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Au sommaire de ces 76 pages :

  • Hôpital : de quels maux le coronavirus est-il le symptôme ?, par Olivier Nobile
  • Sécurité sociale : le plan caché, par Nicolas Pomiès
  • L’hôpital public victime du crétinisme budgétaire, par Charles Arambourou
  • CAF, crise et conséquences, par Eric Prost
  • Les leçons du siècle des Lumières, par Charles Coutel
  • L’intérêt général au cœur de l’universalisme républicain, par Loïc Guitar
  • Développement des Ufal locales : entretien avec Emmanuelle Billier-Gauthier
  • L’histoire méconnue du scoutisme laïque, par Ourson

Et un encart central : contribution de l’Ufal au monde d’après


Edito de Nicolas Pomiès, rédacteur en chef

Savoir profiter d’une apocalypse

L’apocalypse est entrée dans l’imaginaire collectif comme un temps de destruction d’un monde. Cela fait suite à un évangile écrit entre 60 et 91 avant notre ère par un certain Jean de Patmos qui décrivait la fin de la civilisation de son époque mais aussi l’avènement d’une nouvelle ère prenant en compte les erreurs et réalités du passé. Jean de Patmos utilisait un langage symbolique pour dévoiler aux yeux de tous les réalités de la pax romana qui sous une apparence de relative stabilité était une paix d’un empire qui avait déjà entamé son déclin. La pandémie de Covid-19 est notre apocalypse qui a révélé au grand jour les faiblesses de notre pax europea. La gestion de la crise et ses conséquences ont montré à quel niveau de dépérissement se situait l’État d’aujourd’hui. Nous avons assisté à une véritable gabegie illustrant la vacuité du gouvernement et de sa haute administration. Rien d’étonnant lorsque le mensonge est érigé en droit moral.
Guy Debord nous avait prévenu que dans la société du spectacle, le monde (est) réellement renversé, le vrai est un moment du faux. N’était-ce pas la secrétaire d’État, porte-parole du gouvernement, qui avait déclaré dès le début du quinquennat qu’elle assumait parfaitement de mentir pour protéger le président ? Elle démontra son art à satiété ! Ses circonvolutions et ridicules pantomimes illustrèrent à quel niveau de condescendance l’exécutif méprisait les Français. Que penser aussi des déclarations contradictoires de la ministre de la Santé Buzin qui changea trois fois d’explications sur sa propre connaissance de la dangerosité du coronavirus ? Le couple élyséen se mit également en scène au théâtre pour tenter de rassurer les Français et nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Les masques n’arrivèrent jamais. Les respirateurs manquèrent. Les lits d’hôpitaux firent cruellement défaut. L’action politique consista à tenter de cacher l’ampleur de la catastrophe puis à s’agiter pour faire croire à une maîtrise et sérénité. Il existait bien depuis 2011 un plan national de lutte contre les pandémies mais toutes les justes mesures qui y étaient prévues furent impossibles à mettre en action. Une dure réalité émergea : la France n’avait ni les moyens industriels de produire le nécessaire à sa propre protection, ni la capacité de s’approvisionner en urgence sur le marché mondial. Attendions-nous comme ­l’indiquait le 12 mars, le président Macron, que ­l’­Europe nous offre l’antidote au Covid-19 ? L’Union européenne nous gratifia d’un film dérisoire de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour nous expliquer comment se laver les mains ! Ni l’État tout axé depuis des années à couper les budgets pour satisfaire les règles ordolibérales imposées par les traités européens, ni l’Union européenne ne protégèrent les Français.
Un grand nombre d’entre nous savait bien que la plupart des sécurités issues de la Libération de 1945 avaient disparu. Mais pourfendeurs d’un capitalisme qui avait mis le turbo dans les années 90, nous pouvions paraître alarmistes ou archaïques. Pourtant, les faits sont têtus et plus de 30 000 morts (en grande partie abandonnés dans les Ehpad) sont là pour prouver que le sacrifice du modèle social, politique et philosophique républicain sur l’autel de la construction européenne fut la gageure d’une Europe sociale qui n’est pas là et sans doute pas près d’arriver. L’épidémie aura montré aux républicains que leurs principes et valeurs sont vainement défendus dans une Europe où le citoyen « souverain » n’oriente plus rien et que l’intérêt général est banni au service de tous les intérêts particuliers surtout marchands et religieux.
Emmanuel Macron sans doute provisoirement illuminé déclara le 31 mars qu’« il nous faut retrouver la force morale et la volonté pour produire davantage en France et retrouver cette indépendance » ajoutant qu’il fallait « rebâtir notre souveraineté nationale et… européenne ».
Voici un objectif que nous aurions pu partager ! Mais pour l’atteindre, il faut prendre l’exact contre-pied de sa politique et de celle de ses prédécesseurs puisque notre souveraineté s’est diluée dans l’Europe avec nos capacités de relances industrielles. Mais le confinement et l’arrêt du pays, pour tenter d’enrayer le coronavirus, sortirent les Français du bougisme et de la dictature techno-marchande. Ont émergé partout des initiatives de solidarité et de relance de la production manquante. Les citoyens et leurs familles sont pleins de ressort. Le « monde d’après » doit s’appuyer sur cette vitalité. C’est en ce sens que l’Ufal y contribue par des propositions réalistes. Les nouveaux jours heureux sont à notre portée. Forgeons nos consciences et agissons dans le concret pour un monde de solidarité et de sécurités sociales et écologiques.

Nicolas Pomiès,
Rédacteur en chef

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