Le maire de Grenoble, après avoir soutenu publiquement un collectif de militantes proches de l’islam politique prônant le port du hidjab dans le sport, souhaite faire approuver, le 16 mai prochain, un projet de modification du règlement des piscines municipales pour y permettre le port du « burkini ».

Le maire de Grenoble, inversant les principes, prétend garantir la liberté de quelques militantes communautaristes. C’est une véritable insulte pour toutes celles qui se sont battues depuis des années pour l’égalité, parfois au péril de leur vie, et à celles et ceux qui continuent de le faire.
Expression sexiste et patriarcale qui cautionne des injonctions pseudo religieuses, ce projet est contraire à la volonté d’émancipation prônée par la République. Il vise à dicter aux femmes comment se vêtir. Il entretient l’un des ressorts d’une idéologie imposée par des hommes aux femmes, et à elles seules : dissimuler leur corps, assimilé dans sa totalité à un objet sexuel. Triste similitude avec, entre autres, l’Afghanistan qui interdit aux filles la fréquentation de l’école et oblige à nouveau aujourd’hui les femmes à porter la burqa.
Les associations membres du Collectif Laïque National dénoncent et s’opposent à ce projet et resteront vigilantes à toutes dérives communautaristes. Elles rappellent que tout traitement différencié des personnes fondé sur des motifs liés au genre et à la religion constitue une discrimination, délit puni par la loi.
Fait à Paris, le 13 mai 2022

3 commentaires
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous. Il n’est nullement question de burkini, il est indiqué que tous les vêtements conçus pour la baignade sont autorisés. Perso, je suis une « vraie française blanche, pas musulmane de 60 ans, athée, libre d’esprit« , j’ai un corps que je trouve moche et que je préfère cacher aux regards des autres, ainsi j’ai acquis un maillot spécifique qui cache les parties de mon corps que je veux cacher. Dans ce cas présent de la piscine de Grenoble, je ne vois pas où est le traitement différencié des personnes fondé sur des motifs liés au genre et à la religion. Hommes et femmes peuvent porter les vêtements autorisés. Chacun à la liberté de choisir.
A mon sens, interdire à des femmes de cacher leur corps (par pudeur ou pour quelque motif que ce soit) pour aller à la piscine est pour moi pire car ces femmes n’ont ainsi même plus le droit de pratiquer cette activité physique qui est de nager dans une piscine municipale (tout le monde n’a pas les moyens d’avoir sa piscine personnelle sur sa propriété). Et si ce sont des militantes communautaristes, je respecte leur position (elle n’entrave en rien la liberté des autres usagers et usagères de la piscine). Si ce sont des victimes de l’islamisme radical, je les plains mais ne vois pas pourquoi elle n’aurait pas le droit d’aller à la piscine comme toute autre femme. Obliger ces femmes à porter des maillots non adaptés à leur souhait est totalement liberticide pour moi, et ça n’a rien à voir avec la laïcité. C’est leur ajouter une pierre dans leur fardeau et ne fait pas avancer leur émancipation. Ce n’est pas en leur ôtant une petite liberté qu’on lutte contre l’intégrisme.
Je suis à fond derrière le maire de Grenoble qui autorise la liberté à chacun et chacune de montrer ou non son corps.
Je suis surprise par ce radicalisme de l’UFAL et les autres associations signataires. Je suis pour la laïcité qui pour moi veut dire le respect de toutes les religions, la liberté de chacun·e à choisir ou pas une religion. Je viens de réadhérer et je commence à le regretter.
Eh bien, pour une fois, je ne suis pas d’accord. Je sais bien que le burkini est une provocation islamiste, mais je pense que nous ne devrions pas laisser l’islamisme, ou qui que ce soit d’autre, nous mettre en contradiction avec nos principes laïques. Une piscine, privée ou municipale, est un espace public, et l’État ou les collectivités territoriales n’ont rien à dire sur la façon dont les gens s’habillent dans l’espace public. C’est la laïcité qui le dit, cette laïcité qui n’a pas interdit le port de la soutane dans la rue. Beaucoup de gens arborent dans l’espace public des tenues qui font très clairement référence à une pratique religieuse. Faut-il traquer les kippas, les tenues très reconnaissables des juifs hassidiques, ces enfants de dix ans en chapeau et costume noir, eux aussi brimés, opprimés ? Quid des croix chrétiennes, qu’on peut voir sur de nombreuses poitrines, même à la piscine ?
Je ne suis pas heureux des restrictions vestimentaires prescrites aux femmes pour des raisons religieuses, quelle que soit la religion prescriptrice. L’injonction faites par l’islam aux femmes de se cacher est une oppression, religieuse, patriarcale, familiale. Vous savez comme moi que nombre de femmes musulmanes l’acceptent, non qu’elles soient convaincues de l’importance de se voiler, mais pour ne pas se singulariser dans leur communauté. Ce que je voudrais rappeler, c’est que leur communauté n’a pas d’existence légale, il n’y a pas de communautés en droit français. A nous de ne pas créer des communautés où il n’y en a pas, en réservant à telle ou telle religion un traitement particulier.
Bien sûr qu’on doit combattre ces restrictions vestimentaires, en parlant avec les femmes et avec les hommes, en disant de toutes les façons possibles ce que nous pensons de ces pratiques, de ce qu’elles disent du statut des femmes. Mais je pense que l’interdiction n’est pas une bonne arme dans ce combat. Elle n’est pas pertinente, parce qu’elle n’est pas laïque. Je le répète : l’État, l’État laïc, n’a rien à dire, hors le concept de décence, sur la façon dont les gens s’habillent dans l’espace public.
Bonjour,