L’UFAL a déjà alerté sur plusieurs initiatives à prétention scientifique ou formatrice consistant à introduire à l’Université des militants de divers communautarisme religieux. L’offensive se poursuit, avec deux évènements récents. Il est temps de dénoncer clairement les idéologies servant de support à ces propagandes antirépublicaines et de les barrer systématiquement.

Petit rappel de quelques précédents

18 et 19 mai : l’ESPE (École supérieure du professorat et de l’éducation) de l’Académie de Créteil organisait un colloque se réclamant de « l’intersectionnalité », concept à la mode en sciences humaines. En réalité, il s’agissait de couvrir d’un prétexte universitaire une tribune offerte à des « militants » du communautarisme islamiste, sans qualification universitaire pour la plupart. Cette propagande communautariste, raciste, anti-laïque, et contestant les lois de la République, sans la moindre possibilité de débat, n’avait rien à voir avec « la recherche en sciences humaines ».

14 octobre : l’Université « Lumière » (sic) de Lyon 2 prévoyait un colloque intitulé « Lutter contre l’islamophobie, un enjeu d’égalité ? ». A nouveau, la plupart des intervenants, dépourvus de titres universitaires, étaient des « militants » communautaristes (dont un « fiché S » !). Manifestation supplémentaire de l’entrisme des islamistes politiques, avec la caution d’un certain nombre d’universitaires et de personnalités officielles, ce colloque, également à sens unique a été finalement annulé, suscitant les cris d’orfraie des « idiots utiles » contre « la censure » – quelle bouffonnerie !

29 novembre : les « Controverses de Descartes » à la Sorbonne, avec le rectorat de Paris et le ministre de l’éducation nationale, feront intervenir deux représentants du SEUL enseignement privé catholique. Objet : expliquer aux enseignants du public comment… « apprendre à devenir un résistant intellectuel » (on ne rit pas !), notamment « à travers une réconciliation entre spiritualité et laïcité » (donc le contraire de la laïcité).

L’Université, cheval de Troie des communautarismes ? L’offensive se multiplie, au point qu’on a parfois du mal à suivre… Voici deux des dernières attaques en date.

A l’université de Limoges, des « Décolonianeries » annulées

24 novembre : à l’Université de Limoges (Faculté des lettres et sciences humaines) le « Laboratoire espaces humains et interactions culturelles » annonçait un « séminaire d’études décoloniales ». En réalité, une conférence-débat avec Houria Bouteldja sur son livre Les Blancs, les Juifs, et nous – Vers une politique de l’amour révolutionnaire. La passionaria du Parti des Indigènes de la République (le PIR, ça ne s’invente pas !) est connue depuis longtemps pour ses délires racistes, antisémites, homophobes et sexistes. On n’oubliera pas sa déclaration de 2012 : « Mohammed Merah c’est moi. (…) Nous sommes des sujets postcoloniaux. Nous sommes des indigènes de la république ! ».

Son thème-prétexte est la « décolonisation ». Explication : « [ce ne sont pas les quartiers populaires], c’est le reste de la société occidentale, enfin de ce qu’on appelle, nous, les souchiens […], les Blancs, à qui il faut inculquer l’histoire de l’esclavage, de la colonisation » (déclaration télévisée, 2007). En résumé : tous les oppresseurs sont coloniaux, blancs (même s’ils sont basanés ou noirs), tous les opprimés sont « non-blancs » (même s’ils ont la peau blanche), on dit « racialisés ». « Racialisme », c’est plus chic que « racisme » !

Autres échantillons, tirés de l’ouvrage cité :

  • « L’idéologie selon laquelle les couples mixtes, la rencontre entre deux cultures c’est beau, est vraiment pourrie ».
  • « On ne reconnaît pas un juif parce qu’il se déclare juif mais à sa soif de vouloir se fondre dans la blanchité. »
  • « Si une femme noire est violée par un noir, c’est compréhensible qu’elle ne porte pas plainte, pour protéger la communauté noire »
  • « L’homme arabe qui fait son coming out homosexuel, c’est un acte de soumission à la domination blanche. […] Comme chacun le sait, la tarlouze n’est pas tout à fait un homme. Ainsi, l’arabe qui perd sa puissance virile n’est plus un homme. »

La forme même de ces propos relève de la construction psychique délirante. Par ailleurs, on ne connaît à Mme Bouteldja aucun titre universitaire justifiant sa présence à l’Université, et son bagage académique est au moins contesté((Clément Ghys, Libération le 24 mai 2016, à propos de l’ouvrage cité : « elle fait preuve d’une ignorance historique crasse », citant sa phrase : « L’antisémitisme est européen. Il est un produit de la modernité.»)). Il s’agissait donc une fois de plus d’offrir une tribune à cette militante du communautarisme antirépublicain le plus nauséabond, avec une caution universitaire : fournie en l’espèce par Philippe Colin, maître de conférences en civilisation latino-américaine et « spécialiste des études décoloniales » (sic !), organisateur du « séminaire ».

Cette bouffonnerie de plus, initialement proclamée à son de trompe sur le site de l’Université de Limoges, en a été dans un premier temps prudemment retirée, avant d’être finalement annulée le 22 novembre, devant les protestations antiracistes et républicaines suscitées. Le communiqué de l’Université s’obstine cependant à parler d’une « manifestation scientifique » : il faut oser, au regard des âneries ci-dessus rapportées ! On nous assure benoîtement « qu’aucun propos de près ou de loin discriminatoire n’aurait été toléré, de la part de qui que ce soit, à l’occasion de ce séminaire ». On croit rêver : même pas par Mme Bouteldja (voir les extraits de sa prose), à laquelle aucun contradicteur n’était opposé – au nom sans doute de « la plus pure tradition académique », comme dit le communiqué.

Répétons-le : le débat contradictoire fait partie des missions de l’Université. Encore faut-il qu’il y ait contradiction organisée, et non tribune offerte à une propagande unilatérale, par ailleurs dépourvue du moindre fondement « scientifique ».

En Seine-Saint-Denis, un syndicat de la fonction publique va bourrer le crane des enseignants

18 et 19 décembre : le syndicat Sud-Education annonce en Seine-Saint-Denis une formation syndicale sur « l’antiracisme à l’école », au cours de laquelle sera dénoncé « le racisme d’Etat » (brillant, pour un syndicat de la fonction publique !). Interviendront notamment des militants bien connus du communautarisme islamiste : Marwan Mohammed, est un sociologue militant, pourfendeur de « l’islamophobie, déjà vu à l’ESPE de Créteil, et Nacera Guenif, qui nie que la « non mixité raciale » soit un « racisme anti-blanc ». Annoncé également, un membre du « Cercle des Enseignants laïques », organisme signataire d’un consternant Petit manuel pour une laïcité apaisée (La Découverte, 2016) avec… Jean Baubérot (encore lui !) ; près de 30 % des pages y sont consacrées à dénoncer la loi du 15 mars 2004 : ça promet, pour former des enseignants !

Pire ! Il y aura des « ateliers en non-mixité raciale », séparant les « enseignant.e.s racisé.e.s » et les « enseignant.e.s blanc.he.s » : seule l’orthographe est « inclusive » ! C’est ce qui s’appelle « apprendre le vivre ensemble » ? Une initiative particulièrement opportune en Seine-Saint-Denis… Le ministre de l’éducation nationale a, cette fois, décidé de porter plainte pour racisme. Il serait temps ! Au fait, les autorisations d’absence « formation syndicale » seront-elles accordées pour ce bourrage de crâne ?

On retrouve dans cette initiative locale tous les lieux communs de la propagande néo-raciste, communautariste et antirépublicaine : dénonciation du « racisme d’Etat », de « l’islamophobie dans l’Education nationale » ; réduction des inégalités à leur dimension « ethno-raciale » et discrimination des « élèves racisés » (bonjour, le service public !) ; idéologie « décolonialiste », qui propose une « histoire » et même une « pédagogie » « décoloniales » (scientifique et rationnelle ne suffiraient donc pas ?) ; référence implicite à l’intersectionnalité dans le titre : « Au croisement des oppressions »

Dans le contexte de victimisation raciste ainsi fabriqué, on ne peut que s’interroger sur ce que signifie l’objectif proclamé : « donner aux élèves des outils de lutte ». Après le « décolonialisme », faudra-t-il prévoir la « déradicalisation » ?

Il est plus que temps que les pouvoirs publics réagissent. Une tribune sans contradiction organisée n’est pas un débat, elle n’a pas sa place à l’Université. Ne nous laissons pas impressionner par quelques universitaires qui prétendent faire taire les critiques par le simple effet d’imposition de leur qualité de « scientifiques », sans en assurer les conditions. Les thèmes de l’islamophobie, de l’intersectionnalité, du décolonialisme doivent alerter, chaque fois qu’il n’y a pas débat contradictoire. La « racialisation » doit être clairement bannie, comme contraire aux principes universalistes de la République (« indivisible, laïque », faut-il le rappeler ?). Laisser l’Université à des propagandistes du communautarisme ou de la haine racialiste est une menace pour la République, et un crime contre la raison.

Militant laïque, professeur, puis haut-fonctionnaire, Charles Arambourou est actuellement magistrat financier honoraire. Il suit les questions de laïcité au bureau national de l’UFAL.

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