Le 2ème quotidien Breton a choisi de s’entretenir avec Bernard Teper lors de sa visite à Quimper pour une réunion publique.
Hôpitaux publics. Le discours mobilisateur de Bernard Teper
Bernard Teper, un économiste de la santé, fondateur d’Attac et militant laïque, était jeudi à Quimper, à l’invitation des défenseurs des hôpitaux de proximité et des services publics. Son discours a dynamisé les Cornouaillais. Bernard Teper, que représentez-vous ? Je suis secrétaire national de l’Union des familles laïques et coordonnateur du Collectif national contre les franchises médicales, pour l’accès aux soins et pour une sécurité sociale solidaire. Ce collectif regroupe 78 associations. Nous travaillons avec la coordination des comités de défense des hôpitaux de proximité et la convergence nationale de défense et de promotion des services publics. Tout ce mouvement prend de l’ampleur depuis environ quatre ans. Pour quelles raisons ? C’est à ce moment-là que le processus de privatisation et de marchandisation du système de santé et de remboursement des soins est apparu clairement. Ceux qui ont lancé cette politique sont les mêmes que ceux qui ont précipité la crise financière actuelle. L’enjeu est énorme vu les sommes concernées : le budget de l’État, c’est moins de 300 milliards d’euros par an, celui de la sécurité sociale toutes branches confondues plus de 400 milliards. Vous êtes quand même optimistes pour l’avenir ? Oui, car la logique à l’oeuvre depuis 25 ans va changer forcément, même si les intérêts financiers résistent le plus longtemps possible. Nous sommes dans un mouvement mondial. Aux États-Unis, dans certaines couches de la population l’espérance de vie commence à diminuer. L’élection d’Obama repose en grande partie sur les inégalités sociales et d’accès aux soins. Les changements politiques récents vers la gauche en Amérique du Sud reposent aussi sur les problèmes de santé et de sécurité sociale. En Europe, on voit par contre le processus continuer en Pologne, en Hollande. Et en France ? La question de la santé était sanctuarisée. En gros, on accepte que son voisin qui a les moyens aille en vacances aux Bahamas quand on ne peut pas y aller soi-même. Par contre, on n’accepte pas qu’il puisse se soigner si on ne peut plus le faire soi-même. Or on apprend que 14 % des Français ont renoncé à des soins pour des raisons financières. Ça ne passe pas. Il faut remettre la notion de solidarité en tête et non la rentabilité. Quel est le message de vos conférences ? Je replace le vécu finistérien dans la logique générale. Il n’y a pas un problème de l’hôpital de Carhaix ou de Concarneau, mais une politique à changer. Cela se fera, sinon nous risquons de voire augmenter les taux de mortalité, maternelle et baisser l’espérance de vie, même en France, pour certaines catégories de population. Je suis optimiste, car il n’y a pas d’autres solutions que le changement de logique.