Dans son rapport 2015, le Collectif laïque, dont fait partie l’UFAL, recense les avancées et les blocages qui entravent l’application de la laïcité. Il reprend ses recommandations de 2014 pour son développement, au service des libertés fondamentales.
Le Collectif considère, à la différence de l’Observatoire de la Laïcité, que les atteintes à la laïcité ne doivent pas être minimisées, et que le recours à la loi, loin d’être « contreproductif », reste nécessaire dans certains cas.
Le Collectif constate qu’à la suite des attentats de janvier 2015, où le principe de laïcité est apparu comme essentiel, se développe une polémique entretenue par les défenseurs d’une communautarisation accrue de la société qui dénaturent les combats pour les libertés en les qualifiant «d’islamophobes ». Il rappelle que le laïcité assure la liberté de conscience de tous les citoyens athées, agnostiques ou religieux et ne saurait être réduite à la seule liberté religieuse ou au dialogue interreligieux.
En particulier, le Collectif exprime son inquiétude devant des dérives possibles concernant l’ingérence de l’État dans l’organisation des cultes ou la formation théologique des imams. Il ne saurait approuver « l’encouragement » au développement d’écoles privées confessionnelles, de quelque culte qu’elles relèvent.
Le Collectif enregistre avec satisfaction certaines avancées dans l’école publique (introduction de l’enseignement moral et civique, charte de la laïcité, instauration de la journée de la laïcité) et dans le domaine de la petite enfance, où une proposition de loi sur la neutralité religieuse des structures privées est en bonne voie d’adoption.
Le Collectif rappelle que diverses clarifications s’imposent dans l’application de la laïcité : à l’école (recrutement et formation des enseignants ; accompagnements de sorties scolaires) ; dans la fonction publique (respect de la neutralité) ; dans les collectivités locales (subventions versées aux cultes sous couvert d’activités culturelles) ; dans le sport, etc. Il demande que le débat soit ouvert sur les solutions à apporter aux désordres croissants causés, à l’Université comme dans certaines entreprises privées, par des comportements religieux sectaires.
Il rappelle ses demandes réitérées pour que le principe de laïcité soit appliqué sur toute l’étendue du territoire. Il regrette que les recommandations pour l’Alsace-Moselle de l’Observatoire de la laïcité se limitent au minimum symbolique, et refusent les solutions plus ambitieuses proposées par plusieurs acteurs de la laïcité et le Collectif lui-même : sortir de façon progressive et concertée du « statut local » dérogatoire des cultes.
9 commentaires
Enseignement Moral et Civique (EMC). Contrairement au Collectif laïque, je suis opposé à cet « enseignement ». En effet, l’Ecole est le lieu du savoir, elle transmet des connaissances, elle développe la culture des élèves et leur capacité à raisonner. C’est en cela qu’elle est un formidable moyen d’émancipation. Elle offre aux publics qu’elle scolarise la possibilité de se libérer de leurs préjugés, de prendre un certain recul par rapport à leurs émotions, elle leur donne les outils pour construire leur propre pensée.
L’EMC tourne le dos à cette démarche intellectuelle. Même si elle invoque « l’autonomie », « l’exercice du jugement critique », elle pose dans les faits pour principe que l’élève doit se conformer à un modèle idéologique jugé a priori indépassable et non contestable, tantôt appelé « valeurs de la République », tantôt « morale laïque », et qui bien souvent se contente rependre la doxa du moment. Elle ne permet plus à
l’adolescent de choisir le monde dans lequel il souhaite vivre mais lui enjoint au nom de son « intégration » future dans la vie professionnelle de se soumettre au monde tel qu’il est.
Prenons garde à ne pas dénaturer l’Ecole en faisant d’elle un simple instrument de dressage social, de propagande et de contrôle des populations. Si tel devait être le cas, cette école refondée qui renoncerait à instruire pour imposer une doctrine perdrait toute légitimité. Car comme l’énonçait Condorcet dans son Premier Mémoire sur l’instruction publique, « la puissance publique ne peut [;], sur aucun objet, avoir le droit de faire enseigner des opinions comme des vérités : elle ne doit imposer aucune croyance. [;] Son devoir est d’armer contre l’erreur, qui est toujours un mal public, toute la force de la vérité ; mais elle n’a pas droit de décider où réside la vérité, où se trouve l’erreur. »
J’ai 68 ans. A l’école primaire et au collège, j’ai bénéficié de cours d’instruction civique et de morale. Aucun enseignant ne m’a contraint d’accepter une quelconque « vérité ». Couplé avec les cours d’histoire, ces cours ont, au contraire, forgé mon esprit critique.
Instruction civique oui, apprendre nos institutions et leur fonctionnement, c’est une transmission des faits, basé sur des textes. Par contre à notre époque où même l’enseignement de l’histoire et certains domaines scientifiques posent problème, la morale est trop subjective et n’a rien de scientifique. Même les valeurs universelles des lumières ne manquent pas de poser problème et pourtant ce sont nos valeurs de base contestées même au sein du parti de droite « de gouvernement ».
Que je sache, la morale a toujours été subjective. Même l’école laïque à ses débuts a été accusée d’être à la solde de la bourgeoisie, comme on disait à l’époque. Si l’histoire et les sciences « posent problème » comme vous dites, c’est à cause de groupes de pression de fondamentalistes religieux, d’obédiences diverses d’ailleurs. La seule réplique possible est de combattre l’obscurantisme des créationnistes et des négationnistes.
Je reste d’accord avec Condorcet dans son Premier
Mémoire sur l’instruction publique, « la puissance
publique ne peut [;], sur aucun objet, avoir le droit de
faire enseigner des opinions comme des vérités : elle ne
doit imposer aucune croyance. [;] Son devoir est
d’armer contre l’erreur, qui est toujours un mal public,
toute la force de la vérité ; mais elle n’a pas droit de
décider où réside la vérité, où se trouve l’erreur. »
Donc pas d’enseignement d’une « morale », mais une fable de La Fontaine et un débat qui suit vaut toutes les leçons de « morale ».
J’ai 70 ans j’ai eu droit à l’étude de morale laïque tous les matins de ma scolarité en primaire et j’ai forgé mon esprit critique.
Ce n’était pas de la « morale laïque » comme prévu par la réforme (qui fait plus penser à une nouvelle religion), mais des petits textes sur lesquels nous échangions avec l’instituteur. Cette histoire de « morale laïque » entre les mains d’un gouvernement disons « totalitaire » pour ne pas utiliser un autre qualitatif serait extrêmement dangereuse. Le but étant de prêcher la bonne pensée et non de développer l’esprit critique voir frondeur.
Je suis d’accord pour qu’il n’y ait pas d’enseignement « Moral » à l’école .
Par contre un enseignement civique orienté vers les valeurs républicaines est indispensable en vue de reconquérir les « Territoires perdus de la République ….!!!
Bien sûr une Instruction civique digne de ce nom, c’est à dire le fonctionnement de notre République. L’étude de ses texte fondateurs (déclaration de droit de l’Homme, préambule de la constitution de 1946, constitution de 1958, etc..). Quel gamin sait ce qu’est un canton (et quelles sont les communes de son canton ?), une sous préfecture, etc …Il y a 50 ans en entrant en 6ème, nous savions tous ces choses et bien plus.