Conférence de presse de l’APPEL DU 5 AVRIL
La très réactionnaire loi Falloux du 15 mars 1850, inscrivant l’enseignement religieux parmi les matières obligatoires à l’école, est toujours en vigueur en Alsace et en Moselle. Il faut demander une dispense pour en être exempté ; il est alors remplacé par un enseignement moral complémentaire. Sont ainsi enseignés les « catéchismes » des « cultes reconnus » : catholique, protestant et juif. Evidemment, pas les autres. Et les élèves des trois départements se voient privés d’une heure par semaine, prise sur les disciplines concourant aux savoirs.
Une exception contraire à la liberté de conscience, à la neutralité de l’école, et à l’égalité
Cette situation scandaleuse n’est d’ailleurs que la partie émergée de l’iceberg du « régime local »((Quelques détails dans un article récent de l’UFAL)), comportant notamment les cultes reconnus (et subventionnés par le budget de la France). Droite et gauche de gouvernement le défendent. Ainsi, sous le gouvernement Jospin (Claude Allègre à l’éducation nationale et Ségolène Royal aux enseignements scolaires), a été créé un CAPES d’enseignement religieux((Arrêté du 25 janvier 2000)) – d’ailleurs seulement pour les catholiques et les protestants !
Les laïques et les Républicains (dont ceux d’Alsace et de Moselle) dénoncent le « régime des cultes reconnus » en général, et celui de l’enseignement religieux en particulier. L’UFAL s’est ainsi exprimée dès la campagne présidentielle de 2012, puis a lancé en avril de la même année une pétition. En juillet 2012, le Collectif des associations laïques dont nous faisons partie a présenté un programme détaillé de sortie de l’exception locale.
Des propositions de l’Observatoire de la laïcité… non suivies !
L’Observatoire (gouvernemental) de la Laïcité ne pouvait faire autrement que de se saisir de l’affaire, en mars 2015. Malgré notre déception globale, nous avons approuvé trois propositions de l’ODL. Outre l’abrogation du « délit de blasphème », il recommandait pour l’école :
- rendre l’enseignement religieux optionnel en l’organisant pour les seules familles volontaires.
- organiser cet enseignement optionnel en dehors de l’horaire dédié aux enseignements de l’Éducation nationale.
Or, un an après, rien n’avait changé ! Le gouvernement ignore son propre Observatoire.
L’APPEL DU 5 AVRIL 2015… et la conférence de presse du 10 janvier 2017
Face à cet immobilisme, les laïques alsaciens et mosellans ont lancé l’APPEL DU 5 AVRIL 2015 auquel s’est joint l’UFAL. Il disait notamment :
« Nous appelons l’État à mettre en œuvre, en Alsace et Moselle, dès la rentrée de 2016, les recommandations de l’Observatoire de la laïcité »
Près de deux ans après, les préconisations de l’ODL ne sont toujours pas appliquées ! Le ministère voudrait bien, dit-il, mais l’Elysée traînerait… Un mystérieux rapport a été commandé, rendu en septembre 2016, puis réécrit pour décembre dernier… et toujours pas publié.
Tout cela a été exposé lors d’une conférence de presse, ce 10 janvier, par les initiateurs de l’Appel du 5 avril, notamment Claude Hollé (Laïcité d’accord) et Michel Seelig (Cercle Jean Macé de Metz). Dans les locaux de la FCPE, étaient représentées toutes les associations signataires((CNAL, DDEN, EGALE, FCPE, FSU, LDH, Ligue de l’Enseignement, UNSA-Education, UFAL)) dont l’UFAL.
Les organisateurs ont notamment fait litière de la fable de « l’unicité du droit local » : on peut parfaitement modifier l’enseignement religieux sans toucher au livre foncier ou à la complémentaire santé ! La preuve : le Sénat a voté l’abrogation du délit de blasphème sans que le reste bouge. En revanche, il existe un vrai risque : que le « régime des cultes reconnus » serve de modèle à certaines tentatives inspirées du concordat (notamment avec l’Islam) contraires à la laïcité.
L’UFAL, quelques critiques qu’elle ait formulées à l’égard de l’organisme de Jean-Louis Bianco, soutient fermement la demande de l’Appel du 5 avril : « Les recommandations de l’Observatoire de la laïcité, maintenant ! » Attend-on la présidentielle pour… ne rien faire ? Le Conseil constitutionnel l’a clairement dit((Société SOMODIA, N° 2011-157 QPC du 5 août 2011)) : la seule évolution possible pour l’Alsace-Moselle est l’harmonisation législative de son « droit local » avec le droit commun de la République – ce qui peut être fait progressivement- mais il est interdit d’élargir les exceptions actuelles !
5 commentaires
Sachant que l’impact des éléments religieux dispensés dans des « formations » sur le cerveau des enfants est capable d’avoir des effets en cascade :
acceptation de facto du principe d’avoir été créé,
déconsidération de soi puisque le moi que l’on est , est une création figée de toute éternité
Acceptation de soi comme résultant d’une sériation initiale, voulue comme telle
Déresponsabilisation puisque seul « dieu peut »
Modulations déterminantes des structures de pensée par l’aspect inéluctable du vécu
Acceptation de l’existence présentée comme imposée par une volonté divine
Acceptation de facto des modulations caractérielles incontournables
Acceptation de l’impossibilité d’agir contre un destin décidé de toute éternité
Acceptation de la vanité de toute volonté personnelle contradictoire avec une volonté divine
Acceptation fataliste et infantilisante du « c’est comme çà »
Acceptation d’un mensonge initial comme vérité absolue et incontournable
Tout cela par exemple, et bien plus encore, illustre les situations multiples de contraintes toutes contradictoires entre elles, qui régissent l’édification de la personnalité d’un enfant, soumis à l’emprise des enseignements religieux. Il n’en ressort que des schéma de structures, d’organisations et des logiques particulièrement perverses et insanes, lesquelles n’aboutissent sur l’immense majorité des enfants du monde qu’à de la désorganisation mentale, et de la déconsidération de soi. Dans le monde mental que se construisent les enfants soumis à l’endoctrinement religieux la seule référence stable qui gouvernera tous les schéma interprétatifs et moteurs sera la structure pyramidale de toute organisation. Cette structure sert de modèle de base à tous les enfants endoctrinés et leur interdit l’accès simple à des représentations différentes, sans effets cognitifs et intellectuels extrêmement difficiles, voire impossibles à contourner.
Au vu de ces situations qui se perpétuent complaisamment dans le silence complice de milliards d’adultes, depuis des dizaines de milliers d’années, les enfants du monde entier sont soumis aux effets de références invérifiables dont on leur dit le caractère nécessaire, incontournable et péremptoire. Les effets de l’imprégnation de ces schéma chez les enfants du monde contribuent à entretenir sur la planète entière, la perpétuation des structures politiques de subalternisations, de hiérarchies injustifiées, et de répartitions inexpliquées de responsabilités diverses. Aux questions de savoir pourquoi en est-il ainsi, la seule modalité de référence demeure celle de la grille « c’est comme çà », mieux encore : « Dieu le veut », Pire encore : « Dieu l’a voulu » !
Pourquoi maman est-elle morte d’une tumeur au cerveau ? Pourquoi Michel est-il tombé du haut du plongeoir de la piscine ? Pourquoi le cyclone a-t-il ravagé la famille de Than et l’a laissé sans familles ? Pourquoi suis-je né avec cette faiblesse de la vue qui m’oblige à devoir porter des lunettes ? Pourquoi la faille de San Andréas évolue-t-elle vers une catastrophe sans précédent pour les Californiens et les Américains, et nous tous ? Pourquoi la « mort » de notre soleil est-il programmé pour cinq milliards d’années ? Pourquoi les dinosaures ont-ils tous disparus ? Pourquoi dieu laisse-t-il faire les grands cataclysmes qui emportent des mondes entiers ? Pourquoi le frère de Sid Ahmed est-il allé se faire exploser en Syrie ? Pourquoi n’a-t-on rien pu faire pour éviter les trente millions de morts du goulag soviétique ? Pourquoi dieu a-t-il permis que cent cinquante millions d’Indiens soient massacrés à la hache sur le continent américain ? Pourquoi faut-il que tant d’enfants meurent de faim sur le continent africain ? Pourquoi le nombre des victimes directes de la révolution maoïste en Chine est-il difficilement évaluable entre vingt millions et cinquante millions de morts ? Pourquoi n’a-t-on toujours pas trouvé un moyen d’éviter que la démence d’Alzheimer frappe des personnes qu’on aime ? Pourquoi tant de justes ont-ils été victimes de tant de malheurs alors que leurs bourreaux coulent encore des jours heureux ? Pourquoi tant d’hommes sont-ils enfermés dans des prisons alors qu’ils n’ont rien fait que d’être nés ? Pourquoi Vénus la planète de l’amour est-elle devenue ce désert torride et mortel qui empêche les humains de pouvoir l’habiter ? Pourquoi la grippe espagnole a-t-elle tué plus de trente millions de personnes à travers le monde ? Pourquoi Adam a-t-il dû se plier aux injonctions de ce qu’on appelle dieu, alors qu’il n’aurait dit-on fait, que manger une pomme ? Quel est le rapport entre le fait d’avoir croqué une pomme et la cascade de crimes ignobles que ce qu’on appelle dieu se complaît à perpétrer contre les humains ? Pourquoi ne veut-on pas comprendre que l’humanité est en danger parce qu’elle est victime de son auto-dévaluation ?
Ces questions là, dont des millions d’enfants doivent accepter les réponses toutes faites des religieux, ne constituent-elles pas des raisons plus que suffisantes pour arrêter le dénigrement permanent dont les religieux accablent les humains ?
L’endoctrinement religieux des enfants est la source de tous les maux dont ils assurent la reconduction, et la perpétuation, génération après génération.
Et si tout cela doit être accepté, entériné, validé, alors, assimilé par le mental de tous les enfants du monde qui s’y seront trouvés piégés, alors tout cela a encore un très bel avenir.
Pourquoi, devant les dégâts monstrueux qu’engendrent ces faits d’endoctrinement ne comprend-on pas la nécessité d’y renoncer ?
Bien que cela ne fera pas tout, ne faudrait-il pas interdire l’endoctrinement religieux des enfants ?
Nos sociétés sont parvenues à instaurer des dispositifs qui parviennent à mieux protéger les enfants de la séduction sexuelle des adultes. Le mal que ces situations engendraient est l’équivalent de celui que produisent sur des millions d’enfant les manœuvres d’en endoctrinement religieux. Qu’attend-on pour en prendre la mesure et pour tenter d’endiguer le flot de malheurs qui s’attachent dans toute l’humanité, au poison et à l’intoxication religieuse ?
On peut se renseigner par là pour contribuer à cette demande : http://www.mesopinions.com/petition/politique/meilleure-protection-enfance-democratie/17916
Une seule option réaliste : abrogation du statut particulier d’Alsace Moselle (et par ailleurs des exceptions d’Outre-mer, comme celui de Guyane). Pas d’aménagements à la marge qui vont le prolonger pour on ne sait combien de temps. Puisqu’il y a des avantages sociaux attachés aux statuts pour des raison historiques liées aux luttes de la classe ouvrière allemande, ils doivent être étendus à tous les travailleurs français par principe d’harmonisation par le haut. Je pense que tous les travailleurs et les laïques (et non laïcs) s’y retrouveraient ! Ne croyant pas au sauveur suprême, ce n’est pas à l’élection bonapartiste de 2017 que la tâche peut être confié mais au peuple en marche…
Bonjour
Ne nous trompons pas : le régime social d’Alsace-Moselle n’est pas le résultat des luttes des travailleurs, mais de la politique sociale mise en oeuvre par… Bismarck en 1888.
Surtout, il faut savoir que ce fameux régime ne concerne que les travailleurs du privé (les fonctionnaires n’y ont pas accès), et qu’il n’est qu’un régime complémentaire obligatoire, qui plus est financé par les seules cotisations des salariés (les employeurs ne payent pas !), et équilibré par la modulation de celles-ci (gestionnaires : les représentants des syndicats). Total : les assurés payent plus cher, même s’ils sont mieux couverts.
En réalité, Alsaciens et Mosellans restent couverts à la base par le régime général de la sécurité sociale, et nul ne sait pour combien ils contribuent à son déficit (selon la Cour des comptes elle-même).
Charles Arambourou n’a pas bien lu mon commentaire ou le tronque volontairement. J’ai parlé des luttes des travailleurs allemands après la guerre de 1870. Ce système a perduré après la boucherie de 14-18 et le retour de ces départements dans la République française mais les lois républicaines comme la loi du 9 décembre 1905 n’ont pas été étendues à l’Alsace Moselle. Aujourd’hui, certains disent qu’on ne doit pas abroger le statut particulier mosellan pour ne pas toucher aux avantages sociaux hérités de Bismarck, arrachés, je persiste, par la lutte de classe, et auxquels tient la population. C’est un bien piètre prétexte. Ces habitants cotisent plus pour bénéficier d’un meilleur remboursement mais les autres salariés de France doivent avoir mutuelles ou assurances privées pour une bonne protection sociale et ni les unes ni les autres -surtout les autres – ne sont gérées par les travailleurs eux-mêmes ! Abrogation du statut d’Alsace Moselle et retour à la Sécu de 45 adossée uniquement sur le salaire différé et gérée par les représentants élus des salariés.
Pingback: Enseignement religieux en Alsace-Moselle : L&rs...