La Ligue a réagi au communiqué de l’UFAL dénonçant la pétition parue sur son blog, pour l’abrogation de la loi réglementant le port des signes religieux par les élèves de l’enseignement public. Elle vient de publier une mise au point, qui, hélas, ne lève pas encore nos inquiétudes.
Donnons acte à la Ligue de ce qu’elle ne demande pas l’abrogation de la loi de 2004. Mais pourquoi ne se démarque-t-elle pas de la pétition, en répondant à ses arguments ? Qu’elle le veuille ou non, La Ligue sert ainsi d’emballage à une marchandise douteuse. Le concept de « site participatif laïcité de Mediapart animé par la Ligue » ne permet pas de distinguer les positions de l’association de celles de ses hôtes. Mais puisque le site est « participatif », qu’elle réponde aux pétitionnaires, s’ils soutiennent d’autres positions que les siennes. Qu’elle lève les ambiguïtés entretenues par son silence.
Cependant, notre inquiétude vient aussi de sa mise au point : sur 18 lignes consacrées à la loi de 2004, moins de 3 lui reconnaissent des mérites. Le texte abonde en reprises du discours communautariste ambiant : l’expression « nos concitoyen-es arabo-musulman-es », est particulièrement mal venue de la part de laïques. Quant à la dénonciation des « effets pervers » de la loi, elle ne diffère pas de celle de la pétition.
On reste dans la ligne des rapports au Premier ministre sur l’intégration. La Ligue, au nom de la « compréhension des faits socioculturels », nous semble échanger l’objectif d’égalité de la République laïque contre celui de « faire société dans un contexte multiculturel » : n’est-ce pas la définition même des « accommodements raisonnables » avec les religions, dont les « effets pervers » font furieusement débat aujourd’hui au Québec ?
« L’héritage de Jean Macé », c’est la laïcité de l’école, dans laquelle les religions n’ont pas leur place, sauf comme objets d’étude. « La laïcité de combat » fut celle de Jean Macé et des grands Républicains, contre tous les cléricalismes, quels que soient leurs voiles « socioculturels ». L’UFAL, pour sa part, ne rougit pas de cet héritage.