Evidemment, aux côtés d’Ashoka et de « Teach for France » on retrouve… Coexister et Samuel G.

 Coexister ! Coexister ou la laïcité non laïque. Dans une parfaite confusion entre laïcité et dialogue inter-religieux, cette association qui réduit la liberté à la simple liberté religieuse s’acoquine avec Ashoka. Tout est dans le symbole… Où sont représentés les humanistes athées et les agnostiques ? Est-on sommé de dévoiler son option spirituelle pour espérer faire parti de la grande famille des élus, des saints, des « changemakers », pardon, « acteurs de changement » ? Pourquoi devrait-on réduire un être humain à son option spirituelle ? Et enfin, à quoi rime cette vue de la société en juxtaposition d’options spirituelles, pour ne pas dire communautés ? Ceci n’est pas le modèle français de l’universalité, encore moins l’idée du citoyen ! Mais à bien y réfléchir, pas de surprise… En effet, nulle surprise qu’Ashoka et Coexister s’accordent si bien. Proposant pour ses affaires une sorte de spiritualité du changement perpétuel, la multinationale n’a plus besoin d’individus mais de « changemaker », ancrés dans un grand rien éthique prompt au profit. Ersatz de la toile, branchés et connectés, survolant les cultures dans la tolérance et l’approximation, ces « followers » s’aliènent à la superstructure et développent surtout… L’empathie. Pendant que ce monde s’apprête à faire basculer le nôtre, le citoyen est libre et l’universel de notre laïcité reste spirituellement neutre, ne converti personne et surtout, n’a rien à vendre…
Oh mais pardon, j’ai oublié de faire les présentations. Vous avez aimé TFF ? Vous adorerez Ashoka une Entreprise Sociale et Solidaire qui vise à remplacer les États par des groupements de multinationales.

À chaque peau d’adolescent son acné, à chaque projet « innovant » en marche, son « ESS ». On ne manquera pas de relever le parfait oxymore : ESS pour Entrepreneuriat Social et Solidaire.
Est-ce le rôle d’une entreprise d’être sociale et solidaire ? Peut-elle et doit-elle se charger d’une prérogative assurée par notre République ?
Sociale et laïque, comme le précise l’article 1 de notre Constitution, notre République est génératrice d’un espace universel vitalisé par la solidarité ; de chacun selon ses capacités pour chacun selon ses besoins. La solidarité s’applique pour tous avec égalité, qu’elles que soient les conditions de revenus et indépendamment de la rentabilité de l’action. Ainsi la République sociale est présente partout où les citoyens en ont besoin et pas seulement là où le créneau est porteur. Détachée de la sempiternelle angoisse de la compétitivité, l’égalité sociale vient donner chair et vie à notre association politique pour le plus grand bénéfice de tous. Par son caractère universel, elle est d’intérêt public donc assurée par un service public. Rien de plus logique.
Comment une entreprise qui a pour but le profit, pourrait-elle assurer avec constance un tel objectif ? Créer de l’emploi est déjà trop lui demander, même lorsqu’on octroie à certaines des milliards d’euros d’aides indispensables… Quant à garantir l’égalité sociale, on n’ose imaginer… Bien sûr, l’entreprise n’est pas « méchante », « mauvaise », encore moins inutile à la société. Il ne s’agit pas de vanter les uns pendant que l’on fustige les autres et d’opposer bêtement public/privé mais plutôt de veiller à ne pas substituer à l’intérêt général de solidarité, l’intérêt financier. Du reste « entreprise » est un mot très vaste, Ashoka et les autres ESS sont des multinationales qui n’ont rien à voir avec la majeure partie des PME/TPE. Mais ne nous méprenons pas ; si l’action entrepreneuriale peut parfois servir l’égalité sociale, jamais elle ne sera son but premier qui était, reste et restera le profit.
Est-ce qu’une entreprise pourrait aider le service public, comme le propose en apparence TFF,
à l’endroit où il est défaillant ?
D’abord, les carences du service public pourraient être palliées par le service public lui-même. Ensuite, demandons-nous qui cause ses défaillances et à qui profitent-elles ? Enfin, pour l’ESS et Ashoka en particulier, il s’agit plus d’un « ju juitsu » que d’une aide au service public ; c’est à dire, un retournement de société qui vise à remplacer l’Etat par l’entreprise tout en empêchant la moindre possibilité de penser autrement((voir l’article: « L’état se retourne contre le peuple »)).

D’un côté on étrangle le budget des fonctions publiques, de la Sécurité Sociale et de l’autre on prépare l’invasion et la destruction du public par l’ESS. D’un côté les forces du capitalisme broient tout ce qui ne leur sert pas (service publique, sécurité sociale, laïcité, liberté, égalité, etc…) pendant que de l’autre, elles proposent leurs solutions pour s’enrichir en donnant l’impression de régler les problèmes qu’elles ont elles-mêmes causés.
Aussi, on ne peut qu’être inquiet de la politique qui autorise des Teach For France et autres Ashoka à se développer. Surtout quand l’école publique et le service public, territorial, bref, tout ce qui participe à l’action sociale, sont en état de coma dépassé… A chacun sa spécificité et nos intérêts économiques et sociaux seront bien gardés. Surtout quand c’est l’école qui est visée. L’école, lieu même de la naissance du citoyen… Ou ici, du « changemaker ».
Bien sûr la laïcité oblige le service public à la neutralité qui protège la liberté de conscience au sein de cette institution clé de notre République. Ce fut d’ailleurs les combats de Jean Maçé, des lois Goblet de 1882 et Ferry 1886-1888 qui proposèrent à l’esprit une autre source de savoir que le dogme religieux catholique. Mais ne croyons pas un instant que la neutralité de l’école et la Séparation de 1905, même inscrite dans la Constitution, voulues et défendues par les laïques, soient inamovibles…

Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

Ce document est d’autant plus inquiétant qu’il émane de l’Institut Montaigne, Think Tank ouvertement néo libéral qui eut sur ses bancs la majeure partie du pouvoir en place. Son Directeur, M. Laurent Bigorgne, qui avait contribué à lancer TFF, était même pressenti pour être … Ministre de l’éducation nationale. Pas de hasard.
Plus de laïcité donc plus de neutralité et l’idéologie d’Ashoka pourra s’engouffrer de plus belle dans le système scolaire. Qui arrêtera le ippon du « ju juitsu »((« Depuis deux ans Ashoka™ applique son jujitsu aux Etats-Unis. Le programme Youth Venture pour les ados, avec une longue expérience riche et prototypée en faisant basculer des écoles et villes individuelles, rejoint maintenant cette approche en empathie de jujitsu. » Drayton, Patron de Ashoka.))  que prépare ces ESS ? L’État ? La loi ? L’Institution ? On a mis quarante ans pour que l’«élève » des savoirs universels devienne l’« apprenant » des compétences spécifiques. Combien mettront-ils de temps pour le muter de nouveau en un « changemaker » empathique ? C’est par l’école et la Sociale que le système s’envole… Ou se pourrit.
Ceci met en évidence deux conceptions de société diamétralement opposées qui invitent sans le dire à faire un choix. Soit une République démocratique, laïque, indivisible et sociale, soit une société néolibérale. Les deux sont inconciliables et tout l’art de ceux qui veulent imposer le capitalisme globalisé, va être de paraître ouvert, tolérant, neutre, apolitique, empathique et de sembler défendre la première pour mieux faire passer l’autre…
N’empêche qu’à la lecture de ce document, on sait qui est l’ennemi de la République démocratique indivisible laïque et sociale. Une fois de plus, le libéralisme essaie de prendre de court pour écraser ce système français qui lui résiste. Pour cela, il se sert des politiques austéritaires et de la vision très anglo-saxone d’une société communautaire. Tant que le peuple ne se pense pas en bloc unit et fraternel ayant pour intérêt la solidarité universelle, il approuve ces changements de paradigme présentés comme nécessaires pour la conservation du modèle Républicain. Ils sont du reste basés sur le nombrilisme, habilement confondu avec le respect de la personne humaine. Et pourtant, comment peut-on prétendre respecter autrui sans lui donner tous les éléments pour se libérer ?

En attendant, ce document se sert des communautés pour justifier l’abrogation de 1905 et de la Constitution qui va avec et permettre ce « ju juitsu », cheville ouvrière du changement. Il faut donc les attaquer sur le fond, et les emmener là où ils ne veulent pas aller. Car enfin, mesure-t-on à quel point le néolibéralisme exclut et contribue à accentuer le divorce entre la République et le peuple ? En quoi l’Islam serait-elle incompatible avec la République ? N’est-ce pas l’impôt de tous (21 milliards d’euros) qui devra subventionner une religion particulière ? Plus grave ; la confusion entre l’Islam, que l’on réduit sans doute à l’UOIF des Frères musulmans, et l’islamisme qui effectivement est incompatible avec la République. Il est vrai que ces derniers –UOIF- ont le vent en poupe à Matignon. Ils en profitent alors pour redoubler de bigoterie en réclamant leur droit à la différence, comme s’il était bafoué, pour mieux obtenir la différence des droits. Les communautaristes religieux, baba-bobos de Coexister et néolibéraux poussent dans le même sens : ils veulent détruire 1905 et ce faisant la laïcité… Les uns se font les idiots utiles des autres dans une offensive très cohérente.

Le savoir-être décomplexé des ESS par l’empathie c’est à dire le dressage de nos enfants comme « changemakers » est ce qui a déjà retourné des villages entiers aux USA. Tout a commencé parce que le peuple a laissé dire que « l’instituteur qui délivre un savoir c’est terminé ». C’est ce que nous apprend le Directeur de l’école Ashoka « Emile Zola » publique, autorisée par le Rectorat… Il est invraisemblable qu’un fonctionnaire puisse tenir, en sa qualité de fonctionnaire, de pareils propos !
Malgré tout, la neutralité du service public retient encore ces poussées irrésistibles mais elle nécessite un combat. Il est à craindre que l’Institut Montaigne soit écouté à l’heure où « l’éducation nationale, n’est plus vraiment de la fonction publique qui préfère mener ses actions de son côté ». Ce propos nous est rapporté par un syndicat((le SNALC)) et fut relevé lors d’une table ronde sur le service public dans le Ministère du même nom…
Alors continuons le combat et controns ce « ju jiutsu » par notre bonne vieille boxe française savate : où sont les contrats passés entre Ashoka, Teach For France et l’Académie de Créteil ? Tout nous laisse à penser, compte tenu des réticences pour nous les montrer, qu’ils ne doivent pas être de la poudre de perlinpinpin…

  • L’UFAL demande que les contrats passés entre Ashoka, TFF et les Académies soient rendus publics.
  • L’UFAL insiste fermement : les missions de service public doivent être assurées par l’Etat et lui seul, qui doit mettre en place le budget suffisant pour les maintenir.
  • L’UFAL condamne les manœuvres des cercles d’influences et autres associations communautaires qui visent à remettre en cause la loi de 1905.

18 commentaires

  1. Ras le bol de la religion ! Ras le bol du prosélytisme! Ras le bol des islamistes qui nous pourrissent la vie !!!!!!!!!! Ras le bol de la complaisance de l’Etat. Un tour de vis à la loi de 1905, qui n’a plus rien à voir avec la situation d’aujourd’hui, est non seulement nécessaire mais vitale pour l’Humanité.. Plus de voile, plus de signes religieux qui rabaissent les femmes au rang d’esclaves, dans TOUT l’espace public, ni entreprises. Les croyances dans les petits hommes verts, c’est personnel . A LA MAISON les simagrées religieuses..

  2. Votez dimanche pour le seul parti qui demande l’application de la loi de 1905 dans tout le territoire et les DOM,c’est à dire la France Insoumise. C’est le seul moyen pour que d’autres religions et d’autres territoires ne revendiquent pas les avantages de l’Alsace Lorraine et de la Guyane.

    • Francois Braize

      A Brun Edwige
      Et après le prosélytisme religieux le prosélytisme politique pour la FI ! C’est une blague prosélyte, Mélenchon et ses amis ne sont pas plus la solution que les autres… Appliquer la loi de 1905 partout n’est pas seulement le sujet. Aucun parti ne propose les mesures nécessaires pour combattre l’islam radical contraire à nos valeurs démocratiques fondamentales.

      Pourtant il le faudrait et dans la conformité à notre Etat de droit sans renoncer nous mêmes à nos valeurs en faisant de l’ostracisme public anti religieux comme le propose Danièle, ce qui n’est pas la laïcité. Pour cela, on sait ce qu’il est possible de faire et ce qui ne l’est pas, voir à ce sujet notre travail collectif publié sur le site de Marianne et de Lumières Laïques : http://www.marianne.net/agora-les-4-principales-questions-que-pose-islam-radical-notre-etat-droit-100249137.html

  3. Je suis sidéré de certains commentaires… Je ne crois pas que l’article puisse être résumé ainsi !

    Ni la laïcité, ni la loi de 1905 ne disent « plus de voile » ! Ca c’est de la propagande frontiste. Alors relisez le titre et demandez-vous de qui faites vous le jeu…
    Concernant la FI, je rappelle que l’UFAL est indépendante des partis politiques et ne soutient aucun candidat. Cette forme de publicité m’invite à penser que vous vous êtes trompés de site… Après, tant mieux si l’article vous a parlé, et mieux encore si vous vous reconnaissez dans notre association.

  4. Je suis de gauche et militante syndicale, je suis de la France Insoumise et j’apprécie l’Ufal. Je crois que c’est une erreur – et veuillez m’en excuser – de considérer quelqu’un qui dit « ras le bol » de la religion et du voile comme un ‘frontiste’, c’est injuste. L’excès des propos est parfois simplement le fait d’une exaspération, précisément parce qu’il devient honteux d’être athée et honteux de rappeler que le voile rabaisse effectivement les femmes. Ne tombez pas dans l’excès de jugement a priori, ce serait dommage. Mon ami franco égyptien et musulman s’alarme aussi… Je vous assure qu’il n’est pas frontiste ! Bien sûr que les commentaires ne résument pas, ils commentent… Cela étant dit, bravo pour votre action et pour votre article.

    • Bonjour Annie,

      Tout d’abord, merci beaucoup de votre soutien. Je vous rejoins dans l’essentiel de votre propos et je pense qu’il y a de bonnes raisons d’être excédé et inquiet.

      – Il y a beaucoup d’abus et d’entorses à 1905 qui ne peuvent être réduites à l’Islam, comme le prouve l’article… Et le précisent les pages de ce site. Ici, on se sert d’une religion, l’Islam, que l’on fait passer pour inadaptée à la République. On en profite ainsi pour abroger 1905 et la Constitution qui va avec. Qui tient les ficelles? A qui profite le crime? Certainement bien plus aux ESS et au libéralisme fou et globalisé qu’à l’Islam.

      – Faire dire à la laïcité « pas de voile », ce qu’elle ne dit pas, est un argument repris couramment par l’extrême droite. L’argument est donc frontiste et fallacieux. Ce n’est pas toujours évident, je comprends l’agacement, mais il faut parvenir à se contenir sur les commentaires.

      – Le voilement des femmes à travers les temps et les âges a toujours été une atteinte à la condition des femmes. Cela dit, on ne peut pas réduire le féminisme à cela. D’autre part, on ne peut pas l’ignorer non plus, et je partage l’inquiétude qui est la vôtre et semble être celle de votre ami franco égyptien.

      Les excès de pudibonderie ou de bigoterie auront toujours tendance à m’inquiéter et à garder en éveil ma vigilance. Cela dit, l’article portait sur la vision d’une gouvernance mondiale et l’institution du « changemaker » comme horizon indépassable. Cela m’inquiète tout autant voir, bien plus…

      Bien à vous et merci pour votre soutien et votre engagement.

      • Francois Braize

        Désolé, vous jouez sur les mots et avec les textes : voiler la moitié féminine de l’humanité ce n’est pas l’idéal laïque de la République et constater cela n’a rien à voir avec le Front national.
        La laïcité est un idéal d’émancipation, pas une soumission ou une résignation aux horreurs que portent les religions qui présentent un caractère totalitaire. La laïcité ne se limite pas en effet au principe de neutralité ou de séparation. Elle surplombe en quelque sorte nos valeurs démocratiques et républicaines dont l’égalité homme/femme.
        Malgré les efforts de certains pour dédouaner l’islam en relativisant ses responsabilités en matière d’asservissement de l’humanité, cette religion doit être combattue idéologiquement et avec les armes du droit, tout comme toutes les autres certes à chaque fois que nécessaire, mais aussi plus que d’autres qui ont déjà fait, elles, leur aggiornamento démocratique et républicain.
        Même la récente prise de position de la Mosquée de Paris (que certain ont saluée comme une avancée décisive) n’exonère notre pays des préceptes de l’islam contraires aux lois de la République que parce que (dixit) « la France n’est pas une terre d’islam »… L’adhésion aux valeurs de la République n’est donc qu’une résignation pragmatique « locale ». Nulle remise en cause plus générale de cette idéologie totalitaire.
        SVP, rallumer Les Lumières !

        • François Braize:

          Je ne joue avec rien du tout ! Alors avec vous, si le propos n’est le vôtre ou n’est pas radical à enfoncer les religions, il est suspect, c’est cela?

          – Réduire la laïcité au voilement « musulman » des femmes est un argument anti-laïque tendance frontiste, désolé. Prenez la loi et dites-moi où cela est écrit dedans ! Prenez les programmes des différents partis aux élections présidentielles et regardez lequel prône cela !
          Alors une bonne fois pour toutes: réduire la laïcité au voilement des femmes est un argument frontiste ! Donc anti-laïque. Pour autant, oui, le voilement des femmes a toujours été une marque de soumission, même si on ne peut pas réduire à cela le féminisme.
          ENFIN, CE N’EST PAS LE THEME DE L’ARTICLE.

          – La représentativité des musulmans. En quoi la Mosquée de Paris serait-elle représentative des musulmans? Et c’est un problème effectivement… Mais c’est surtout un autre débat : celui de l’aggiornamento de l’Islam à l’endroit où les autres religions l’ont fait, effectivement. Et Il n’est pas question de dédouaner qui que ce soit.
          Et bien sûr, lorsqu’un citoyen ou une association abuse, religieux ou pas, il doit être puni par la loi. Lorsque des faits tendent à réduire ou contraindre la liberté ou l’émancipation de qui que ce soit, nous en informions et nous le dénonçons.
          C’EST Là LE BUT DE CET ARTICLE. MERCI DE RESTER SUR LE SUJET.

          Quant aux « valeurs » Républicaines ou à « l’idéal » laïque… Je vous invite à vous en méfier, vous cher Monsieur, qui semblez avoir la prétention de donner des leçons d’éclairage éclairés…
          Une « valeur » invite à l’adhésion et par glissement, à une morale officielle… Une morale d’état en quelque sorte… Et vous trouvez cela laïque vous ?

          C’est exactement le problème avec le « changemaker »: l’acteur de changement voulu par le néo libéralisme, celui promu par Ashoka, est une attitude. On EST changemaker, on INCARNE cette attitude par les savoirs-être au moment même où l’on est vulnérable car très jeune…. On instille une espèce de béquille dans l’esprit qui ne pourra plus fonctionner qu’avec elle. Cela est rendu possible si l’école n’est plus « neutre » donc si 1905 n’existe plus. Vous voyez le danger?
          Progressivement c’est une « valeur » une « attitude » qui s’installe et qui nuit à l’émancipation individuelle. Thème central des Lumières, puisque vous en parliez, et premier terme du triptyque Républicain qui est le nôtre.

          Bien cordialement.

          • Francois Braize

            Chère amie
            Mon désaccord avec vous ne porte que sur votre approche, au détour d’un de vos commentaires, de la laïcité limitée à la neutralité de l’Etat et à sa séparation d’avec les églises et votre tolérance, semble t-il, pour le voile islamique; je ne suis pas forcément en désaccord avec votre article bien au contraire sur lequel je n’avais d’ailleurs mis aucun commentaire.
            Sans mettre des points d’exclamation partout, je vous renvoie à un article de Martine Cerf (Présidente de « Regards de femmes ») paru sur « Mezetulle » (blog de Catherine Kintzler) qui explique beaucoup mieux que je ne pourrai jamais le faire pourquoi vous vous trompez (voir à ce sujet : http://www.mezetulle.fr/laicite-separation-neutralite-par-martine-cerf/).
            Si votre cas peut me sembler hélas désespéré, ce ne doit pas être celui de tous les lecteurs du blog de l’Ufal qui pourront en profiter pour prendre un peu de distance avec votre analyse.
            Cordialement.

  5. Chère amie,

    Je crois que vous vous méprenez: je n’ai jamais limité la laïcité à la Séparation et à la neutralité, sinon que viendrait faire mon article ici? Effectivement, l’idée laïque fut générée par des grands thèmes développés pendant les Lumières et qui constituent des convictions ou idéaux. Notamment celui du travail d’émancipation de l’esprit par la pensée critique, pour tendre vers la liberté de conscience. Ainsi, lorsqu’on enferme des femmes, au moyen d’une religion ou de rapports sociaux, derrière un habit qui masque le visage on attente à leur condition. C’est intolérable, et oui cela peut être exaspérant, je le conçois complètement. D’autant plus que les athées et agnostiques sont souvent fortement lésés dans ces histoires de « vivre ensemble ». Lorsqu’à l’école, autre thème, on vise à inscrire dans la conscience des enfants une « bonne » attitude c’est tout autant inadmissible et même effrayant, voyez les vidéos d’Ashoka et le langage des directeurs et « acteurs » de ces écoles… Quand, on remplace les savoirs universels qui permettent l’émancipation, par des compétences qui ne permettent que l’employabilité et encore ! Elles seront à peine utiles aux entreprises locales, où est donc passée la liberté de conscience ?
    La neutralité scolaire permet cette mise à distance des idées, permet de sauvegarder la conscience et de la développer. Elle permet aussi d’éviter les enfermements communautaires liés à sa famille. C’est, autre autre, la raison pourlaquelle la loi de 2004 règlementant les signes ostensibles religieux est une excellente chose. L’ouverture, l’apprentissage de savoir universel, l’émancipation, la mise à distance, sont autant de chances qui hélas aujourd’hui sont menacées, et même grandement menacées… Je connais bien Mezetulle et Martine Cerf, je vous remercie de l’avoir indiquée, si vous ne connaissez pas, n’hésitez pas…

    • Francois Braize

      Je ne pense pas me méprendre puisque je viens de relire votre commentaire (adressé à Annie)…
      Vous avez bien écrit que faire dire à la laïcité « pas de voile » était une position frontiste, non ? C’est sur ce point que j’ai réagi et là dessus je ne serai jamais d’accord mais sur le reste on se rejoint. Il vous a manifestement échappé que de nombreux républicains sincères sont hostiles au voile islamique sans être des suppôts du FN…
      Je ne pense pas que Martine Cerf, ni Caroline Kintzler, vous suivraient sur le point qui précède et qui m’a fait sursauter.
      Vous me faites quand même penser à tous ceux qui s’opposaient aux mesures prises par les lois de 2004 et de 2010 et qui aujourd’hui s’y sont ralliés comme si de rien n’était.
      Un détail, François est un prénom masculin, mais ce n’est pas grave…
      Bien cordialement

      • Francois Braize

        J’oubliais de corriger mon erreur grossière commise dans la précipitation à vous répondre… Martine Cerf n’est pas présidente de « Regards de femmes » (C’est Mme Vianès qui occupe cette fonction) mais Secrétaire générale de E.G.A.L.E.
        Mais les connaissant bien vous avez du rectifier et vous avez eu l’élégance de ne pas le souligner. Merci

  6. La position de l’UFAL est claire en matière de laïcité: nous considérons que, dans la sphère de l’autorité politique, elle se ramène aux principe de la loi 1905 (liberté de conscience et neutralité). Mais, dans la société civile, c’est une conviction paradoxale : http://www.mezetulle.net/article-la-laicite-une-conviction-paradoxale-par-c-arambourou-122664154.html
    Par ailleurs, comme le montre Catherine Kintzler, la confusion ces deux espaces explique d’un côté le laïcisme (neutralisation de la société civile) de l’autre le communautarisme.

    • Francois Braize

      Il ne s’agit pas pour moi de confondre les sphères publiques et privées dans un même régime, ni de « neutraliser » la société civile du point de vue de l’expression des convictions… Quand bien même le souhaiterait-on que cela serait impossible car contraire à l’Etat de droit découlant de nos principes fondamentaux et de nos engagements internationaux tel la CEDH.
      Néanmoins, dans l’espace public de la société civile la liberté n’est ni totale, ni absolue et les besoins et nécessités de l’ordre public permettent de réglementer ce qui peut être considéré comme contraire à nos principes fondamentaux et valeurs démocratiques et/ou peut occasionner des troubles.
      La situation n’est donc pas binaire dans une opposition réductrice entre l’espace de la société civile qui serait libre de toute contrainte et celui des autorités politiques soumis à la neutralité (et au principe de séparation que vous avez oublié).
      Pas de pensée réductrice par excès de simplification, ni d’assignation des républicains qui ne pensent pas la laïcité comme ouverte à tous les vents dans l’espace public d’être des suppôts du Front national.
      SVP merci !

      • Effectivement, la liberté de penser seule est absolue, la manifestation et l’expression de ses idées est elle, soumise à des restrictions afférentes au respect de l’ordre public entre autres. Quant à la séparation, elle découle de l’impératif de neutralité. Nous l’avons, moi y compris, écrit dans UFAL infos que vous pouvez lire gratuitement. Qui a dit au demeurant que l’UFAL prônait une « laïcité ouverte »?
        Autre remarque: l’expression des idées est également soumise aux règles évidentes de la courtoisie: traiter les membres de l’UFAL de réducteur ou d’idiots comme vous le faites régulièrement avec certains d’entre nous en cas de désaccord commence à irriter.

        • Francois Braize

          Je n’ai pas le souvenir d’insultes de ma part mais plutôt souvent de soutien notamment à Charles Arambourou contre certaines attaques. Je surveillerai néanmoins mon propos et en attend autant en n’étant pas, moi ou les idées auxquelles j’adhère, traité de frontiste…
          D’autant que, si l’UFAL n’est pas partisan de la laïcité ouverte, nous allons être d’accord sur beaucoup de choses
          Bien cordialement

  7. Bien sûr, il faut sans nul doute que TOUTES les dispositions de la loi de 1905 sur la laïcité soient strictement appliquées, en Alsace-Moselle et en Guyane tout comme sur l’ensemble du territoire français. Bien sûr, il faut sans nul doute que cette législation soit adaptée à l’époque présente afin que de nouvelles dispositions s’appliquent à TOUTES les religions, dénominations et sectes, aux aumôneries des armées, des hôpitaux et des institutions médicales et de santé, ainsi qu’à l’interdiction de tout entretien des monuments religieux édifiés avant 1905 par l’argent public qui se raréfie.
    Mais il est du devoir de la France de promouvoir et d’encourager les valeurs de la laïcité au sein de l’Union Européenne dans laquelle elle est la seule à posséder une telle législation progressiste et ne plus considérer le Vatican, minuscule état religieux d’extrême droite, comme un partenaire influent

    • Absolument d’accord avec vous sans la moindre hésitation ! D’ailleurs au niveau européen, la liberté a une fâcheuse tendance à n’être limitée qu’à la liberté religieuse… Comme si toute spiritualité était religieuse… D’ailleurs, que fait-on, en attendant, des humanistes agnostiques ou athées?
      Il faudrait aussi abroger « 1959 »: la loi Debré le second hold-up de l’Eglise catholique sur l’enseignement… (financement des écoles privées), le premier étant l’inscription dans la DDHC 1958: « la République respecte toutes le croyances ». En quoi les « croyances » sont-elles toutes respectables? C’est fort discutable…
      Bref, beaucoup de choses sont possibles, en attendant, Les ESS sont une nouvelle forme de religion, comme je l’expliquerai prochainement, qui est bien partie pour transformer la société dans ses profondeurs…

      Bien à vous

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