Le contenu du rapport commandé par le Premier ministre pour « refonder » (c’est à la mode, et cela fait tout craindre !) la « politique d’intégration » va exactement à l’encontre de tous les principes de la République. L’universalisme républicain y est d’ailleurs explicitement remis en cause, dans la droite ligne du CRAN ou des Indigènes de la République, officines qui prônent le communautarisme et rejettent la laïcité. Les propositions d’autoriser le port du voile à l’école ou par les accompagnatrices scolaires ne sont que l’aspect provocateur (immédiatement exploité par la droite) d’une attaque frontale contre l’obligation de neutralité religieuse à l’école et dans la sphère publique, c’est-à-dire contre le principe de laïcité lui-même.
Entretenant constamment la confusion entre inégalités sociales et discriminations, les 5 volets du rapport proposent en réalité d’abandonner le modèle de la République « indivisible, laïque, démocratique et sociale » au profit d’une construction multiculturelle de type anglo-saxon, où non seulement les religions seraient reconnues, mais tous les différentialismes ethniques, culturels, raciaux, érigés en système. Or, si le combat contre les inégalités est un devoir permanent pour les Républicains, en revanche, la « lutte contre les discriminations » que l’on essaye de lui substituer ne vise pas l’égalité : l’entrée à Sciences Po des meilleurs élèves des lycées de banlieue n’a pas fait avancer d’un pouce l’égalité d’accès aux études dans les zones de relégation sociale, elle a simplement introduit de la diversité d’origine géographique parmi l’élite dominante.
L’UFAL dénonce ces attaques contre la République, seul cadre possible du « vivre ensemble » grâce à la laïcité. Ce n’est qu’en acceptant de mettre de côté leurs « diversités » d’appartenances et d’identités (plurielles chez un même individu) que les hommes et les femmes peuvent « faire société » en devenant des citoyens libres et égaux : c’est au prix de cette mise en commun par la construction politique, et à ce prix seulement, qu’ils peuvent « vivre leurs différences » dans la concorde civile. À cet égard, un assouplissement des conditions de naturalisation, qui n’interdit pas leur solennisation, reste souhaitable. Mais en aucun cas « l’immigration », quasi-sacralisée par le rapport, ne permet de définir l’identité de la Nation française, dont, au contraire, la laïcité reste un des traits dominants pour une majorité des citoyens et des familles.
La proximité des auteurs du rapport avec la fondation socialiste Terra Nova doit-elle être rapprochée des propos récents du Premier ministre annonçant pour la Bretagne un statut similaire à la Corse ? L’UFAL s’inquiète de ces dérives d’une partie de la gauche, qui, en désintégrant la République, font le lit de l’extrême-droite.