Le ministère de l’éducation nationale vient de lancer une campagne d’affiches censées promouvoir la laïcité de l’école publique. On y voit des élèves aux couleurs de peau et prénoms volontairement divers dans différentes situations (classe, piscine, éducation physique, bibliothèque, récréation). Les images, exprimant la joie d’être ensemble, sont supposées illustrer le slogan : « C’est ça, la laïcité »

Or la laïcité n’est en aucun cas la simple « coexistence », même souriante, d’individus d’origines, de couleurs, de prénoms ou de croyances différents. Ces images font en fait, non sans naïveté, la promotion du « vivre ensemble dans la diversité » : bonnes intentions peut-être, mais qui se trompent de cible. Chaque affiche invite en effet le spectateur à déduire de l’apparence et du prénom des enfants leurs origines, voire leurs croyances : assignations exactement contraires à la laïcité. 

Le Collectif laïque national déplore une telle confusion, à l’heure où au contraire, la clarté et la rigueur sur les principes de la République devraient s’imposer, surtout à l’école. Car la laïcité, c’est d’abord la liberté de conscience – concept fondamental non réductible à des images empiriques –, et la séparation de l’État et des cultes. A l’école publique, c’est la neutralité religieuse absolue des programmes et des personnels, ainsi que l’interdiction de tout signe ostensible d’appartenance religieuse des élèves. Vivre la laïcité, c’est d’abord respecter et partager les principes de la République. 

Le Collectif rappelle que l’éducation nationale dispose d’un excellent outil pour promouvoir la laïcité auprès des élèves et des familles : la Charte de la Laïcité. Ce texte ne comporte pas d’images – et d’ailleurs, toute illustration (comme celle publiée par la Ligue de l’Enseignement aux éditions Milan) l’appauvrit. En effet, les principes de la Charte ne sont pas réductibles à des icônes. Ils demandent à être expliqués dans le cadre d’une démarche pédagogique conceptuelle, adaptée à l’âge des élèves. C’est le travail des enseignants, mais aussi des bénévoles qualifiés, nombreux dans les associations membres du Collectif : pourquoi ne fait-on plus appel à la « réserve citoyenne » ? 

Le Collectif laïque national demande au ministère de l’éducation nationale de retirer ces affiches, qui constituent une erreur de communication, et une faute contre la laïcité. 

Fait à Paris, le 1er octobre 2021

Le Collectif laïque national regroupe une trentaine d’associations, dont l’UFAL, œuvrant pour la promotion et la défense de la laïcité. Pour contacter le collectif, écrire à contact@collectif-laique-national.org

9 commentaires

  1. Pas d’accord. Comment toucher les personnes qui ne peuvent pas lire ou comprendre des concepts abstraits, sans passer par un minimum d’illustrations ? La laïcité ne doit pas être réservée à une élite intellectuelle. Elle doit être une arme pour l’émancipation de tous et toutes, sans exclusive, et surtout pour les plus fragiles.

  2. Votre « réaction » est bien plus qu’étrange monsieur.

    En effet, selon vous, il s’agirait dans l’intérêt – pardon -, dans l’intention de cette propagande – pardon…-, de cet affichage, de toucher l’ensemble d’une partie de la société Française, catégorisable, toujours selon vous, comme « étrangère aux concepts abstraits »; peut-être pourrait-on admettre et essayer de comprendre l’idée de vos propos. Quoi que…!

    Cependant, il ne s’agit bien, ici, et en l’occurrence pour ces seules affiches, de ne toucher « que » les seuls élèves de l’école publique; entourés, qu’ils sont, de la classe « enseignante » de la République.
    Mais peut-être aussi que l’élite à laquelle vous semblez prétendre appartenir a-t-elle des difficultés à la lecture; en dehors bien naturellement des bandes dessinées, interprétables à souhait.
    Une image vaut mille mots, pensez-vous ! Mais, parlant de Laïcité, monsieur, mille mots sont-ils raisonnablement résumables en une image.
    Voilà bien un simplisme intellectuel.

    Le milieu, pour conclure, auquel est destiné cette affiche devrait, lui, appartenir à l’élite d’honnêteté et de probité de conscience suffisamment élevée pour avoir recours à d’autres « outils » que les simplistes images imposées.

    Votre « arme » en question monsieur – drôle de propos d’ailleurs à ce sujet… – doit plutôt s’appeler la « Pédagogie » monsieur.
    Ses « munitions », à la pédagogie, sont « le texte » monsieur, « l’écoute » monsieur, « le verbe » monsieur, « l’explication », monsieur. Et rien d’autre, monsieur; si ce n’est surtout l’effort de s’intéresser aux autres, réellement, sincèrement, et d’écouter, d’expliquer et de faire comprendre le texte, rien que le texte.

    Et dire qu’un Professeur….

  3. Votre « réaction » est bien plus qu’étrange monsieur.

    En effet, selon vous, il s’agirait dans l’intérêt – pardon -, dans l’intention de cette propagande – pardon…-, de cet affichage, de toucher l’ensemble d’une partie de la société Française, catégorisable, toujours selon vous, comme « étrangère aux concepts abstraits »; peut-être pourrait-on admettre et essayer de comprendre l’idée de vos propos. Quoi que…!

    Cependant, il ne s’agit bien, ici, et en l’occurrence pour ces seules affiches, de ne toucher « que » les seuls élèves de l’école publique; entourés, qu’ils sont, de la classe « enseignante » de la République.
    Mais peut-être aussi que l’élite à laquelle vous semblez prétendre appartenir a-t-elle des difficultés à la lecture; en dehors bien naturellement des bandes dessinées, interprétables à souhait.
    Une image vaut mille mots, pensez-vous ! Mais, parlant de Laïcité, monsieur, mille mots sont-ils raisonnablement résumables en une image.
    Voilà bien un simplisme intellectuel.

    Le milieu, pour conclure, auquel est destiné cette affiche devrait, lui, appartenir à l’élite d’honnêteté et de probité de conscience suffisamment élevée pour avoir recours à d’autres « outils » que les simplistes images imposées.

    Votre « arme » en question monsieur – drôle de propos d’ailleurs à ce sujet… – doit plutôt s’appeler la « Pédagogie » monsieur.
    Ses « munitions », à la pédagogie, sont « le texte » monsieur, « l’écoute » monsieur, « le verbe » monsieur, « l’explication », monsieur. Et rien d’autre, monsieur; si ce n’est surtout l’effort de s’intéresser aux autres, réellement, sincèrement, et d’écouter, d’expliquer et de faire comprendre le texte, rien que le texte.

    Et dire qu’un Professeur….

  4. carambourou

    Ne prenez pas les « plus fragiles » pour des demeurés. Ils savent parfaitement, nous le constatons dans toutes nos interventions sur le terrain, ce qu’est la laïcité : la liberté de conscience (le droit de ne pas croire, comme de croire) et la séparation des religions et de l’Etat, donc la neutralité religieuse des programmes et des enseignants scolaires. Ca ne se représente pas en images, c’est une question de pratique. Même les analphabètes y accèdent sans difficulté ! Vous représentez comment, vous, la liberté de ne pas croire ?…
    Et surtout, cette nunucherie ne parle que de « vivre ensemble avec nos différences » (ce qui n’est pas honteux a priori), mais il n’y a vraiment qu’UNE SEULE IMAGE qui évoque la laïcité proprement dite ! Les services de la com. du ministère de l’éducation nationale ne savent tout simplement pas ce qu’est la laïcité. C’est grave, compte tenu du fait que cela répand chez les élèves des conceptions très affaiblies du concept. Les jeunes et les moins de 35 ans, nous apprennent TOUS les sondages, sont les plus éloignés de la laïcité : on comprend mieux pourquoi, avec des contenus aussi insignifiants véhiculés par l’école !

  5. carambourou

    Ne prenez pas les « plus fragiles » pour des demeurés. Ils savent parfaitement, nous le constatons dans toutes nos interventions sur le terrain, ce qu’est la laïcité : la liberté de conscience (le droit de ne pas croire, comme de croire) et la séparation des religions et de l’Etat, donc la neutralité religieuse des programmes et des enseignants scolaires. Ca ne se représente pas en images, c’est une question de pratique. Même les analphabètes y accèdent sans difficulté ! Vous représentez comment, vous, la liberté de ne pas croire ?…
    Et surtout, cette nunucherie ne parle que de « vivre ensemble avec nos différences » (ce qui n’est pas honteux a priori), mais il n’y a vraiment qu’UNE SEULE IMAGE qui évoque la laïcité proprement dite ! Les services de la com. du ministère de l’éducation nationale ne savent tout simplement pas ce qu’est la laïcité. C’est grave, compte tenu du fait que cela répand chez les élèves des conceptions très affaiblies du concept. Les jeunes et les moins de 35 ans, nous apprennent TOUS les sondages, sont les plus éloignés de la laïcité : on comprend mieux pourquoi, avec des contenus aussi insignifiants véhiculés par l’école !

  6. Monsieur,On parle d’affiches qui sont dans la rue, pas à l’école.
    Le public visé n’est pas uniquement constitué d’élèves que je sache.
    Que faire pour les personnes qui n’ont pas l’opportunité d’aller à l’école, de bénéficier d’outils pédagogiques adaptés, qui sont au contact quotidien de toutes les régressions intellectuelles et dogmatiques ?
    Oui, l’affiche peut être un moyen (ni le seul, ni le meilleur, entendons-nous bien) pour toucher des personnes qui n’ont pas la culture de l’écrit. Nulle manifestation d’élitisme quelconque, c’est un fait.
    Je passe sur le ton désagréable de votre propos, cela n’apporte rien au débat de fond, et vous invite amicalement à vous interroger sur la meilleure façon de toucher et de sensibiliser le plus grand nombre à la laïcité et aux valeurs qui nous rassemblent, valeurs d’autant plus menacées aujourd’hui.

  7. Francois Braize

    Même en comprenant votre souci de pédagogie la plus large, la critique du collectif ne s’adresse pas qu’au vecteur (ce qui serait assez bête, les images pouvant être un outil de pédagogie efficace et de plus en plus dans notre monde…) mais au contenu même de ces images qui véhiculent une idéologie bien « nian nian » de la laïcité. Comme le collectif l’explique bien dans son communiqué, c’est celle des bisounours friands de la tarte à la crème du vivre ensemble juxtaposés en bonne co-existence, sans plus…

  8. Employer les expression de « Nian nian » et « Bisounours » peut laisser croire que très prétentieusement vous vous situez au dessus du débat.
    A mon humble avis vous faites une grave erreur en attaquant le débat sous cet angle.
    En effet ces images ne sont pas la laïcité, elles l’illustre partiellement, j’aurais marqué « C’est AUSSI ÇA La Laïcité » c’est images sont plus explicites pour des enfants (ou des simples d’esprit comme moi) que des discours faits pour pinailler et critiquer systématiquement..

  9. Le collectif laïque National, ne peut pas comprendre ça car c’est fait pour sensibiliser des jeunes et pas pour eux…hélas.
    Ce sont des éléments de réflexion et non des définitions.
    en tant que DDEN, la fédération des DDEN est signataires du texte, mais je ne suis pas d’accord avec cette critique dans laquelle il n’y a rien de positif.
    Quand à illustrer la charte de la laïcité, pourquoi pas ?

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