Le 17 mai dernier, Agnès Buzyn a été nommée Ministre des Solidarités et de la Santé par le Premier Ministre Édouard Philippe. Cette professeure en hématologie, ex-Présidente de la Haute Autorité de Santé, succède à Marisol Touraine à la tête du Ministère de tutelle de la Sécurité sociale et de la santé. L’UFAL adresse ses vœux de réussite à la nouvelle Ministre. Notre mouvement espère notamment qu’elle saura mettre sa compétence et son énergie au profit de l’accès aux soins pour tous, de la remise en cause des différentes générations de reste à charge qui ont provoqué un accroissement inquiétant du renoncement aux soins et qu’elle aura à cœur de rétablir le service Public Hospitalier en sortant les Hôpitaux Publics de l’impasse austéritaire dans lesquels ils sont enlisés depuis de nombreuses années. Plus encore, l’UFAL souhaite que la nouvelle Ministre entende remettre la Sécurité sociale au cœur du dispositif de prise en charge universelle et égalitaire de l’accès aux soins pour tous.
Toutefois, l’UFAL estime que la nomination de Gilles de Margerie en qualité de Directeur de cabinet de Mme la Ministre est un signal extrêmement inquiétant envoyé à tous ceux qui, comme l’UFAL, défendent le modèle social hérité du Conseil National de la Résistance. En effet, Gilles de Margerie exerçait précédemment la fonction de Directeur général adjoint du groupe Humanis, le troisième groupe paritaire du marché (assurance santé, prévoyance et retraite complémentaire). C’est la première fois qu’un haut dirigeant des assurances privées entre à de si hautes fonctions au Ministère de la santé, ce qui suscite au sein de notre mouvement de vives inquiétudes. Par cette nomination, le Président Emmanuel Macron entend bel et bien renforcer le rôle des complémentaires santé dans le système de soins et accroître leur poids dans la prise en charge des dépenses de santé. Un tel projet de santé se fera nécessairement au prix d’un accroissement considérable des tarifs des complémentaires, d’une exclusion des plus démunis et le cantonnement de la Sécurité sociale à une mission de plus en plus secondaire au sein du système de soins français.
Par ailleurs, la nomination d’un haut dirigeant de l’assurance aux plus hautes fonctions de l’État laisse planer peu de doute quant à la feuille de route de la nouvelle Ministre des Solidarités et de la santé. Elle aura en effet pour mission de transformer notre régime de retraite à Prestations définies en un régime unique par points à cotisations définies. Un tel projet, d’inspiration libérale, est un danger pour les travailleurs et les retraités ; l’UFAL affirme son opposition marquée à une telle réforme de notre régime de retraite par répartition et à l’affaiblissement de la Sécurité sociale qui participe depuis plus de 70 ans à l’amélioration des conditions de vie de tous les Français.
14 commentaires
quand on parle de complémentaires santé, ne confondons pas les assurances qui se cachent sous ce terme et les vraies mutuelles dépendant du code de la mutualité !
Vous avez raison : Humanis relève effectivement du code de la Mutualité. Ce n’est malheureusement plus une garantie du respect des valeurs du mutualisme et de léconomie sociale, auxquelles, d’ailleurs, Humanis ne fait guère référence, mais ça peut aider.
Ce qui m’étonne, en revanche, c’est que l’Ufal ne fasse pas la différence ! Comme s’il n’y avait pas déjà assez de gens pour qui le terme « mutuelle », largement usurpé par les VRP de compagnies d’assurance, était devenu le p’tit nom des complémentaires !
position totalement idéologique de l’UFAL dommage!!!
Merci pour cette remarque, qui semble incongrue lorsque je la formule à mes entourages. Les mots ne sont pas innocents… ils sont dans le rouleau compresseur de tous ceux qui ont intérêt à brouiller les pistes (comme par exemple l’utilisation du mot Europe au lieu de l’Union Européenne…. )
Position totalement idéologique ? Je ne trouve pas que ce soit dommage. Nous devrions tous avoir à coeur de protéger le système social français né du Conseil National de la Résistance et d’arrêter de collaborer avec ceux qui cherchent à le dévoyer. Merci.
Humanis est une institution de prévoyance (IP) et non une mutuelle bien qu’elle dépende du Code de la Mutualité. Il y a effectivement une différence entre l’assurance privée à but lucratif reposant sur le code des assurances, les IP, paritaires et à but non lucratif qui occupent une fonction hybride entre assurances et mutualité et les mutuelles au sens strict qui reposent dépendent du code de la mutualité. Certes il existe une une tradition militante au sein de la dernière catégorie. Toutefois, depuis 1989 et la loi Evin, la Mutualité est soumise pratiquement aux mêmes règles de provisionnement et de recours aux marchés de capitaux que l’ensemble des opérateurs complémentaires d’assurance maladie et en termes de positionnement dans le système de soins, il n’y a plus de différences entre les différents opérateurs des complémentaires santé, lesquelles rappelons-le sont TOUTES intégrées dans l’UNOCAM (Union Nationale des organismes complémentaires d’assurance maladie) depuis 2004. En d’autres termes, la Mutualité, les IP et les assureurs prospèrent tous 3 sur l’abandon par les pouvoirs publics de la socialisation de l’accès aux soins via l’assurance maladie (Sécurité sociale). Dans un système à 100% Sécurité sociale sur les soins prescrits, comme l’UFAL l’a défendu dans ses 37 propositions, les Mutuelles, tout comme les IP n’auraient aucune voix au chapitre sur la prise en charge du panier de soins (autrement dit les biens et services remboursés). De coup, précisément, la Mutualité pourrait revenir à sa tradition mutualiste et militante d’antan : la prévention et l’éducation à la santé, la mise en place centres de santé etc … là où elle a un rôle à jouer.
La réalité est que la Mutualité est entrée dans un mouvement de fusion absorption où les plus gros poissons ont mangé les petits (et généralement les plus militants) et qu’aujourd’hui l’ensemble des complémentaires santé appliquent les mêmes règles actuarielles, totalement étrangères à la logique de prise en charge universelle par l’Assurance maladie, le tout en affichant des coûts de gestions 4 à 5 fois supérieurs à ceux de la Sécurité sociale. Certes il est prévu dans le nouveau Code de la Mutualité de renforcer le rôle des élus et d’accentuer l’identité mutualiste … dans un contexte où les mutuelles doivent se distinguer dans un marché ultra-concurrentiel et dopé par l’ANI. Et même si je préfère une mutuelle militante à une IP ou à un assureur, force est de constater que le rôle des 3 opérateurs est en soi illégitime en qualité d’opérateur d’assurance maladie. N’oublions pas que si la France a un taux de prise en charge des dépenses de santé par la Sécurité sociale très moyen par rapport aux autres pays de l’OCDE, c’est en partie parce que la mutualité française, dès 1945, n’entendait pas se voir dépossédée du gâteau. Quoiqu’il en soit, ce nouveau code de la mutualité doit être promulgué par ordonnance par la nouvelle ministre. Avec pour directeur de cabinet un ancien dirigeant d’IP, il ne faut pas non plus se faire trop d’illusions.
Pour en revenir au communiqué il ne visait pas à traiter des nuances de gris entre les complémentaires santé, mais simplement à dire qu’un haut dirigeant de l’assurance privée (dépendant certes du Code la Mutualité) nommé comme directeur de cabinet de la Ministre de la Santé, ce n’est pas un signal de défense de la Sécurité sociale comme acteur essentiel et central de l’accès aux soins pour tous.
Il s’agit évidemment d’un positionnement idéologique de la part de l’UFAL mais je doute que le Président Macron agisse de son côté sans positionnement idéologique clair, notamment quand il entend substituer un régime de retraite notionnel et par points à notre système à prestations définies lié à la Sécurité sociale. Son idéologie repose sur une vision néo-libérale qui préfère le prélèvement privé et la régulation par les marchés aux prélèvements sociaux et à la cotisation sociale fondés sur le principe de Droit social des travailleurs qui est à la base de la Sécurité sociale depuis 1945.
Bien vu, c’est la novlangue dans toute sa splendeur.
A propos d’Union Européenne, je ne serais pas surprise que notre chère Commission soit derrière tout cela : le démantèlement de nos services publics ainsi que la destruction de tout ce qui rappelle de près ou de loin notre Sécu (telle que conçue en 1945 par Ambroise Croizat).
Très bon article en tout cas et les commentaires sont très instructifs aussi. Merci !
Pour récupérer notre Sécu, nous devons nous débarrasser de la tutelle des organisations supranationales telles que l’UE (entre autres) qui nous dictent comment nous devons dépenser en soins et comment soigner les gens (ou bien de ne pas les soigner, surtout s’ils sont modestes). Ces organisations supranationales sont souvent les servantes zélées d’institutions oligarchiques, qui ne servent que les intérêts privés des classes dominantes.
Pour nous en sortir, sortons de l’UE ! Mettons fin à ces politiques néolibérales et démondialisons !
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Article attristant car il suppose une assignation des individus à des intérêts liés aux postes qui ont pu être occupés au cours d’une carrière. Et commentaires affligeants pour la plupart car il ne font que traduire le sectarisme et la haine. Ce n’est pas cela l’esprit du CNR, c’est même tout le contraire ! En revanche que ce soit un credo insoumis, là il n’y a pas des doute…
J’apporterai donc en toute amitié et très volontiers une tonalité différente.
Au delà des idéologies et des paranoïas qui semblent gagner du terrain dans ce pays (sans doute à cause de l’UE et de la mondialisation aussi !), Gilles de Margerie est tout simplement un haut fonctionnaire qui après quelques années dans le secteur privé revient mettre ses compétences et talents au service de l’intérêt public en tant que directeur de cabinet d’un ministre.
Son CV public en atteste jusque par les postes occupés dans des cabinets de ministre de gauche : De 1988 à 1991, il a été conseiller technique puis directeur adjoint du cabinet de Roger Fauroux au ministère de l’Industrie puis, de 1991 à 1992, conseiller technique affaires industrielles au cabinet de Michel Rocard, Premier ministre. De 1983 à 1987, il était à l’Inspection générale des finances. Agrégé de sciences sociales, il est ancien élève de l’École normale supérieure et de l’École nationale d’administration.
Mais sans doute que tout cela ne compte pas et bienheureux les simples d’esprit !
Lorsque nous en sommes arrivés là : « Lorsqu’une société comme la notre se délite à ce point , pour faire place au chacun pour soit et , que l’on se fout pas mal de ce qu’on provoque comme faits de société = A commencer par la diminution de l’espérance de vie pour la France d’en bas != ORGANISÉE , ORCHESTRÉE …..Que des familles soient expulsée = à la rue et y crève , les mômes aussi ! Que nous enregistrons de + en + de suicides liés à l’activité professionnelle ! Que les loyers des logements dits sociaux ,sont amortis (aides de l’état , loyers perçus) en une quinzaine d’années = Les loyers , pour les logements parmi les + anciens , encaissés pendant + de cent ans ! Le maire d’une ville comme Lyon a même trouvé rigolo d’organiser une grande beuverie , publique !…. pour fêter : Le centenaire d’un groupe HLM de « sa » ville !On l’a vu sénateur :un des moins « assidu » ! Et on le voit bombardé ministre de l’intérieur = A mettre au point une loi sur la morale politique = De qui on se moque ? = De toutes celles et ceux qui ne voient rien ? = Pourquoi autant de fric cotisé par toutes et tous ……est-il « transféré » sur les comptes des couches supérieures , les cadres ? = On ne le voit pas ? On ne dit rien : On ne recherche pas de coupables ??? Que les un s’empiffrent avec ce système , assassin , sans risquer la moindre mise en cause de non respect du Liberté , Égalité , Fraternité ……..On va vers ce qui est assimilable à une société criminelle ! C’est la France de bas qu' »elles , ils » éliminent en les éloignant d’abord du gâteau , pour se le goinfrer ……Seuls , seules ! La France d’en bas ne proteste même pas ? …..Elle ne le sait pas ? ……Serais-je excessif , dans ma démonstration ??? ……= Ce serait bien de me le démontrer ? »
Démonstration ? où ça ?
Merci de me dire où la trouver dans votre déluge épistolaire car cela m’a échappé…
Mais peu importe on connaît la rengaine et on peut même y répondre sans devoir la réentendre…
Nos fonctionnaires et agents publics doivent être vraiment nuls, car avec 46% de prélèvements obligatoires et 57% de dépenses publiques on se demande où passe tout ce fric avec la situation de pays sous développé que vous nous décrivez ! ah oui les cadres, dites vous…
Ne nous sortez pas par pitié la politique de l’offre comme coupable, elle ne représente que moins de 10% des dépenses publiques.
Mais, pour trouver grâce à vos yeux, sans doute vous faudrait-il 100% de prélèvements obligatoires ou de dépenses publiques ?
Réfléchissez donc avant d’ouvrir le robinet à balivernes.
Cher François Braize,
étant le « simple d’esprit » qui a rédigé cet « article attristant », je vais malgré tout tenter de formuler une réponse avec les quelques mots de vocabulaire à ma disposition et les idées confuses qui m’animent.
Concernant Gille de Margerie, en effet il a un magnifique CV de haut fonctionnaire issu de l’ENA et affecté à l’IGF. Quand vous dites qu’il « retourne défendre l’intérêt général après quelques années passées dans le privé », sincèrement je me retiens de rire. Il est l’archétype de ces hauts fonctionnaires issus des grandes écoles républicaines de l’administration, tellement brillants qu’ils s’en vont pantoufler dès qu’ils le peuvent dans le secteur concurrentiel pour mettre leur sens de l’intérêt général chevillé au corps au profit des intérêts privés qui prospèrent sur l’appauvrissement des politiques publiques. C’est précisément l’extrême porosité entre les intérêts des grands groupes privés et le corps des dirigeants politiques, élus ou hommes de l’ombre influents comme de Margerie, qui participent à la privatisation rampante de l’action publique et contribuent au rejet des élites au sein de la population. Quand un Haut fonctionnaire décide d’entrer à Humanis, le choix est clair : tripler son salaire en contrepartie de son carnet d’adresse et exercer un lobbying actif sur les parlementaires et le gouvernement afin d’obtenir des avantages sociaux et fiscaux dans le cadre de la prévoyance d’entreprise. Une nomination au Ministère est simplement la continuité de ces parcours où la carrière prime sur les principes. En tout cas, le choix de Macron n’a été de nommer un ancien dirigeant de la Sécurité sociale et ce n’est pas non plus un hasard. A toute fins utiles, un des mes anciens collègues, ex-dirigeant de la Sécurité sociale et issus de la même école que moi vient d’être nommé Directeur général de la Mutualité française : en tête à tête, il ne laissait aucun doute sur le sens de sa nomination. Son passage aux cabinets ministériels et ses fonctions dans le Régime Général de la Sécurité sociale lui donnent un carnet d’adresse impressionnant et une compétence gestionnaire qu’il a monnayé contre une augmentation de salaire plus que conséquente. Et il sait très bien qu’il aura à défendre les intérêts de la Mutualité contre ceux de la Sécurité sociale. Voila pour l’éthique républicaine de certains dirigeants du Service Public.
Aussi, le fait que de Margerie ait mis son carnet d’adresse au profit d’un groupe paritaire extrêmement influent dans la prévoyance d’entreprise qui attaque quotidiennement la Sécurité sociale ne me semble pas être une information anecdotique quand l’on songe à la ligne politique qu’entend défendre le président élu en matière de politiques sociales. En effet, même l’Opinion, journal de droite dure assumée, s’en félicite.
Je sais bien que dans notre pays, le pedigree scolaire est un gage de compétence immanente cela dit, en démocratie, on n’élit encore pas des technocrates, fussent-ils infiniment plus intelligents que la plèbe mais on élit des représentants de la Nation pour qu’il poursuivent une politique d’intérêt général placée en théorie sous contrôle de l’Assemblée Nationale. Gille de Margerie n’est certes pas un élu de la Nation mais a été désigné sur décision arbitraire du chef de l’Etat pour qu’il s’installe à la tête d’un des cabinets ministériels les plus importants du pays. Or, les projets de loi qu’il aura à façonner dans l’opacité de son cabinet ministériel s’inscrivent purement et simplement dans la ligne politique affichée de M. Macron qui entend faire des assurances complémentaires (mutuelles, IP, et assurances) les acteurs influents de la prise en charge des soins. Et ce n’est pas un hasard si Macron entend s’attacher un haut dirigeant de la prévoyance d’entreprise qui bénéfice de milliards d’euros d’allègements fiscaux et sociaux pour déployer ses régimes de retraite complémentaires d’entreprise. La création d’un régime par points unique est clairement l’objectif et ce n’est clairement pas le régime général de la Sécurité sociale qui va en bénéficier mais les actuels groupes paritaires (Malakoff Médéric, Humanis etc …) qui sont actuellement regroupés au sein de l’AGIRC-ARRCO, elle-même tête de pont du MEDEF. Un tel projet est un danger extrême pour les salariés et les retraités, il suffit de relire un peu l’histoire des évolutions de notre régime complémentaire par points qui est l’un des lieux majeurs d’influence du MEDEF avec l’UNEDIC. Nous aurons l’occasion d’y revenir dans les prochains mois.
Revenons maintenant sur votre second commentaire qui martèle une nouvelle fois les arguments spécieux des éditorialistes paresseux acquis à la doxa néo-libérale. La France croule sous la dépense publique : 57 % du PIB, la Corée du Nord n’est pas loin ! Déjà je vous apprendrai que ce taux traduit un rapport entre un numérateur (le chiffre placé en haut de la barre) qui comprend l’ensemble de dépenses publiques et sociales et dont la dynamique suit peu ou prou l’évolution des prix et un dénominateur (le chiffre placé en dessous) qui dépend du taux de croissance de l’économie. En CM1, l’esprit simple que je suis ai appris que la stagnation ou la baisse du dénominateur se traduisait mécaniquement par l’augmentation du taux sans même que le numérateur n’augmente. C’est précisément ce qui s’est produit depuis 2008 avec la plus grave crise économique que l’on a connue depuis 1929. Or, et c’est là que ça devient subtile, les politiques d’austérité depuis 2010 se sont traduites par une baisse relative des dépenses publiques et sociales (le numérateur) qui interviennent elles-mêmes dans la composition du dénominateur : le PIB. Non seulement ses dépenses publiques et sociales sont comptabilisées en Comptabilité nationale dans le PIB (donc si elles baissent, elles dont baisser le PIB) mais la théorie keynésienne nous apprend que la baisse des dépenses publiques se traduit en outre par une contraction de la demande intérieure et donc une baisse du PIB. Même les gauchistes du FMI le disent ! Ce taux de dépenses publiques est donc une argutie prononcée par ceux qui rêvent de voir le secteur privé se substituer à la dépense publique, or cela ne s’est pas produit mais, plus grave, les politiques d’austérité aggravent la situation de l’économie marchande. Lorsque j’étais directeur d’URSSAF dans un petit département rural situé à plusieurs centaines de kilomètres derrière le périphérique, j’étais frappé d’entendre les représentants du MEDEF locaux appeler en commission de soutien à l’économie avec force et inquiétude à relancer les marchés publics dans les administrations et à lutter activement contre la concurrence déloyale des autoentrepreneurs et autres travailleurs détachés, sous peine s’asphyxie. Autant de réalités de terrain dans un département situé dans la France périphérique et que les grands esprits parisiens ne connaissent pas.
Maintenant, arrêtons-nous sur les composantes de cette fameuse dépense publique digne du communisme d’Etat. 60 % cette dépense publique est en réalité composée de dépenses sociales (de nature privée bien qu’obligatoires), des choses aussi insignifiantes et inutiles que la prise en charge de soins de santé à la ville et à l’hôpital, la retraite par répartition, les allocations familiales, l’invalidité, les accidents du travail etc … Donc si l’on enlève ces dépenses sociales, les dépenses des administrations publiques stricto sensu (en gros les salaires des fainéants de fonctionnaires pléthoriques), s’élèvent aux alentours de 27 % du PIB, soit exactement la moyenne de l’OCDE et moins que les Etats Unis ! La différence se situe donc au niveau des dépenses sociales. La France a en effet opté en 1945 pour un choix de société marqué par une socialisation de la prise en charge des besoins sociaux de la population et non le recours aux opérateurs privés d’assurance (fonds de pension, assurances etc …) comme la plupart de nos voisins européens. Ce que l’on dit moins quand on brandit ce chiffre effrayant de 57% du PIB, c’est qu’il révèle en réalité le souhait ardent du MEDEF de transférer le prélèvement social sur le prélèvement privé. Et cela ne se traduira pas par un centime de plus dans la poche des français, bien au contraire !
En effet, supprimer les remboursements de l’assurance maladie, c’est la reporter immédiatement vers les complémentaires santé, réduire la retraite par répartition du Régime Général, c’est inciter les français déverser immédiatement leur épargne dans les stratégies patrimoniales (immobilier) et assurantielles (plan d’épargne entreprise, plans de retraites par capitalisation etc…). L’enjeu est en réalité très clair : Macron souhaite mettre fin à la cotisation sociale, qui est pourtant une partie du salaire des travailleurs, pour transférer le financement de la sécurité sociale sur l’impôt via l’augmentation massive de la CSG tout en facilitant le recours aux stratégies de prévoyance individuelles ou collectives d’entreprise, ces dernières bénéficiant au demeurant d’avantages sociaux et fiscaux colossaux qui assèchent les recettes de la sécurité sociale (forfait social très inférieur aux 43% de cotisations sociales sur les autres éléments de rémunération). Cet objectif est celui du MEDEF : réduire les « charges », autrement dit le salaire, pour accroître la compétitivité et nourrir le marché juteux de la prévoyance complémentaire. C’est faire financer par les travailleurs eux-mêmes des dépenses qui relevaient auparavant du salaire et les obliger à opter via un prélèvement privé pour une assurance dirigée par le patronat … Dire comme vous le dites que la politique de l’offre ne représente rien en France est en effet exact … du point de vue de l’emploi. 40 milliards d’euros d’exonérations de cotisation sociales par an, 27 milliards de CICE, d’innombrables niches sociales notamment à destination des contrats de prévoyance d’entreprise, c’est colossal quand on pense que le chômage reste à un niveau aussi élevé. Les études économétriques démontrent que 600 000 emplois environ dépendent directement et indirectement des ces allègements de salaires. Si l’on rapporte la somme en jeu à 600 000 emplois, on peut légitimement considérer qu’il s’agit d’une gabegie insupportable. La réalité est que les grands groupes cotés en bourse ont distribué des records de dividendes et que la faiblesse des salaires sert en réalité à renforcer le pouvoir actionnarial et la captation de la croissance par le capital.
Mais, me direz-vous, si l’assurance complémentaire est plus efficace que la Sécurité sociale, à quoi bon lutter. Plus efficace vraiment ? Les coûts de gestion des opérateurs complémentaires représentent 10 milliards d’euros par an, soit le même coût que la Sécurité sociale pour des dépenses 12 fois inférieures ! Autrement dit, les coûts de gestion représentent 15 à 20 % des dépenses contre 4% pour la Sécurité sociale. Même le bolchévique Martin Hirsch en appelle à mettre fin à cette gabegie et à replacer dans le giron de l’assurance maladie la prise en charge des dépenses obligatoires de santé prises en charge par les complémentaires. Car, ces complémentaires santé (la mutualité n’échappe pas du tout à cette affirmation) sont obligées de consacrer des milliards d’euros aux dépenses de publicité et de prospection, à des frais de structures gigantesques, un système d’information beaucoup moins performant que celui de la Sécurité sociale et .. à des salaires très supérieurs notamment pour ses cadres et dirigeants à ceux qui s’appliquent à la Sécu (et je suis bien placé pour le dire) … Mais surtout l’assurance privée, c’est le règne de la règle actuarielle, c’est à dire la sélection du risque selon les caractéristiques intrinsèques des assurés, la modulation des droits et des cotisations, selon l’âge, l’état de santé, le sexe (eh oui dans les régimes notionnels de retraite, les femmes ont une retraite inférieure aux hommes car elles vivent plus longtemps)…
Bref un choix de société que l’UFAL dénonce avec force car c’est la loi du chacun pour soi, de l’accroissement des inégalités et du diktat des intérêts marchands ripolinés en libre choix des individus.
Alors, cher François Braize, vous avez le droit de défendre ce projet de société et penser que qu’Emmanuel Macron va moderniser la politique sociale de notre pays. Mais sachez que les simples d’esprit comme moi ont aussi quelques armes pour pouvoir dénoncer avec précision les ressorts de l’idéologie économique néo-libérale et je vous rapporte à mon ouvrage en vente sur le site de l’UFAL pour plus de précisions.
L’UFAL a toujours été animée par une idéologie politique qui vise à unir le combat laïque et social. L’arrivée de Macron au pouvoir a au moins le mérite d’opérer une clarification manifeste des lignes politiques et idéologiques. Et l’UFAL assume la sienne.
Je suis un peu surpris par votre emballement.
Vous avez mal lu, ou trop vite. Le commentaire sur lequel vous réagissez ne répondait vertement qu’à un certain « Ausseur Robert » qui nous a infligé un déluge acrimonieux invraisemblable. Quant aux bienheureux simples d’esprit je ne me l’appliquais qu’à moi même face aux procureurs de tous acabits qui colonisent les commentaires.
Pour votre article, je respecte le point de vue même si je ne le partage pas et dans mon premier commentaire (vous pouvez vérifier) j’apportais un complément qui me parait respectable… en prenant la précaution de dire que c’était en toute amitié.
J’ai mentionné ce complément de CV de l’intéressé car il me semblait utile de préciser que M Margerie n’était pas qu’un assureur ce qu’omettait votre papier. Cela ne vous autorise pas à me ranger dans un camp quelconque, macronien ou autre.
Je n’en accepte qu’un celui de l’honnêteté intellectuelle qui suppose d’être complet.