « sauver » notre système de retraite. En réalité il n’en est rien. L’objectif de cette réforme est uniquement de réduire massivement le niveau des pensions des travailleurs les plus modestes ou ceux ayant des périodes d’activité incomplètes. D’ores et déjà, l’allongement de la durée de cotisation prévue par la loi Touraine et confirmée par la réforme Borne/Macron pénalise les travailleurs qui entrent tardivement sur le marché du travail ou qui ont une carrière incomplète, par l’application d’une double sanction : application d’une décote (pénalité de 1,25 % par trimestre manquant) et proratisation de leur pension de retraite (rapport entre le nombre de trimestres cotisés et le nombre de trimestres maximum requis).
En allongeant de deux ans l’âge légal, cette réforme va désormais pénaliser essentiellement les travailleurs qui atteignent l’âge de 62 ans ayant commencé à travailler tôt et avec une carrière complète. Commençons par dire que cette réforme va les contraindre à repousser leur départ à la retraite à un âge qui dépassera l’espérance de vie en bonne santé ! Cette réforme va également priver ces travailleurs, souvent les plus modestes, de la surcote, autrement dit une majoration de 1,25 % des pensions par trimestre de travail supplémentaire au-delà de l’âge légal actuel de 62 ans.
Certes des mécanismes sont prévus pour tenir compte des carrières longues et de la pénibilité, mais il ne s’agit ni plus ni moins que des mécanismes actuels mis en œuvre depuis 2003. En outre les conditions d’accès à ces dispositifs demeurent très restrictives et ne touchent qu’une minorité de salariés.
Ne nous leurrons pas, cette réforme ne permettra nullement aux travailleurs de travailler plus longtemps. Malgré toutes les réformes précédentes, le taux d’activité des seniors n’a guère progressé en France. En effet, le taux d’emploi des 55-64 ans se situe à 56 %. Une moyenne qui cache de profondes disparités, car ce chiffre fond drastiquement après 60 ans : il passe de 75,1 % pour les 55-59 ans à 35,5 % pour les 60-64 ans. En réalité, en repoussant de deux ans l’âge légal de départ en retraite, l’on va augmenter d’autant de la durée de chômage d’une grande partie des travailleurs âgés qui sont à la recherche d’emploi, tout en réduisant encore davantage leurs droits à retraite quand ils seront en âge d’y prétendre.
Cette réforme est-elle nécessaire ? Le Gouvernement prétend s’appuyer sur les prévisions du Conseil d’Orientation des retraites (COR). En réalité, il utilise l’un des scénarios les plus défavorables du COR. Par ailleurs, les prévisions à long terme sont à prendre avec beaucoup de prudence. La preuve, notre système présenté depuis 20 ans comme étant au bord de la faillite affiche actuellement une santé insolente ! Les régimes sont excédentaires et ils ont accumulé des réserves de trésorerie colossales.
Le besoin de financement estimé pour faire face au besoin temporaire des régimes de retraite est extrêmement limité, contrairement aux propos catastrophistes. Il s’agit de trouver 8 à 10 milliards d’euros de recettes supplémentaires par an sur un total de 350 milliards d’euros ; ce qui représente moins de 3 % des sommes en jeu. Présenté autrement, cela équivaut à trouver 30 euros par mois par salarié pour équilibrer notre système de retraite. Est-ce un effort impossible ? Est-ce que cela justifie de nous ramener 40 ans en arrière ?
Rappelons que les exonérations de cotisations patronales dépassent les 70 milliards d’euros par an. En réalité davantage si l’on ajoute les exemptions de cotisations sociales sur les régimes de prévoyance d’entreprise, d’épargne salariale et… d’épargne retraite d’entreprise ! Ces exonérations massives de cotisations qui touchent essentiellement les bas salaires, sous prétexte d’améliorer la compétitivité des entreprises, ont pourtant un effet très faible sur l’emploi. Par ailleurs, elles encouragent les employeurs à ne pas augmenter les bas salaires. Enfin, le montant de ces baisses de cotisations sociales (autrement dit le salaire socialisé des travailleurs) est à mettre en regard des 80 milliards d’euros de dividendes qui ont été versés l’an passé par les grandes entreprises du CAC 40.
Les exonérations de cotisations patronales profitent en réalité essentiellement aux grands groupes financiarisés afin de nourrir le flux de dividendes aux actionnaires tout en privant la Sécurité sociale de ressources essentielles. Plus grave, elle reporte le financement de la Sécurité sociale sur les travailleurs eux-mêmes au travers des nombreuses taxes (CSG, fraction de TVA, etc.) qui ont été instaurées pour compenser les cadeaux massifs faits au grand Patronat et qui pèsent lourdement sur la consommation populaire. Voilà l’origine du matraquage fiscal dont se plaignent les travailleurs pauvres de notre pays.
Nous avons par conséquent largement les moyens de faire face aux besoins de financement du régime de retraite. Sans même trouver des ressources nouvelles, la seule augmentation des salaires est suffisante pour équilibrer notre système actuel. La progression des salaires donc, mais également l’égalité salariale hommes/femmes, la remise en cause des exonérations de cotisations patronales les moins efficaces, un déplafonnement intégral des cotisations retraite voire la création d’une surcotisation sociale sur les très hauts revenus suffiraient amplement à faire face aux besoins de financement de notre régime de retraite, non seulement pour maintenir notre système actuel, mais également pour renouer avec la revendication sociale que nous appelons de nos vœux : le rétablissement d’un droit à la retraite dès 60 ans avec 40 annuités.
Mais une telle avancée sociale n’est nullement souhaitée par le Gouvernement Macron. Tel un entraîneur insensé qui exigerait d’un marathonien qu’il réalise sa course sur une seule jambe, le Gouvernement exclut par principe tout effort sur les recettes. Non pas parce que c’est impossible, mais parce que sa réforme est purement idéologique. Le Gouvernement entend uniquement satisfaire aux injonctions du FMI et de la Commission européenne qui désirent développer massivement les fonds de pension afin de nourrir la sphère financière mondiale. Dans ce modèle néo-libéral qui s’impose partout en Europe, l’âge de départ à la retraite qui devient la norme est 67 ans. L’objectif est simple : inciter d’une part les travailleurs qui en ont les moyens à déverser massivement leur épargne dans des placements financiers afin de préparer une retraite qui s’annonce famélique avec les systèmes par répartition ; contraindre d’autre part les travailleurs pauvres à cumuler leur retraite de misère avec des petits boulots à un âge avancé.
Une telle perspective est absolument indigne d’un pays aussi riche que la France. Rappelons que l’abaissement à 60 ans de l’âge de départ à la retraite mise en œuvre en 1982 a été possible dans un pays qui produisait quatre fois moins de richesses qu’aujourd’hui. Plus que jamais la bataille des retraites est à relier d’urgence à la bataille pour les salaires, surtout dans un contexte d’appauvrissement généralisé de la population laborieuse du fait de l’inflation.
L’UFAL exprime son indignation face à la réforme inique des retraites que prépare le Gouvernement Macron. Notre mouvement s’associera activement au mouvement social d’opposition à ce projet inhumain et inutile. Notre système de retraite par répartition est un succès qui honore notre pays. Il est parvenu à supprimer la pauvreté des personnes âgées tout en offrant aux retraités un salaire proche du dernier salaire d’activité.
Plus que jamais la bataille des retraites est la mère des batailles sociales. Il s’agit de reprendre à notre compte les mots du père fondateur de la Sécurité sociale, Ambroise Croizat :
« La retraite doit être une nouvelle étape de la vie et non l’antichambre de la mort ».
Ambroise Croizat
11 commentaires
Une sante financière insolente et un équilibre financier dites vous ?
Et les 28 milliards de deficit annuel du régime de retraite des 3 fonctions publiques ? On les laisse sous le tapis ?
Militons pour une autre réforme mais avec des données exactes et complètes. Honnêteté intellectuelle contre discours prémaché pour militants déjà convaincus voilà la seule alternative qui est désormais la nôtre dans un monde de médias et réseaux sociaux décérébrant…
Bonsoir M. Braize. L’excédent des régimes de retraite (3,2 milliards €) n’est pas un simple slogan de militant décérébré mais les conclusions du dernier rapport du COR. Par ailleurs les réserves constituées par l’ensemble des régimes représentent quasi une année de versement des pension.
Quant aux 28 milliards d’euros invoqués, donnez-moi vos sources et nous pourrons éventuellement en débattre car mes recherches m’orientent sur le site de l’IFRAP, think tank de droite ultra-libérale, l’institut Molinari, think tank de droite tout aussi libérale, et des reprises dans Capital et l’Express, journaux bien connus pour leurs positions gauchistes. Ce n’est pas parce que des discours politiques de droite sont diffusés par des officines libérales qui drapent leur propos d’oripeaux gestionnaires que leurs propos sont moins militants que les discours de gauche.
Si vous voulez qu’on en vienne au fond de ces prétendus déficits, je n’ai rien contre mais attention c’est technique. Les 28 milliards d’euros invoqués proviennent de calculs fumeux qui consistent à appliquer le même taux de cotisations aux fonctionnaires qu’aux salariés du privé. C’est un argument totalement spécieux car cela nie que la base démographique de ces régimes est plus étroite. En réalité, il n’existe pas de régime de retraite de la Fonction publique d’Etat mais un traitement continué qui participe de manière intégrale du budget de l’Etat. Le coût des retraites donne lieu à une cotisation fictive en comptabilité nationale en rapportant les pensions versées au nombre de fonctionnaires en activité ; cette cotisation affiche en effet des taux plus élevés qui tiennent à des bases démographiques plus étroites étroites qui impliquent nécessairement des subventions d’équilibre. Mais il ne s’agit que d’un artefact comptable. Que veulent ces officines bienveillantes en pointant le déficit présumé des régimes de fonctionnaires ? Une fois encore fustiger de prétendus privilégiés oisifs pour en appeler à la réduction des impôts. Pour rappel les fonctionnaires ont vu leurs conditions de départ en retraite intégralement alignés sur les retraites du privé et leur niveau de pension est comparable en moyenne à celui des salariés du privé ayant une carrière complète. Seuls les régimes spéciaux bénéficient de conditions de départ plus favorables en particulier car les bénéficiaires ont des conditions de travail plus éprouvantes : militaires, policiers d’active, cheminots etc …. Par ailleurs, ces régimes qui ne concernent que 3% des salariés appliquent des taux de cotisation supérieurs. Ces régimes participent directement de leur statut acquis de haute lutte par les syndicats en particulier pour faire face aux déficits d’attractivité de ces métiers.
Quant au régime de la fonction publique hospitalière et territoriale (CNRACL), il présente un déficit de 1,4 milliards d’euros (sur 22,6 milliards de dépenses) presqu’essentiellement dû aux transferts de compensation inter-régimes (-1,2 mds) versés aux autres régimes aux bases démographiques étroites en vertu de la loi Royer de 1974 par souhait de solidarité inter-régimes/
Donc, prétendre que les retraites des fonctionnaires est déficitaire est erroné et relève tout autant de la propagande que notre article militant.
Merci de votre réponse qui marque notre désaccord. Le déficit des régimes de retraite des 3 FP est une réalité et ce n’est qu’en jouant sur les mots que vous vous dispensez de le prendre en compte dans une présentation comme le COR qui est incomplète. Il ne sagit que de plusieurs millions de salariés. Une paille. Quant aux officines telle L’IFRAP je n’en ai rien à faire sauf à la critiquer pour ses délires ultra libéraux dont je ne mange pas.
Éclairer nos concitoyens suppose me semble t-il une information complète et pas d’évacuer une partie de la problématique en disant « pas de deficit pas de reforme nécessaire » ce qui n’est vrai que par un oubli d’une partie des déficits des régimes de retraite…
Cordialement
Soit, mais donnez-moi vos sources ! Vous prétendez donc que le COR ne nous dit pas la vérité ?
Je viens de vous démontrer que le régime de retraites des fonctionnaires hospitaliers et territoriaux était à l’équilibre. La preuve ci-joint : CNR 2021 Rapport annuel.pdf (retraites.fr)
Il ne reste donc plus que les fonctionnaires d’Etat qui n’ont pas de régime de retraite mais une traitement continué inscrit dans le budget de l’Etat. Votre analyse s’appuie intégralement sur les comparaisons entre cotisations fictives de l’Etat employeur et le régime général qui ont été réalisées de manière spécieuse par les officines libérales que vous ne citez pas et relayées par Le Figaro, L’express et Capital. J’ai fait une très longue recherche, pas de trace d’un rapport d’experts sur le sujet à l’exception de l’étude du cabinet Molinari. Sans aucune valeur scientifique. Et encore moins la trace d’un déficit d’un prétendu régime de retraite des fonctionnaires, et pour cause, il n’y a pas de régime de fonctionnaires d’Etat !
Il ne s’agit pas d’un déficit mais d’un calcul hypothétique orienté idéologiquement en appliquant des taux de cotisations identiques (calqués sur les taux du régime général) aux fonctionnaires. Or, les périmètres démographiques, les assiettes et les périmètres des pensions ne sont pas identiques rendant très compliqué voire impossible ce type de comparaisons. Il faut faire de multiples et complexes corrections, précaution que n’ont pas prises les auteurs de l’étude Molinari. C’est pourtant l’argument spécieux de la presse libérale que vous mentionnez sans la citer. Macron a d’ailleurs essayé de faire une réforme en ce sens, consistant à appliquer le même taux de cotisations à tous les régimes en le nivelant par le bas. C’est précisément ce qui l’a incité à retirer sa réforme (et non la crise sanitaire) car tous les experts lui indiquaient qu’un tel dispositif était une folie et entraînerait un besoin de financement colossal. Sauf à réduire par deux la retraite des policiers, pompiers, militaires par exemple, populations qui risquent leur peau au quotidien rappelons-le…
Si vous voulez approfondir, je vous renvoie à cette note explicative du COR assez ancienne mais éclairante. Microsoft Word – tx cotisations COR.doc (cor-retraites.fr).
Comme vous pourrez le voir page 8, si l’on enlève les charges de compensation qui ne sont pas des pensions mais de la solidarité inter-régime, les taux de cotisations fictives sont totalement identiques entre salariés et CNRACL (Fonction publique territoriale et hospitalière), légèrement supérieurs pour la FP Etat fonctionnaires civils et très supérieurs pour les fonctionnaires militaires. Si l’on exclut les militaires de cette comparaison (vous comprendrez aisément pourquoi, vu la dangerosité de leur métier) le différentiel des cotisations fictives des fonctionnaires est de 11 points, ramené à 9 points si l’on ajoute l’incidence des cotisations chômage et du FSV (financement du minimum vieillesse) sur les cotisations du secteur privé. Par ailleurs, il existe au sein des civils des corps d’active (policiers…) qui bénéficient de règles de départ favorables également en raison de la dangerosité de leur métier et qui expliquent une autre fraction de ce différentiel.
Un autre rapport plus récent nous en apprend davantage : Doc_02_spécificités_règles.pdf (cor-retraites.fr)
Avec cette conclusion limpide :
» Pour pouvoir comparer les régimes selon des concepts homogènes, il faut, a minima, rapporter les cotisations à des assiettes standardisées. Pour aller plus loin, un moyen de comparer les régimes consiste à retenir un même périmètre de dépenses (en corrigeant notamment des situations démographiques) et à estimer des taux de prélèvement d’équilibre – c’est-à-dire les taux de cotisation qui permettraient de financer l’intégralité des dépenses en l’absence d’autres ressources – sur la base d’assiettes similaires (c’est-à-dire prenant en compte notamment les primes dans la fonction publique et les dispositifs d’épargne salariale dans le secteur privé) .
L’indicateur synthétique est un taux de prélèvement sur la masse des revenus d’activité « super bruts », qui permet de couvrir un périmètre de dépenses homogène entre les ensembles de régimes auxquels ces populations sont affiliées.
Après ces différentes corrections, il subsiste des écarts d’effort contributif entre régimes mais les écarts de taux de prélèvement entre salariés qui relèvent du secteur privé ou du secteur public sont minimes. Ainsi, alors que les taux légaux affichés sont bien supérieurs pour les fonctionnaires de l’État à ceux des salariés du privé, le taux de prélèvement d’équilibre est légèrement inférieur pour les fonctionnaires de l’État à celui des salariés du privé.
Les écarts qui subsistent entre régimes avec cet indicateur ne permettent ainsi pas de conclure qu’ils seraient le reflet d’une plus ou moins grande « générosité » des prestations entre régimes. Ils résultent principalement des différences de règles d’attribution et de valorisation des droits à retraite et surtout des disparités des populations assurées«
En résumé les comparaisons de cotisations fictives ne démontrent nullement un avantage ou un privilège des fonctionnaires. Et encore moins un déficit d’un régime de retraite qui n’existe pas ! Et quand bien même, cela justifierait-il de sanctionner durement tous les travailleurs du pays en leur imposant un départ à la retraite au-delà de l’espérance de vie en bonne santé ?
J’en finirai avec mon argumentation technique pour vous demander si le report de l’âge de la retraite va régler le problème que vous posez. Non, il va surtout pénaliser les salariés du privé qui arrivent à 62 ans en leur sucrant sur leur surcote potentielle. Quant à l’allongement de la durée de cotisation, il va se traduire par une double sanction pour les salariés ayant des carrières incomplètes. Voilà le fond de l’affaire : attaquer frontalement l’un des droits sociaux les plus chèrement acquis par les travailleurs. Bien plus que les prétendus déficits des régimes de fonctionnaire !
Définitivement, cette réforme est injuste, inhumaine et inutile. Pas besoin d’inventer de prétendus déficits pour la justifier.
Je ne dis pas que le COR ment je dis qu’il laisse cette question de côté comme vous le faites aussi. Peut être avez vous raison… Vos arguments ne sont pas convainquants en tout cas pour moi car que vous le vouliez ou non le cout budgetaire annuel pour l’Etat est bien réel entre retraites servies et cotisations rentrées sur une année et si l’on transforme meme par simple simulation en régime de retraite le dispositif actuel dont bénéficient les fonctionnaires (auquel j’émarge d’ailleurs) le régime en cause sera déficitaire à une hauteur que en effet certains a droite ont évalué et très peu à gauche. Pourtant en responsabilité gauche et droite ont à prendre en charge toutes les conséquences des différentiels de recettes et de charges budgétaires et dans tous les domaines. Les millions ne se fabriquent pas ils se comptent et au plus juste ceux qui sont mis ici ne pouvant pas être mis là.
J’en resterai là au constat de ce desaccord et vous remercie du temps pris à tenter de me convaincre. Cela éclaire les termes du débat sur un de ses aspects peu (pour ne pas dire jamais) évoqué. Et à tort pour votre serviteur.
Cordialement
Ps : cela n’a aucune importance ni aucun interet pour le débat je suis opposé à cette réforme purement paramétrique et il est agaçant de lire que je la soutiendrai….
Vous n’avez pas publié ma réponse ce qui me surprend mais sans doute est ce pour ne pas importuner vos lecteurs soumis à de longs développements surtout lorsqu’ils passent à côté de l’essentiel. Donc pour ne pas laisser croire que vous bénéficier d’un dernier mot factice je vous livre qq derniers arguments que je publierai sur mon propre blog ou je ne censure pas le débat.
Ainsi, vous même relevez cet essentiel dans un éclair de lucidité lorsque vous écrivez que transformer ce qui s’applique aux fonctionnaires en régime de retraite déclencherait un colossal besoin de financement….Je ne l’aurai pas mieux dit même si ni vous ni moi sommes des ultra libéraux…
Alors si vous me demandez mes sources je pourrai desormais vous mentionner sans problème.
Plus sérieusement comment nier un déficit structurel pour les fonctionnaires de l’Etat après à avoir admis ce besoin de financement colossal ?
Une seule réponse tout glisser sous le tapis en disant pas de régime de retraite des fonctionnaires et donc pas de deficit… Bien commode le budget général decaisse! Pire qu’un deficit un droit de tirage « no limit »…
Comment pourrai-je etre encore dupe d’un tel tour de passe passe ?
Bonsoir, il me semble que votre réponse a été publiée. En tout cas, aucune action de ma part n’a été faite en ce sens et d’ailleurs je n’en ai pas les moyens techniques. Pour ma part, je la vois bien dans le fil de discussion du site. Mais il faut cliquer sur l’icône « personnage » pour qu’elle apparaisse. Vous pouvez me citer à votre guise si cela vous chante pour expliquer que les fonctionnaires sont des nababs qui coûtent cher à la collectivité. Cela dit, effectivement la réforme Macron de 2019 aurait eu pour effet de ruiner le système de retraite en appliquant un taux nivelé par le bas aux fonctionnaires sans tenir compte du fait que cette réforme consistait à leur appliquer un système par points et que leur assiette de cotisation n’est pas la même (de nombreuses primes qu’ils perçoivent n’ouvrent pas droit à retraite). Ces différences de taux n’ont aucun sens comme l’explique le COR qui a travaillé sur le sujet. Je vous encourage à lire attentivement les sources que je vous ai citées car c’est ce qu’il y a de plus sérieux sur le sujet. Mais cela demande un effort.
Que voulez-vous conclure ? Que les fonctionnaires sont trop nombreux, qu’ils sont des fainéants et qu’ils touchent des retraites inutiles ? Ils ont exactement les mêmes droits à retraite que le reste de la population salariée, sauf certaines catégories très restreintes d’active qui risquent leur peau. Que voulez-vous de plus ? Le faire payer le fait d’être des fonctionnaires ?
Oui, la retraite a un coût mais elle n’a pas de prix. C’est le prix de la dignité humaine. A moins que vous considériez qu’il serait préférable de consacrer ces sommes à nourrir des fonds de pension. Parce que c’est exactement le sens de cette réforme.
Promis je vous laisserai le dernier mot et je m’arrêterai là.
Belle discussion dont je vous remercie encore et restons en là. Ce fut un plaisir par ces temps de médiocrité si ce n’est de disette intellectuelle, de débattre avec vous. Même si nous ne sommes pas d’accord sur certains points n’en tirez pas la conclusion que je soutiens la réforme ou que je souhaite avec les libéraux essorer les fonctionnaires. Il n’en est rien. Je souhaite juste la transparence des allocations et redistribution nos concotoyens le méritent et ce n’est pas parce qu’on connaît un coût qu’on le supprime.
Merci encore
Pour compléter mon propos, je communique aux lecteurs de cette discussion ces données officielles de l’AGIC/ARCO sur le nombre de cotisants et de retraités pour tous les régimes de retraite en France.
A moins que l’AGIC/ARCO ou votre serviteur se trompe, c’est donc édifiant quant à la mise en danger de notre système par répartition puisque l’on s’aperçoit par une simple addition que nous avons tous régimes confondus à peu près 28 millions de cotisants (28568000 exactement) pour 25 millions de retraités (25272000 exactement), soit un ratio global cotisants/retraités de 1,13 tous régimes confondus… bien loin déjà du ratio de 1,7 mis souvent en avant dans les médias.
Le document source Agic Arco n’apparaît pas dans mon message précédent alors que je l’y avais incorporé. Je le tiens à disposition et vais l’adresser à l’Ufal par Mel.
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