Ce mercredi 3 septembre, « l’Institut Européen des Sciences Humaines » (IESH) de Château-Chinon, dans la Nièvre, a été dissous en Conseil des Ministres. Fondé en 1990 par l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF, renommée par calcul politique « Musulmans de France » en 2017, émanation française de la confrérie des Frères musulmans), l’IESH était l’un de ses deux instituts de formation de cadres religieux, imams et aumôniers (pénitentiaires, hospitaliers et militaires) Depuis 1991, plusieurs milliers d’étudiants ont été formés par cette structure qui inculque la vision fondamentaliste de la mouvance « frériste », et ses objectifs politiques : faute de restaurer le califat, établir son contrôle sur les musulmans de France pour peser sur les institutions de la République (la « charia de minorité » théorisée par feu Al Qaradawi).
Or ce rôle nocif de l’IESH est connu depuis au moins 2019, grâce au livre « Qatar Papers » de C. Chesnot et G. Malbrunot. Une émission de télévision de 2020 avait d’ailleurs relevé le contenu problématique de la bibliothèque de l’institut. Cela n’a pas empêché certains élus locaux de la Nièvre de manifester plus que de la complaisance à son égard (il est vrai qu’il faisait venir localement une clientèle économiquement bienvenue).
Pourquoi, dès lors, les Pouvoirs publics ont-ils attendu 6 ans pour se préoccuper de l’Institut frériste ? Certes en termes vigoureux : selon le décret de dissolution du 3 septembre, l’association « assure la promotion d’une idéologie qui légitime les agissements violents à l’encontre des personnes, provoque à la discrimination, à la haine et à la violence à l’égard des non-musulmans, des femmes, des homosexuels et légitime la guerre sainte ».
Cette fermeté dans les propos (dont le juge administratif, probablement saisi, dira si elle est fondée en droit) s’inscrit dans le cadre d’une volonté de « lutte contre l’islamisme » affichée par l’actuel ministre de l’Intérieur, M. Retailleau, à la suite de son prédécesseur, M. Darmanin — issu de la même mouvance politique. C’est ainsi que plusieurs mesures administratives (gels des avoirs, dissolutions) ont été prises à l’encontre de structures et acteurs considérés comme islamistes.
Cependant, fermer (tardivement) une structure ne suffit pas si, dans le même temps, des relais de doctrines incompatibles avec la laïcité et l’universalisme républicain continuent de bénéficier d’une reconnaissance institutionnelle. C’est ainsi que le ministère de l’Intérieur, sur les bons conseils du très complaisant Bureau Central des cultes (BCC), intègre toujours dans ses dispositifs de dialogue avec l’État des personnalités originaires ou en lien avec la mouvance frériste : tel est le cas du FORIF, forum de l’islam de France, institution néo-concordataire chapeautée par le ministère de l’Intérieur.
Pour que la dissolution de l’IESH, après plus de trente ans d’activité, puisse être saluée comme une étape dans la lutte de la République contre la diffusion d’idéologies contraires à l’égalité et aux libertés fondamentales, encore faudrait-il que le ministère de l’Intérieur ne pratique pas un double jeu, en menant en même temps à bas bruit l’opération FORIF.
Pour l’UFAL, aucune complaisance n’est possible face à l’islam politique. Seule la défense sur tous les tableaux de la laïcité et de l’égalité émancipatrice permettra de préserver l’unité républicaine.