À Trappes, plusieurs élus, dont le maire de la ville Ali Rabeh, ont distribué des tracts dans l’enceinte du lycée où enseigne Didier Lemaire, professeur de philosophie objet de menaces pour avoir dénoncé l’emprise islamiste dans la commune.

Ce tract, signé Ali Rabeh, assigne les élèves à leur qualité de « banlieusards » et suggère, en se posant en exemple, que leur salut viendrait de la musique rap, et non pas de l’instruction émancipatrice.

Cette intervention revêt un caractère manifeste de propagande politique, puisqu’une semaine auparavant, le tribunal administratif de Versailles avait annulé l’élection municipale de 2020 à Trappes — le maire ayant fait appel, avec effet suspensif.

Les enseignants du lycée ont dénoncé « l’utilisation d’un lieu d’éducation à des fins politiques » et apporté leur soutien à leur collègue Didier Lemaire.

Le ministre de l’Éducation nationale « condamne fermement cette intrusion dans un établissement scolaire et apporte son complet soutien à la communauté éducative choquée par cet acte ».

Pourtant, il y a moins de deux ans, Jean-Michel Blanquer apposait sa signature au bas d’une loi qui introduisait dans le Code de l’éducation l’article suivant :

L’État protège la liberté de conscience des élèves.

Les comportements constitutifs de pressions sur les croyances des élèves ou de tentatives d’endoctrinement de ceux-ci sont interdits dans les écoles publiques et les établissements publics locaux d’enseignement, à leurs abords immédiats et pendant toute activité liée à l’enseignement.

La méconnaissance de cette interdiction est punie de l’amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe.

« Les écoles doivent rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas » écrivait, il y a 84 ans, le ministre Jean Zay, dans une circulaire interdisant toute propagande politique dans les établissements scolaires. Nous attendions de son successeur en 2021, quatre mois après l’assassinat de Samuel Paty, plus qu’une simple condamnation.

L’Ufal rappelle que, pas plus que le prosélytisme religieux, la propagande politique n’a sa place dans les murs de l’école. Comme nous l’avons toujours soutenu, l’instruction suppose un lieu à l’abri des bruits du monde et dans lequel les savoirs peuvent être déployés en vertu de leurs principes, selon un ordre rationnel1

L’Ufal demande donc que l’actuel Maire de Trappes et ceux qui l’accompagnaient répondent de leurs actes.

  1. in « Comment défendre l’école publique aujourd’hui ? » de Marie Perret []

L'Union des FAmilles Laïques est un mouvement familial qui défend la laïcité, une vision progressiste et non familialiste de la famille, la protection sociale et les services publics, le féminisme, l'école républicaine, le droit au logement et l'écologie

7 commentaires

  1. Bonjour.Il semblerait que le maire ait été reçu et accompagné par le proviseur du lycée. Si cela est vrai, il n’y aurait donc pas « intrusion ».Il aurait également été intéressant que l’UFAL donne le contenu de ce tract.Cordialement.

  2. Merci, à nouveau, à l’UFAL de bien différencier le rôle de l’Ecole de celui du Forum même s’il vient à se prétendre « républicain »…

  3. Francois Braize

    D’où tirez vous que le maire ait été reçu et accompagné ? Il aurait été intéressant de nous le dire en même temps que de le répercuter. Cordialement

  4. C’est l’inverse. Le proviseur a déclaré avoir essayé de négocier avec le maire pour qu’il ne distribue pas de tracts à l’intérieur de l’établissement.
    Et les professeurs ont essayé de l’en empêcher.

  5. La liberté de conscience rendue possible par la loi de 1905, face aux tentatives d’emprise des églises, à l’époque essentiellement l’église catholique, est la valeur à mettre en avant quand on parle de laïcité.
    Or, ici, y compris dans les panneaux affichés lors de l’escape game sur la laïcité, on ne trouve qu’un argumentaire sur le  »vivre ensemble ».
    Ce sont deux choses différentes.
    La laïcité est la liberté individuelle, y compris celle d’exercer un culte, sous condition du respect de la loi républicaine.

    Le vivre ensemble est indépendant de la laïcité. C’est un choix politique qui est certes louable et nécessaire, à condition qu’il ne se noie pas dans un communautarisme affirmé, ce qui semble être le cas des argumentaires avancés dans ces affiches.
    Le  »vivre ensemble » ne doit en rien interférer avec le caractère émancipateur de la laïcité, qui est la liberté de conscience assurée par la République à chaque citoyen.
    Génération’s et son argumentaire ne font pas cette distinction.
    Et celà permet aux communautés de continuer leur emprise sur les jeunes cerveaux.
    Non, tout n’est pas égal à tout.
    La valeur républicaine essentielle est la liberté de conscience. D’où découle la liberté individuelle de pratiquer un culte, dans le respect de la loi.
    La construction du citoyen est de permettre l’émancipation de chacun des emprises diverses liées à des communautés, fussent-elles religieuses.

    Pas la liberté des religions. Et pas la liberté de communautés diverses à soumettre leurs ressortissants, sans avoir à respecter les lois de la République, au nom de ce  »vivre ensemblisme » bien pensant.

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