L’UFAL a salué, dans un communiqué du 12 février, l’initiative de la Charte de la laïcité de l’entreprise Paprec, sans en cacher les faiblesses juridiques. Or la Fédération Nationale de la Libre Pensée (FNLP) vient de faire paraître un article haineux dénonçant pêle-mêle le fait que le Président fondateur de l’entreprise se soit enrichi, l’attitude du groupe Wendel en 1914-1918, les « Dirigeants et Entrepreneurs chrétiens », la proposition de loi Ciotti… et « les sanglots longs et les violons  sur l’enfance entendus à propos de l’affaire Baby-Loup ». Il est vrai que la FLP s’était déjà distinguée en déversant son fiel contre Baby-Loup !

La seule chose claire dans ce magma est bien le refus absolu de la FNLP d’admettre que des entreprises ou des associations privées puissent faire le choix de la neutralité religieuse et l’inscrire dans les obligations de leurs salariés. Tout cela au nom de la « lutte des classes » (sic), dont les « questions sociétales » détourneraient les salariés. Ruse de l’histoire, c’est un raisonnement identique qui avait conduit Jules Guesde à s’opposer à Jean Jaurès à propos de la loi de 1905 !

Face à ce sectarisme groupusculaire, teinté d’ouvriérisme, il faut rappeler que la laïcité, comme principe juridique, ou comme conviction dans la société civile, n’est le monopole d’aucune classe sociale. Il y a eu, et il y a toujours, des ouvriers anti-laïques, et des patrons laïques. Exactement comme les uns et les autres peuvent être républicains, ou anti républicains. A l’heure où des entreprises financent plus ou moins directement des lobbys cléricaux ou d’extrême droite, il serait d’une belle stupidité de cracher sur un patron qui se réclame de principes républicains. Et pour lui reprocher de s’être enrichi, il faut tout ignorer de la « lutte des classes », précisément !

A l’UFAL, nous soutenons que la laïcité ne divise pas, mais unit, et que, dans l’espace de la société civile, la neutralité confessionnelle est un choix qui permet notamment les prises de conscience collectives dans le combat social, sans faire éclater les citoyens, les familles, les salariés, etc. en communautés rivales. Comme Jaurès, nous disons que le combat laïque rejoint le combat social.

L’affichage croissant du « fait religieux en entreprise » est devenu un vrai problème, soigneusement éludé par l’Observatoire de la Laïcité, pour la sérénité du lieu de travail et les rapports entre salariés. L’UFAL considère qu’une loi doit mettre le code du travail en accord avec la loi française et européenne, pour protéger les « convictions » non-religieuses, neutres, ou laïques, au même titre que les religions. Comme nous l’avons dit dans le communiqué précité : « Paprec doit pouvoir mettre en oeuvre son « éthique de la laïcité et de la diversité », Baby-Loup « la neutralité et la laïcité », en toute sécurité juridique. » C’est l’intérêt même des salariés.

Militant laïque, professeur, puis haut-fonctionnaire, Charles Arambourou est actuellement magistrat financier honoraire. Il suit les questions de laïcité au bureau national de l’UFAL.

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