L’UFAL avait déjà réagi à l’hallucinant communiqué du Conseil « scientifique » prônant « l’accompagnement spirituel » parmi ses préconisations de lutte contre l’épidémie de COVID 19. Eh bien, cette administration de « clériquine », bourde obscurantiste 1 indigne d’un organisme scientifique, a bien été prise au sérieux par les Pouvoirs publics. Décidément, la proximité d’Emmanuel Macron avec « les » cultes (en fait, l’Église catholique) sera toujours une source inépuisable d’atteintes à la laïcité, fussent-elles fondées sur de pures sottises. Ainsi, un communiqué du 9 avril du ministère de l’intérieur annonce –sans rire- la mise en place d’un « dispositif d’écoute et de soutien spirituel » par les institutions de la République « laïque ».
Ceux qui « éprouvent le besoin » d’être mis en relation avec « une personne à même d’assurer un soutien spirituel » le seront désormais par deux intermédiaires officiels : le numéro vert gouvernemental d’information sur l’épidémie ; les équipes des établissements de santé et des professionnels médicaux. Lesquels sont tenus de les brancher sur les numéros de contact ouverts par « les principaux cultes » (gare aux erreurs lors du dispatching !). Le tout, évidemment, aux frais du public. Il serait insupportable que les demandes « spirituelles » viennent surcharger des organismes dont la mission essentielle est d’assurer le soin des corps, et le cas échéant du psychisme. Certes, le nombre de pratiquants religieux en France est faible : 9%, tous cultes confondus, déclaraient une « forte religiosité » en 2015, 35% une religiosité « modérée » (Enquête de l’INED « Trajectoires et origines ») –chiffres en baisse régulière. On peut supposer que les demandeurs de « clériquine » se recruteront plutôt dans les 9%. Mais l’effort public à eux seuls consacré n’en est que plus choquant.
Les quelque 60% de Français incroyants ou détachés de leur religion d’origine n’éprouveraient donc, en ces temps difficiles, aucun « besoin spirituel » ? Manifestement, aux yeux de nos gouvernants, il doit s’agir d’un monopole des religions. Vous avez dit « liberté de conscience » ?
Pire, seuls sont pris en compte les adeptes des « principaux cultes » ! Soit, en pratique, un retour éhonté à la notion de « cultes reconnus » du Concordat (triste système auquel la loi de 1905 a mis fin) ! Nous aura-t-on assez répété officiellement que la laïcité c’est « la neutralité de l’Etat, qui n’avantage ni ne discrimine aucun culte »…
Entendons-nous bien. Que chaque culte s’organise lui-même pour être à l’écoute de ses adeptes n’a rien que de conforme à son libre exercice. Mais 115 ans après la loi de 1905, voici que la République viole l’article 2 de celle-ci, pour « reconnaître » et « subventionner » certains cultes !
Le péché d’oubli de la laïcité aura au moins son châtiment immanent : le ridicule des nouveaux cléricaux qui nous gouvernent. « Le jour d’après », ne manquons pas de le leur rappeler.
- Ce qui est obscurantiste, ce n’est pas forcément de croire, c’est de penser que la science aurait à émettre des opinions sur autre chose que l’étude rationnelle de notre monde matériel[↩]
2 commentaires
Proprement impensable que la bourde du CS soit devenue une politique gouvernementale… et pourtant si. Cet aspect de la personne d’E. Macron (qui en privé est son droit) mais qui imprègne désormais sa fonction et son action est à vomir de dégoût
Merci à l’UFAL de le souligner !
Pour le jour d’après franchement, désormais, le moment venu pour qui voter ?
Avec tous les voyous qui, de Mélenchon à Le Pen en passant par Faure, Jacob ou même Larcher, se sont DÉSHONORÉS en s’opposant au report du 1er tour, alors que le Président le leur proposait comme une décision d’union nationale, en le menaçant de l’accuser de coup d’Etat s’il le faisait quand même, pour aujourd’hui lui imputer la responsabilité des conséquences de ce maintien.
Avec tous les foutraques qui projettent leurs visions politiques extrémistes folles, civiles ou religieuses, sur cette situation pour s’ériger en prophète en se donnant le beau rôle de ceux qui l’avaient bien dit…
Ne reste que le désert…
Franchement, pauvres de nous !
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