Nous vivons un monde complexe, sinon complexifié, où le pôle économique a si bien su capter les moyens démocratiques que nous avons l’illusion de ne plus pouvoir rien faire sans risquer la catastrophe.

Les dernières péripéties en termes d’écologie et d’économie en sont de parfaits exemples.

De la complexité d’une chose, on peut aussi tirer des choses simples, ou encore envisager que plus une chose est complexe moins elle existe.

Les trois grands pôles de réflexion concernant notre avenir à travers le trépied « écologie, social, économie » sont l’énergie, la nourriture et les brevets.

D’aucuns diront que c’est partiel, voire partial, mais on pourra se rendre compte que cela recoupe énormément de choses, voire que le monde économique nous enferme dans ce triptyque.

Pour cela il faut dans un premier temps démystifier les questions de climat et donner une réalité appuyée scientifiquement et éprouvée.

Le climat

Dans la crise écologique qui est la notre (pollution chimique, dégradation des conditions de vie, baisse de la qualité de l’alimentation, appauvrissement des ressources, pollution de l’air et de l’eau, dérèglement climatique, etc. ), la question du climat est devenue centrale ces dernières années car elle incarne de manière emblématique le danger de dégradation des conditions de vie sur la totalité du globe et le fait que la crise écologique ne connait aucune frontière ! La problématique écologique du climat est devenue centrale, tant et si bien qu’elle est devenue une affaire d’États et que des camps opposés se sont constitués.

Plutôt que de faire un état des lieux de ces oppositions, il convient de faire un bilan de ce qui est vrai ou faux.

La température de la planète

Compte tenu de la difficulté d’obtenir des données fiables avant 1950, tout le travail de la recherche s’est concentré sur des moyennes d’observations fiables permettant de remonter suffisamment dans le temps.

Cet énorme travail a permis de collecter un nombre représentatif de données qui peuvent affirmer à ce jour qu’aucune température en moyenne n’a jamais été relevé au cours du dernier millénaire comme étant plus chaude que la période que nous traversons (même la période entre 800 et 1300 « optimum médiéval » était moins chaude).

En un siècle et demi la planète a augmenté de 0,8°C avec une accélération depuis 50 ans.

Évolution des températures moyennes de l’air au niveau du sol depuis 1850, et tendances. L’axe vertical de gauche représente l’écart à la moyenne pour la température planétaire durant la période 1961-1990 (il s’agit en fait d’une double moyenne, géographique sur la totalité de la surface planétaire, et temporelle, sur 30 ans), et l’axe de droite représente la valeur absolue de la température planétaire (qui est donc de 14,5 °C environ actuellement).

Les points noirs donnent les valeurs annuelles (ou plus exactement la meilleure estimation de la valeur annuelle), ce qui signifie par exemple que l’année 1860 a probablement été plus froide d’environ 0,35 °C que la moyenne 1961-1990, cet écart valant 0,55 °C pour 1861, etc.

La courbe bleue au centre donne la moyenne glissante de ces valeurs sur 10 ans, afin de visualiser plus facilement l’évolution, et la zone grisée qui entoure cette courbe donne la barre d’erreur (intervalle de confiance à 95%).

Enfin les droites de couleur donnent la tendance -linéaire – sur les durées indiquées, avec l’augmentation moyenne par décennie qui figure dans la légende. On notera que cette augmentation moyenne par décennie accélère nettement avec le temps.

La baisse et la hausse très modérée qui ont suivi 1945 sont peut-être dues à la pollution locale intense cette dernière est un facteur de refroidissement -qui a pris place pendant les « Trente Glorieuses », période d’intense activité industrielle.

Sur : http://www.manicore.com/documentation/serre/commence.html

La fonte des glaces

L’avancée ou le retrait des glaces est un indicateur des plus concret, lié au point précédent, à savoir la température de la planète.

Pour cela les scientifiques ont deux siècles de données pour étudier les mesures faites en ce qui concerne la montagne avec un recul de 50 mètres par décennie pour les glaciers depuis 150 ans et une accélération de l’ordre de 30% depuis les années 90

Une trentaine d’années d’études pour la glace des banquises et des calottes polaires est disponible avec l’avènement de l’ère satellitaire, qui malgré tout a révélé en trois décennies une perte de 7,4 % entre 1980 et 2006 avec une réévaluation à 11 % en 2009, avec une épaisseur de plus en plus fine (3,64 m en 1980, à 1,89 m en 2008 en moyenne).

Le suivi des calottes glacières du Groenland et de l’Antarctique bien que plus difficiles à maîtriser donnent des estimations de fonte de l’ordre de 30 % au Groenland et des pertes de plus en plus nombreuses de glaces en Antarctique à priori sans diminution de la masse compte tenu du froid.


La tendance globale (flèche bleu et rouge) montre une diminution moyenne de 1.500.000 km2 (3 fois la surface de la France) en 30 ans.

Sur : The Cryosphere Today (University of Illinois)

Le vivant

Les changements en ce qui concerne le vivant sont incontestables et les exemples disparates, avec des études avant tout récoltées sur le continent européen.

Des espèces apparaissent dans des lieux où elles étaient inconnues, comme d’autres disparaissent. Cela peut être dû à l’action de l’homme, mais il apparaît aussi des adaptations ou des défauts d’adaptation liés au changement de climat. Dans les différentes études apportées le réchauffement du climat rentre à 90 % dans les mouvements des espèces.

Les dates de germination, de floraison ou d’éclosion sont de plus en plus précoces avec des modifications dans les périodes de vendanges, récoltes ou moissons.

Évolution des dates de floraison du poirier Williams sur 3 sites : Bergerac, Angers, Saint-Epain (Tours).

Sources : J.M. Bore, INRA Angers ; C. Lavoisier, la Morinière ; M. Peschescot, domaine de Castang.

Sur http://www.meteo-bordeaux.fr/rech/rcf/pheno1.jpg

Les événements météorologiques

La difficulté de tirer des tendances statistiques d’événements ponctuels et restreint rend l’étude peu significative. Toutefois quelques tendances apparaissent, avec l’accroissement des périodes caniculaires, l’intensification du cycle hydrologique, absence de mouvements significatif sur les tempêtes de haute latitude alors que l’on peut noter les tempêtes tropicales et les cyclones avec un nombre en stagnation, mais une intensification et une durée plus longue.

Ce qui est certain en ce qui concerne ces évènements extrêmes, c’est que le nombre de victimes augmente régulièrement depuis un siècle. L’augmentation de la population est une partie de l’explication, mais le nombre de victimes de catastrophes météorologique croit plus vite que celui des catastrophes géophysiques, ce qui accrédite la thèse du changement climatique.

L’évolution du AMO (L’Oscillation Multidécennale de l’Atlantique) sur une moyenne mobile de 10 ans reconstituée à partir de cernes d’arbres d’Amérique du Nord de l’Est, de l’Europe de l’Ouest, et de Scandinavie de 1572 à 1980 suivant les données de la NOAA puis est mis à jours chaque années suivant les autres données de la NOAA de ci-dessus.

Sur http://la.climatologie.free.fr/amo/amo-cyclone.gif

Le niveau des mers

Il faut rapprocher ce chapitre de l’élévation des températures et de la fonte des glaces qui induisent une augmentation du niveau des mers.

Toutefois nous nous trouvons dans une période interglaciaire qui fait dire à quelques scientifiques que la poursuite de la production industrielle sera compensée par cette période naturelle de refroidissement.

Pour cela tous les artifices sont utilisés.

La mesure du niveau des eaux est un paramètre que les scientifiques savent le mieux traduire en données, avec des relevés pouvant aller jusqu’à moins 18 000 ans au regard de notre période.

L’élévation limitée des eaux depuis – 6 000 ans (de 0,1 à 0,2 mm) est passée depuis la fin du XIXème siècle à presque 1 mm par an, avant d’afficher une moyenne supérieure à 3,3 mm par an courant XXème siècle.

Évolution temporelle du niveau de la mer dans le passé, dans le présent et projection dans le futur. © Source IPCC, 2007

http://www.insu.cnrs.fr/ib2600,volution-temporelle-niveau-mer-passe-present-projection-futur.jpg

La part de l’homme

La corrélation entre l’augmentation du taux de CO2 et l’ère industrielle et la politique de la consommation est devenue d’une telle évidence que peu de monde conteste ce point aujourd’hui, même si l’activité du soleil peut aussi être mis en avant pour fournir quelques explications.

Évolution de la concentration atmosphérique moyenne du dioxyde de carbone depuis 10 000 ans. Les mesures proviennent des analyses des carottes de glace (points colorés, chaque couleur correspondant à une étude) ou de prélèvements d’air atmosphérique (ligne rouge).

© IPCC, février 2007

http://www.ipsl.fr/var/plain_site/storage/images/mediatheque/images/dossier-scientifique/cycle-du-carbone/evolution-du-co2-atmospherique-recente/14172-1-fre-FR/Evolution-du-CO2-atmospherique-recente.gif

Fort de ces quelques constations, que d’autres éléments scientifiques peuvent renforcer encore dans le sens d’un réchauffement climatique, et cela en raison des choix opérés en ce qui concerne l’activité humaine, il faut maintenant voir les conséquences que cela a sur notre quotidien

Comme indiqué en introduction nous allons nous attarder sur l’énergie, la nourriture et les brevets, pour comprendre pourquoi dans le schéma industriel actuel, ces trois éléments sont primordiaux pour comprendre l’avenir et la volonté du monde de la finance de contrôler notre quotidien afin de nous soumettre.

Cela a bien sûr des conséquences (ou bien en est la cause, suivant les points de vue), sur la division du travail, sur la concentration du pouvoir et son organisation, sur les outils financiers mis en place, sur la captation de la démocratie.

Il apparaîtra alors que de contrôler l’énergie et le vivant peut radicalement changer la vie au quotidien.

L’énergie

Le siècle dernier a fait de l’énergie une valeur incontournable.

L’énergie est le secteur d’activité qui a attiré le plus de moyens financiers durant le XXème siècle et qui a induit beaucoup des directives imposées directement sur notre quotidien.

Par exemple le choix des transports individuels en lieu et place des transports collectifs à la sortie de la seconde guerre mondiale ressort de cette mainmise sur le pétrole en particulier.

Les choix énergétique de tel ou tel pays sont des choix hautement stratégiques, ayant des orientations économiques toujours importantes.

La crise écologique que nous vivons demande la réflexion sur l’ensemble des ressources énergétiques en notre connaissance, en commençant par la source d’énergie la moins coûteuse et la moins polluante : l’économie d’énergie.

Il paraît important de commencer par ce pointlà en ce qui concerne en particulier les pays du Nord, où la consommation est exponentielle.

Par ailleurs une juste répartition des richesses devrait permettre de transférer cette économie vers les pays du Sud pour permettre leur développement, non pas en reproduisant les schémas de développement du Nord, mais en promouvant un développement écologiquement et socio-économiquement adapté.

Une fois cette opération menée à grande échelle, en revoyant nos modes de consommation (moindres quantités, moins de viande, saisonnalité,…), de production, d’habitat, de déplacements, de travail, etc. nous nous rendrons compte que nous reprendrons alors notre démocratie en charge et que le niveau de consommation d’énergie sera bien moindre. Si nous considérons en France les émissions de CO2 émis par le tertiaire elles ne représentent que 23,3 % du total annuel. Dans ce schéma-là on se rend compte que la socialisation des forces de productions dans une optique de localisation, de contrôle démocratique et de satisfaction des besoins premiers (en évacuant le superflu) ferait déjà diminuer de manière importante les consommations d’énergie.

Si, car il faut toujours des si, cette orientation devait se prendre, les concentrations financières se dilueraient et permettraient une meilleure répartition des richesses.

Elles permettraient ainsi une réflexion aboutie sur l’ensemble des sources d’énergie pour une sécurité maximale, une pollution moindre et une utilisation frugale.

Dans ce cadre-là la division du travail serait reconsidérée, la répartition de ce travail serait revalorisée, la circulation de l’information serait libre et le social reviendrait un enjeu majeur.

L’économie en serait entièrement modifiée, réorientée vers l’humain.

Et le consumérisme,n’aurait plus de raison d’exister.

La nourriture

Le XXIème siècle donnera au vivant une valeur incontournable.

De la même manière que l’énergie a été prépondérante (et le reste) au XXème siècle, le vivant est déjà l’enjeu majeur du XXIème siècle.

Pour cela il est primordial pour les grandes compagnies financières de détenir l’eau, l’air et la nourriture.

Ces trois éléments en plus de l’énergie et des orientations de consommations données, permettront un contrôle des populations total.

Pour l’eau, les compagnies françaises sont à la pointe de la manipulation pour mettre en place les moyens de sa mise en oeuvre et de la redevance attachée.

Pour l’air, les échecs successifs des discussions sur le carbone et sur les réserves de puits à carbone en cours de constructions, donneront dans un avenir proche, si on n’y prend pas garde, à des États, sinon à des compagnies, le poids suffisant pour que des redevances soient enfin réclamées pour le droit de respirer. La bourse au carbone n’est qu’une étape qui permet d’habituer les consciences au fait que l’air est un produit marchand, tout en permettant quelques bénéfices au passage.

Le vivant, la nourriture, est aussi une étape bien engagée à travers des technologies telles les hybrides, les OGM, la répartition des productions par les avantages comparatifs, par la politique agricole commune, par la concentration des terres et des moyens de productions.

Et pourtant l’agriculture est l’activité la plus pourvoyeuse de main d’oeuvre et de travail à travers le monde. Bien qu’il faille incontestablement améliorer les conditions de travail des agriculteurs en particulier au Sud, la relocalisation des productions agricoles viendra contrecarrer les appétits marchands développés au niveau global… et ce toujours en reconsidérant la démocratie.

Le local, c’est la démocratie, le global, c’est la finance.

Reprendre la main sur nos productions locales tout en fournissant, par la maîtrise du foncier, une main d’oeuvre locale en possession des outils de productions satisfera bien plus les besoins alimentaires d’une population en croissance forte sur la Terre, plutôt que de croire dans des lunes technologiques concentrées en quelques mains.

Les brevets

Le brevet donne aux valeurs incontournables une valeur marchande qui exclut des biens communs de l’humanité.

Le brevet est l’outil utilisé par le monde de l’énergie et du vivant pour soustraire à la connaissance universelle la circulation de l’information, pour accaparer les connaissances et pour faire des bénéfices dessus.

Le brevet est un outil égoïste.

Dans ces conditions tous les moyens sont utiles – la brevetabilité du vivant, par des séquençages courts ou longs, la brevetabilité des techniques – pour accaparer les moyens d’extraction ou de production, la brevetabilité des moyens de transmission, sinon l’interdiction à l’accès des moyens d’appropriations individuels et universels.

Toutes les études scientifiques (peu nombreuses) qui ont porté sur le sujet, ont démontré que le brevet depuis sa généralisation courant XXème et début XXIème siècle a appauvri les débouchés de la recherche scientifique.

De la même manière et de manière corolaire, la confusion opérée entre recherche fondamentale et recherche appliquée, dans un souci de rentabilité immédiate, ne permet plus à ce jour d’avoir des résultats qui soient dans une optique d’avantage social.

L’opacité opérée sur la recherche, organisée à travers les brevets, tend à rendre distant tous les sujets qui touchent notre quotidien.

Le brevet a permis indirectement un détournement de la démocratie, en donnant à certains experts la prépondérance sur les autres en se mettant au service du pouvoir, chose que le secteur financier a su utiliser à son profit en menant d’une part des actions de lobbying du côté des pouvoirs et en finançant les laboratoires sujets à influencer le pouvoir.

La destruction des services publics est passé par-là aussi.

Le tort des responsables politiques dans ce schéma est d’avoir abandonné aux experts et scientifiques la part de responsabilité qui leur revient du fait du suffrage universel et qui leur confère des responsabilités qu’ils transfèrent à l’expertise.

Le brevet est un véritable outil qui envahit tous les domaines de notre existence pour nous rendre captifs financièrement de toutes nos décisions ou actes du quotidien.

L’échange des connaissances doit être libre et appartenir à tous, l’application des connaissances est un autre domaine rattaché à l’économie qui peut être redéfini suivant l’utilité sociale.

Cela demande une réappropriation de la démocratie.

Et le reste ? ….

Les causes ou les conséquences ?

Le reste est un « nouveau moi, axé sur le court terme, focalisé sur le potentiel, abandonnant l’expérience passée » comme l’a défini le sociologue américain Richard Sennet. Le néolibéralisme, le libéralisme, le capitalisme, quel que soit le nom qu’on lui donne et suivant les circonstances, nous raconte des fables et construit des chimères auxquelles il nous invite de croire pour une uniformisation des individus plus facile à circonvenir et à gaver de produits standardisés en production contrôlée, avec pour seul objectif l’accumulation financière.

En fait peu importent les causes ou les conséquences puisque le but est désigné : faire de l’argent quel que soit le chemin.

Une certitude se détache clairement : le système capitaliste est à son terme dans le cadre de la garantie de notre avenir.

Le dire ne doit pas être une simple incantation, c’est aussi rechercher les moyens de formation et d’action qui permettront à l’humain de se dégager des carcans mis en place par le capital pour assurer son avenir et de retrouver une autonomie de jugement et de décision. L’émancipation de l’humain est un chemin qui doit pouvoir passer par une prise de contrôle de l’énergie et des moyens de subsistance afin d’en faire des biens communs de l’humanité.

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