« Beaucoup cependant espéraient toujours que l’épidémie allait s’arrêter et qu’ils seraient épargnés avec leur famille. En conséquence, ils ne se sentaient encore obligés à rien. »

Albert Camus, La Peste, 1947

Notre pays, comme de très nombreux autres, vit une situation épidémique sans précédent dans l’histoire récente, même si nous avons malheureusement connu ces dernières années des crises sanitaires de grande ampleur.

Des mesures gouvernementales très fortes ont été prises et tout le monde aura bien compris que l’évolution de cette épidémie dépendra de leur respect, et donc en partie des comportements individuels. Après les mesures « barrières » nous sommes désormais passés aux mesures dites de « distanciation sociale », seules à même de limiter l’engorgement des services hospitaliers.

Le nombre de cas français a doublé en trois jours et les personnels des hôpitaux des régions les plus touchées témoignent qu’une situation similaire à celle de l’Italie se profile pour les prochains jours.

Alors que peut dire ou faire un mouvement familial dans cette situation ?

Tout d’abord, nous avons dès le 13 mars engagé un plan de mesures pour assurer la sécurité et la santé de nos salariées et permettre de maintenir la continuité de notre activité.

Nous voulons maintenant envoyer un message à tous nos militants, adhérents et sympathisants car nous considérons que c’est notre rôle citoyen de corps intermédiaire.

La priorité est de respecter les consignes gouvernementales (gestes barrières et distanciation sociale, en cas de symptômes : appeler son médecin traitant ou un médecin par téléconsultation, ne pas appeler le 15 sauf en cas de difficultés respiratoires ou de malaise, s’isoler strictement à domicile), se tenir informé, et veiller qu’il en soit de même dans son environnement familial, amical et professionnel.

L’isolement qui va résulter des mesures gouvernementales pour beaucoup d’entre nous risque d’avoir des répercussions psychologiques et matérielles. Il faut donc impérativement continuer à maintenir les liens de proximité et de solidarité.

Nous demandons à chacune et chacun dans les jours à venir d’initier ou participer aux dispositifs de solidarité pour soutenir et protéger les personnes les plus vulnérables. Je pense en particulier à nos aînés, aux familles monoparentales, aux personnes en grande précarité et aux personnes dont le travail va être directement impacté.

La situation exige une grande responsabilité et une grande solidarité, et la solidarité est au cœur de notre engagement militant.

Parallèlement à la grande solidarité qui s’organise, on observe malheureusement des réflexes de pur égoïsme que nous dénonçons fermement : rassemblements, stockage irrationnel d’alimentation qui risque de créer des pénuries, vols de masques qui mettent en danger les plus fragiles, incivilités etc. La responsabilité, c’est aussi de ne pas sombrer dans l’irrationnel et de ne pas céder à la panique.

Le Président de la République a tenu des propos que nous ne pouvons qu’approuver et partager :

« Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. »

« Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. »

« Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché »

« Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond, à d’autres, est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. »

Mais que penser de ces paroles qui émanent d’un Président qui a œuvré sans relâche pour faire exactement le contraire depuis qu’il a été nommé ministre dans le quinquennat précédent ?

Les actes doivent maintenant suivre rapidement les paroles, nous y serons vigilants et nous saurons les rappeler chaque fois que nécessaire.

Les conséquences socio-économiques de cette crise vont dépasser l’ampleur de celles des crises précédentes, c’est une certitude désormais, même s’il est impossible de les estimer avec précision aujourd’hui.

L’heure n’est pas à instruire le procès des effets criminels de la mondialisation néolibérale financiarisée, mais nous affirmons qu’il faudra un « avant » et un « après », et que l’après devra marquer une rupture totale avec les politiques actuelles et les réformes menées ces dernières années, qui ont affaibli notre protection sociale solidaire, éreinté notre système de santé et mis à genou notre industrie productive en favorisant une économie à flux tendus avec des produits de première nécessité fabriqués à l’autre bout du monde.

C’est notre solidarité qu’il va falloir conforter, et c’est notre souveraineté et notre indépendance qu’il va falloir retrouver. Tout autre agenda politique après la crise sera disqualifié.

Mais aujourd’hui et dans les prochaines semaines, seule la vigueur de notre engagement citoyen compte, c’est pourquoi notre mouvement familial appelle à la solidarité, à l’entraide et à la responsabilité pour faire face, ensemble et unis, à l’épreuve que nous traversons.

Président de l'Ufal nationale, vice-Président de l'UDAF de Gironde.

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