Édito de l’UFAL Info n°67 :

Un an après la folie criminelle et aveugle d’un réseau d’extrémistes islamistes et alors que nous nous apprêtons à commémorer le deuxième anniversaire des massacres de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, comment en est-on arrivé à donner une place centrale dans le débat aux identitaires de tous bords qui combattent la laïcité, en s’opposant sur leur vision de la société mais en se retrouvant pour mettre en accusation la laïcité (les « journées de retrait de l’école » sont un exemple de congruence et de convergence des mouvements identitaires) ?

Privilégier le commun et faire société en mettant au centre ce qui nous rassemble plutôt qu’en mettant l’accent sur ce qui nous différencie, que ces différences soient exacerbées ou fantasmées, était une nécessité évidente. Pourtant, jamais le relativisme et le différentialisme n’ont eu autant d’écho. Il faut donc se poser la question de savoir pourquoi.

Depuis plusieurs années, nous avons caractérisé les dérives et les attaques qui menacent la laïcité : le communautarisme qui la combat frontalement et les deux dérives qui l’instrumentalisent, la laïcité adjectivée (faite de renoncements et d’accommodements) et l’ultra-laïcisme (un racisme anti-arabe qui ne dit pas son nom).

Tout principe d’organisation sociale et politique a ses adversaires, et nous combattons les adversaires de la laïcité dans le cadre du débat politique. Mais croyons-nous pour autant que leurs discours seraient si pertinents qu’ils menaceraient à eux seuls ce principe fondamental, véritable clef de voûte des trois arcs d’ogive de l’édifice républicain que sont la liberté, l’égalité et la fraternité ?

Est-ce que les négligences, les renoncements et les accommodements de la part de ceux qui sont en responsabilité ne sont pas les faits les plus graves ? Au lieu de travailler à une clarification par l’affirmation des principes et leur application sans faille, la confusion qui résulte des errances coupables d’une oligarchie plus préoccupée par l’affaiblissement du mouvement social que par la cohésion sociale, nourrit sans conteste le terreau qui fertilise des idéologies qui sans cela se cantonneraient à des cercles restreints d’activistes.

La laïcité est le fruit d’un long combat de femmes et d’hommes de conviction contre les cléricalismes et les communautarismes pour permettre l’émancipation individuelle et la construction collective d’un commun au travers d’une citoyenneté républicaine. Nous ne devons pas nous cantonner à combattre nos adversaires, mais nous avons le devoir de déconstruire leurs discours mortifères et leurs ressorts : c’est notre mission sociale d’éducation populaire auprès des victimes de l’insécurité sociale et culturelle qui se détournent de la République.

Les discours qui visent à nier les problèmes ne sont plus tenables. Les clivages qui se font jour s’ajoutent à ceux qui traditionnellement concernent les questions économiques et sociales. Ils ne doivent pas s’y substituer, mais ils doivent être salutaires pour reconstruire une gauche républicaine laïque et sociale : républicains vs communautaristes, défenseurs de la laïcité vs partisans des accommodements, humanisme vs différentialisme.

Voilà pourquoi nous reprenons la plume du combat intellectuel avec ce numéro consacré aux dimensions politiques et juridiques de la laïcité, tandis que le prochain numéro sera consacré à la bataille culturelle qu’il faut mener pour créer les conditions d’une défragmentation sociale.

Voilà aussi pourquoi nous allons cette année encore nous mobiliser partout où nous sommes implantés dans le cadre de la Semaine de la laïcité début décembre pour agir concrètement pour défendre et promouvoir la laïcité auprès de tous ceux que nous pourrons toucher, particulièrement les jeunes publics.

UFAL Info n°67

Président de l'Ufal nationale, vice-Président de l'UDAF de Gironde.

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