Produire et consommer français était, depuis la désindustrialisation massive qui a suivie l’application en France du consensus de Washington, un serpent de mer. La stupéfaction produite par le dévoilement de l’atonie de notre système productif pendant la première vague de la pandémie sonne-t-elle la mobilisation générale ?

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Il serait donc pertinent de reconstruire une production Made In France. Les citoyens et les familles sont prêts à y privilégier leur consommation.

Oui mais pas à n’importe quelles conditions.

Olivier Nobile décortique l’impératif de la relocalisation des usines en explorant les atouts qu’elle représenterait tout en identifiant les cohérences qu’il faut bâtir. En effet, pas de Made In France possible sans système bancaire ou cadre institutionnel maîtrisés comme les relations sociales dans le travail doivent être remises à l’endroit.

Alain Defremont nous éclaire sur les spécificités du cinéma français qui au-delà d’une industrie est une particularité porteuse d’une culture forte vectrice d’indépendances et de résistances à l’hégémonie du modèle américain.

Charles Arambourou combat les discours qui voudraient enfermer le principe de laïcité en France . Il démontre que la laïcité Made In France est certes une marque de fabrique française mais bien un principe universel !

Vincent Lemaitre fait la démonstration de l’impérieuse nécessité de bâtir une économie globale et locale du Made In France pour répondre aux enjeux écologiques.

Emmanuel Aze explique comment la relance de la production de fruits et légumes en France pourrait être réalisée.

Maitre Sarah Kerrich-Bernard déplore la prévalence de lois extérieures sur notre droit interne qui a considérablement affaiblie la capacité du peuple à rester maître des décisions de justice. Elle considère que le peuple doit retrouver son entière maitrise pour que notre pays ne sombre pas vers un régime crypto-justicier, dirigé par un pouvoir exécutif fort avec une justice privée aux ordres étrangers.

Mutuale, la mutuelle familiale s’impose comme la mutuelle du Made In France, pourquoi et comment ?

Philippe Foussier nous présente le dernier livre de Charles Coutel « Pour une République laïque et sociale » pour ressourcer la cause républicaine à l’aune des grands penseurs des Lumières.

Enfin Patrick Gaudray analyse les enjeux éthiques de la crise sanitaire. Les épidémies interrogent la notion de rapport humain, la notion de proximité, la notion de solidarité. Selon ce généticien, dès lors qu’on parle de santé publique, on doit sortir d’un individualisme que certains confondent avec la liberté.

Ufal INFO 84 vous présente aussi les nombreuses actions du dernier trimestre des ufal locales. Vous pouvez aussi y lire le manifeste de la nouvelle revue de l’UFAL, Cause républicaine.

Édito de Nicolas Pomiès, rédacteur en chef

Le made in France comme étape

C’est un vieux serpent de mer. En 1980, le made in France était le slogan de la campagne du communiste Georges Marchais. Il écrivait alors que « […] du fait de nos assujettissements à l’étranger, toute relance du marché intérieur tend à provoquer un afflux d’importation de biens de consommation et surtout de biens d’équipement. Il faut donc renforcer les capacités de production dans les secteurs où nous sommes les plus vulnérables pour pouvoir diminuer les importations. Quant aux besoins dans le bâtiment et les travaux publics, la pénurie de logements sociaux, d’équipements collectifs et d’infrastructures de toute nature dit assez que la production française est bien loin du compte. » Et l’auteur de poursuivre : « Il faut donc prendre en compte l’ensemble des demandes qui résultent du redressement de productions trop dépendantes de l’étranger et de productions inférieures au niveau des besoins du pays : c’est la base principale d’une politique industrielle dynamique et authentiquement nationale. » Depuis, on sait que les politiques néolibérales menées par tous les gouvernements corsetés par les traités européens ont abouti à une désindustrialisation massive de la France. En 2011, l’ancien ministre Philippe Herzog ex-conseiller de Georges Marchais, pouvait ironiser que dans la France de 1984 avec l’accueil des premiers centres de loisirs les Schtroumpfs ont remplacé l’industrie. En effet, la France est bien le pays de l’Union européenne qui s’est le plus désindustrialisé depuis les années 1970. Aujourd’hui l’industrie pèse un quart du produit intérieur brut européen, 21 % en Allemagne, 20 % en Italie, moins de 13 % en France.

Selon le Centre d’Étude et de Prospective d’Informations Internationales (CEPII) dans « l’étonnante atonie des exportations françaises (janvier 2019) » contrairement au sempiternel discours du MEDEF ce ne sont ni les salaires, ni les impôts, qui expliquent la déroute industrielle française mais de multiples facteurs politiques et sociétaux, et surtout le poids des multinationales dans l’économie française.

Si les délocalisations ont bien permis de maintenir des emplois dans les services, la logistique et le tertiaire, les bénéfices net pour notre pays se mesurent aujourd’hui clairement de manière négative. Perte de savoir-faire techniques et technologiques, désertifications de territoires entiers et créations de métropoles, attaque de notre sécurité sociale, impacts écologiques significatifs dus aux transports des marchandises et à la bétonisation des sols pour construire des entrepôts avec pour conséquence un désenchantement total et une déliaison sociale. À la fracture entre classes sociales s’est ajoutée un fossé entre la France périphérique et les métropoles. La France sans industrie, celle des plans de sauvegarde de l’emploi qui n’en sauvegarde aucun, c’est la Nation éclatée dans laquelle chacun est tenté de se recroqueviller sur son individualité et sa communauté ou de fuir s’il en a les moyens.

L’ancien ministre Yves Jego à la tête de l’association Pro France qui a créé la Certification Origine France Garantie se démène pour relancer l’industrie et les services du made in France. Il le conçoit comme un projet commun aux Français car « consommer un produit ou un service français c’est un projet de société qui donne du sens à la consommation et nous protège des excès de la mondialisation. »

Une étude de l’INSEE 2018 est venue indiquer que :

  • 93 % des Français estiment qu’acheter un produit fabriqué en France est une manière de soutenir les entreprises françaises ;
  • 91 % des Français estiment qu’acheter un produit français est une manière de participer au maintien de l’emploi en France mais aussi de préserver les savoir-faire français ;
  • 86 % des Français estiment qu’acheter un produit fabriqué en France est la garantie d’avoir un produit élaboré selon des normes sociales respectueuses des salariés.

Le made in France est donc en partie une affaire de conscience qui permet aux consommateurs d’être actifs et de peser pour s’attaquer aux filières de la distribution, contester leurs rentes, réclamer un juste rapport entre la qualité et le prix tout en protégeant notre modèle social et notre environnement. C’est aussi une manière de démontrer à l’oligarchie que nous refusons de céder au mirage de l’abondance de produits de mauvaise qualité dont ils inondent les marchés et de redevenir maîtres de notre consommation.

Le made in France ne pourrait-il pas aussi représenter une voie possible vers la socialisation des moyens de productions et d’échanges comme l’illustre l’exemplarité de la relance de la production de thés par la coopérative ouvrière SCOP-TI ?

Produire et consommer français avec en tête la raison sociale, l’égalité et l’écologie permettrait à notre modèle républicain et nos principes issus des Lumières de reprendre force et vigueur à un moment dans lequel il serait si utile à l’Europe et à l’humanité. Le made in France est une nouvelle compréhension de la fraternité pour la coopération contre la compétition néolibérale et représente ici et maintenant une étape vers un socialisme républicain, solidaire, associatif et mutualiste. Les familles laïques, à n’en pas douter, emprunteront ce chemin.

Nicolas Pomiès

rédacteur en chef

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