C’est en tout cas ce à quoi l’invite un des candidats au poste de Premier Secrétaire : Luc CARVOUNAS, sénateur du Val-de-Marne, dans une interview à Libération du 9 janvier 2018 (encadré ci-dessous). Trouvant habile de dire tout haut ce que bien des élus pensent tout bas, cet ancien maire d’Alfortville veut se débarrasser de la loi de 1905.

Résumons : Luc Carvounas, comme l’a fait la municipalité d’Alfortville (dont les contribuables seront heureux de l’apprendre), veut que les communes financent les lieux de culte, et propose pour cela une « Agence nationale de la laïcité » (sic). Laquelle – on ne rit pas ! –, après avoir réparti les fonds destinés aux cultes, « pourrait sanctionner les manquements à la laïcité ». Ubuesque ! Or quel plus grave « manquement à la laïcité » que le financement d’un lieu de culte par la République ? Même le Conseil d’Etat le rappelle régulièrement((Avec, il est vrai, des assouplissements de plus en plus larges…))…

Et si le maire est « le premier guichet républicain », il est encore interdit aux cultes, Monsieur le Sénateur, de passer à la caisse ! Le législateur Carvounas ignore-t-il que, selon la loi de 1905 (art. 2) : « La République (…) ne subventionne aucun culte » ? Non, puisqu’il ose dire qu’elle « oblige » les communes à « faire des contorsions pas possibles en séparant le cultuel du culturel ». Ahurissant : la loi impose « des contorsions » aux élus qui veulent la violer ! Parmi celles-ci, les « budgets mixtes » : pour financer une mosquée ou une cathédrale, on prend prétexte d’une cafétéria « interculturelle », ou d’un « musée d’art sacré ».

Le programme de Luc Carvounas pour le PS, c’est donc de revenir, puisque « on est en 2018 », sur la loi de 1905 ! Osons espérer que le PS saura boucher ses oreilles aux sirènes du cléricalisme…

Extrait de l’interview de Luc Carvounas par Libération, du 9 janvier 2018

Q. Sur la laïcité, êtes-vous sur la ligne de votre ancien mentor [Manuel Valls] ?

R. Tout le monde n’arrête pas de dire «la loi de 1905, toute la loi de 1905, rien que la loi de 1905». Sauf qu’on est en 2018 et que parce que j’ai été maire, je sais que cela nous oblige à faire des contorsions pas possibles pour financer des lieux de culte, en séparant culturel et cultuel. Je demande la création d’une Agence nationale de la laïcité, distribuant des fonds aux municipalités pour créer des lieux de culte. Elle aurait un pouvoir de contrôle de l’action des maires et pourrait sanctionner les manquements à la loi de 1905. On peut avoir tous les projets du monde, si le premier guichet républicain – le maire – déraille, c’est tout le collectif qui déraille.

Militant laïque, professeur, puis haut-fonctionnaire, Charles Arambourou est actuellement magistrat financier honoraire. Il suit les questions de laïcité au bureau national de l’UFAL.

3 commentaires

  1. J’ai été adhérent au PS dans une fédération suffisamment longtemps pour savoir que la laïcité était un sujet qui était évité et dérangeait.. Quant au niveau national les secrétaires à la  laïcité était inaudibles. Au PS parle beaucoup de laïcité mais les connaissances approfondies des principe fondamentaux  sont pour le moins très superficiels .

  2. Incroyable ce que ce parti socialiste en peau de blaireau est capable de proposer au choix en bon idiot utile des islamistes ou en bon démagogue pour s’attirer les suffrages musulmans des nouveaux damnés de la terre… On croyait avoir tout vu et bien non…Tout ce dont ils ont fait preuve au pouvoir national ou local en contournant la loi, là explose dans l’opposition avec cette proposition de quasi retour au concordat napoléonien…Qui fait le lit du FN sinon cette partie de la gauche irresponsable ?

  3. Je suis tout à fait d’accord  avec M. Vivet et M. François Braize ! Et, sans vouloir revenir sur leurs propos, globalement je vais résumer les choses à ma façon, très succinctement : la plupart des commentaires au sujet de la laïcité "tournent autour du pot" – sauf évidemment ceux de C. Kintzler, et peut-être de quelques rares autres. Les notions d’espace privé, d’espace public, sont souvent ambiguës, imprécises, on ne sait pas trop ce que l’intervenant veut signifier… Et lorsque quelqu’un essaie de trouver des arguments qui tentent de limiter la portée de la laïcité, même si peu que ce soit, les propos de ce quelqu’un peuvent être démolis sur-le-champ…Ma perplexité la plus importante : POURQUOI la laïcité suscite-t-elle tant de freins, tant de fuite, on pourrait dire : tant de frayeur ??? (ou bien je me trompe)

Exit mobile version