Quelle est la première condition ?

Que tous les élèves, cent pour cent, sachent lire et écrire au moment de l’entrée en sixième. Et, s’ils ne savent pas lire au moment d’entrée en sixième, qu’on ne les laisse pas entrer en sixième sans leur apprendre !

Je ne participerai pas aux guerres de religion autour des méthodes de lecture. J’y ai participé autrefois. Mais j’ai conclu assez vite que cette guerre ne pouvait être gagnée par des moyens autoritaires. On n’introduira pas des méthodes de lecture par décret. Il n’y a qu’une démarche qui vaudra et qui sera juste : la démarche scientifique et l’évaluation ! En une année, en deux années, si on le veut, on peut fixer des protocoles, suivre des cohortes d’élèves, vérifier ce qui marche et publier les résultats. En cinq années d’un effort continu, qui associe toutes les forces vives de l’école primaire, tous les élèves doivent lire couramment dans les dernières années de l’école primaire.

Cela veut dire aussi qu’il faut trouver, avec des chercheurs, avec des pédagogues passionnés, dans un programme de recherche national, comment rattraper ceux qui n’y sont pas parvenus. Ceux-là méritent des classes particulières, avec des maîtres spécialement formés, quitte à les libérer des autres parties du programme !

C’est l’autorité du professeur et du surveillant qu’il faut reconstruire. Et cela passe par une question qu’il faut poser et résoudre.

Les enseignants donnent toujours les mêmes chiffres : même dans les établissements les plus violents, dans les dix pour cent d’établissements d’où viennent soixante pour cent des « signalements » d’incidents violents, comme on dit dans la nomenclature du ministère, c’est un élève, deux élèves par classe qui mettent la classe par terre et déstabilisent l’établissement.

Je veux le dire clairement : à ces élèves-là, il faut des réponses pédagogiques et d’autorité qui ne peuvent pas être apportées dans le cadre normal du collège classique ! Aujourd’hui, pour ces élèves-là, nous n’avons aucune réponse. Quel que soit leur comportement, alors qu’il faudrait réagir au premier incident, ne serait-ce que par exemplarité, avertissement après avertissement, sanction après sanction, ils restent au collège. Au pire, on les change de collège… Et ils continuent leur trouble et leur inquiétude destructrice.

À ces élèves-là, il ne suffit pas de proposer des professeurs et des surveillants (rares). À ces élèves-là, il faut en plus des éducateurs et des psychologues. À ces élèves-là, il faut des établissements qui proposent, de manière durable ou, le plus souvent, transitoire, une prise en main, ou une reprise en main, qui leur rende des repères, d’autorité, de fermeté, de dialogue, sans lesquels ils continueront à se détruire et à détruire autour d’eux, dans la souffrance explosive qui les frappe et dont ils frappent leur entourage. C’est sans doute la forme de l’internat qui est la plus efficace. Etablissements de petite taille, moyens adaptés, qui permettront des réponses qui n’existent pas ailleurs et pour le collège de retrouver la stabilité sans laquelle il ne peut pas accomplir sa mission.

L’assistance, la présence, l’aide aux élèves, je le vois assumé dans le cadre du service civil universel. Je le vois assumé dans le cadre de l’activité universelle, que je propose à ceux qui reçoivent des minima sociaux et dont beaucoup ont des qualités, des aptitudes qui doivent être valorisées. Parfois, la présence seule d’un adulte suffit à éviter un débordement ou un accident.

Le programme de service civil universel, le programme d’activité universelle, sont d’abord dirigés vers les établissements scolaires pour la surveillance, l’accompagnement, le suivi, dont écoles collèges et lycées ont le plus grand besoin.

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