L’université de Lyon 2 a annulé le colloque que nous avons dénoncé, et qui devait donner la parole à des militants de l’islamisme politique, présentés comme « militants des droits humains », voire carrément « antiracistes » (Rue 89 Lyon), le tout avec la caution de l’Université et de personnalités publiques.
Les amis universitaires de l’islamisme vont se faire une joie de protester contre une « atteinte aux libertés universitaires ». Piètre argument, car la qualité d’universitaire fait défaut à beaucoup des intervenants programmés à ce colloque, dont les orientations, purement idéologiques et politiques, ne permettaient en rien, par leur unilatéralisme et l’absence de contradiction, la moindre « réflexion » ! Oui, le débat universitaire doit être libre : encore faut-il qu’il y ait débat ! Avec ce genre de mascarade, c’est la notion même d’université que l’on sape un peu plus.
En revanche, tous les laïques, universitaires compris, se féliciteront de l’annulation de ce colloque. Ils ne manqueront pas, toutefois, de s’inquiéter de la persistance dans l’erreur de cette université publique, qui déclare apporter son « soutien » aux organisateurs, et vouloir « poursuivre et approfondir ses échanges avec les acteurs/trices de la société civile sur toutes les questions, y compris les plus sensibles, qui la traversent. »
« Acteurs de la société civile » désigne en l’espèce des « militants de l’islamisme politique ». Petit rappel : l’objectif des Frères musulmans, dont bon nombre des associations intervenantes sont proches, est la restauration du califat, fondamentalement à l’opposé de notre République laïque. Leurs moyens sont (jusqu’ici) pacifiques et insidieux : ils comprennent l’instrumentalisation d’institutions, de personnalités publiques, ou d’universitaires, pour se donner une image de respectabilité et propager leurs thèses plus aisément — à l’image de l’inimitable Tariq Ramadan. La notion d’islamophobie a été inventée par eux pour faire taire ceux qui dénoncent leur stratégie : son absence totale de pertinence intellectuelle et heuristique ne permet surtout pas d’en faire un objet de réflexion universitaire !

DONT ACTE.
Jean-Louis Bianco, que nous avons eu l’occasion de contacter directement, affirme s’être contenté d’une communication écrite sur « la République et la laïcité », et n’avoir découvert que tardivement les caractéristiques de certains intervenants au colloque. Il réitère sa condamnation de la notion « d’islamophobie d’État ». Nous lui en donnons acte. Admettons qu’il se soit fait piéger.
Qu’il nous permette toutefois de lui faire observer que sa communication ainsi prévue en début de colloque, comme celle de Jean-Michel Ducomte, était manifestement utilisée pour emballer d’une caution de respectabilité une marchandise foncièrement anti-laïque et antirépublicaine. « L’islamophobie d’État » n’est en effet pas un slogan anecdotique –qui déplaît certes à Jean-Louis Bianco, comme à nous-mêmes — mais le cœur même de l’offensive actuelle de l’islamisme politique. On ne peut prétendre défendre et promouvoir la laïcité sans un minimum de discernement sur qui sont ses ennemis. En tout cas sans vérifier la nature des opérations auxquelles on prête son concours. La preuve est faite : ni l’ISERL de Lyon, ni la chaire « Égalité, Inégalité, Discriminations » de l’Institut d’Étude du Travail (IETL) de Lyon 2 (initiatrice du colloque) ne sont actuellement des partenaires fréquentables.

Militant laïque, professeur, puis haut-fonctionnaire, Charles Arambourou est actuellement magistrat financier honoraire. Il suit les questions de laïcité au bureau national de l’UFAL.

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