Sobak((nom d’emprunt du blogueur)) fait partie des blogueurs bangladais que nous avons aidé grâce aux fonds récoltés lors de notre campagne de soutien lancée en février 2016. Depuis, Sobak a effectué une demande de visa humanitaire à l’ambassade suisse qui a été refusée deux fois au prétexte qu’il pouvait rester au Népal. Bien qu’il y vive aujourd’hui de manière irrégulière, pour le moment, il n’a pas d’autre plan à part celui de rentrer au Bangladesh.
FHE : Sobak, vous avez dû quitter le Bangladesh et rejoindre le Népal à cause de menaces grandissantes de la part de groupes islamistes contre vous et votre famille, menaces qui sont liées à vos écrits humanistes et laïques. Pouvez-vous nous expliquer la situation actuelle au Bangladesh ? Et la situation des non-croyants, athées et penseurs libres dans le pays ?
Sobak : J’ai commencé à recevoir des menaces de mort en 2013. Plusieurs médias soutenus par des fanatiques islamistes ont publié des dizaines d’articles me présentant comme un dangereux athée, ce qui a provoqué ces menaces et rendu ma vie très difficile. Ensuite, un groupe islamiste a publié une liste de 84 blogueurs athées à abattre. Mon nom et mes différents pseudonymes sont apparus à cinq reprises, ainsi que sur d’autres listes noires. J’ai dû changer de travail et de domicile plusieurs fois pour rester en sécurité. Au quotidien, j’ai dû suivre des règles très strictes [pour éviter les attaques]. Ces conditions de vie étaient terribles, un vrai cauchemar. La situation n’ a pas changé pour les athées mais beaucoup de blogueurs ont maintenant fuit à l’étranger.
FHE : Depuis quand vivez-vous au Népal ? Quelles sont vos conditions de vie ?
Sobak : Je vis au Népal depuis le 8 septembre 2015 avec ma femme et mes deux enfants. Nous avons passé une année très instable. Mais nos conditions de vie ne sont pas mauvaises grâce à l’aide de plusieurs organisations, notamment Forum Asia, UFAL, Protect Defenders et Frontline Defenders. Malheureusement, la situation n’est pas tenable à long terme. Notre futur est incertain et c’est très difficile de vivre dans ces conditions, sans pouvoir faire aucun projet d’avenir.
FHE : Comment voyez-vous votre futur ?
Sobak : C’est impossible à dire.
FHE : De quelle manière peut-on encore vous aider ?
Sobak: Nous avons le statut de réfugié du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés mais le gouvernement du Népal a refusé de nous accorder le statut. Nous ne pouvons donc pas renouveler nos visas, ce qui signifie que nous ne pouvons pas travailler et que mes enfants ne peuvent pas aller à l’école. Nous ne pouvons pas rester indéfiniment au Népal. Nous avons besoin d’une vie dans laquelle nous ne sentons en sécurité, loin de la peur et des menaces. Le Népal ne nous offre pas cette sécurité. Plusieurs blogueurs sont cachés ici, mais il y a aussi des terroristes islamistes car le Népal a accueilli (de manière provisoire) de nombreux bangladais.
Au Bangladesh, j’étais designer graphique. J’aimerais reprendre mon activité dans des conditions sereines et sûres, dans un autre pays. Je lance un appel à tous ceux qui souhaiteraient/pourraient nous aider à trouver un visa.